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Chelmno

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7.8. Témoignage d’un survivant, Michel Podchlebnik

Arrêté au début de janvier 1942 par les nazis, le bourrelier israélite polonais Michel Podchlebnik est un témoin privilégié puisqu'il est l'un 3 survivants de Chelmno. En effet, affecté aux corvées du fait de sa robustesse, il parvient miraculeusement à s'évader. Il décrit la façon dont sont massacrés les juifs à Chelmno. Ce témoignage recueilli par le juge d'instruction Bednarz le 9 juin 1945 à Kolo, montre le processus d'extermination.

« Nous sommes arrivés sur le terrain du parc près du château de Chelmno. Tout le terrain était entouré d'une clôture récemment construite en planches de 2,5 mètres à 3 mètres de hauteur. La clôture était très bien jointée, ce qui empêchait de voir ce qui se passait sur le terrain du château. Les portes furent ouvertes et nous arrivâmes devant le château. Un instant plus tard, une autre porte fut ouverte, notre auto pénétra dans la cour du château. Lorsque nous entrions, j'ai ouvert un peu la bâche et j'ai pu voir dans la cour un amas de vêtements usagés. Nous sommes descendus. Les SS ont alors ouvert l'entrée conduisant à la cave. Nous avons été comptés et enfermés dans la cave. Lorsque nous entrions, on nous frappait avec la crosse des fusils, en criant : « Plus vite, plus vite. »

« Tout le dimanche s'est passé sans événements et nous sommes restés sans rien faire, dans la cave. Un seau avait été placé pour nos besoins naturels, que l'un de notre groupe portait dehors sous forte escorte. Tout ce qu'il a pu apercevoir c'est que des postes de garde, très puissants, étaient placés partout. Il y avait beaucoup d'inscriptions dans la cave. Parmi ces inscriptions se détachait celle écrite en yiddish : « Celui qui arrive ici n'en sort pas vivant. » Nous n'avions plus d'illusion sur notre sort. Le lundi matin, trente juifs ont été envoyés pour faire des travaux en forêt, tandis que les dix restants, parmi lesquels je me trouvais, ont été laissés dans la cave. »

« La petite fenêtre de la cave était aveuglée au moyen de planches. De bonne heure, vers 8 heures du matin, une auto s'est arrêtée devant le château. J'ai entendu la voix d'un Allemand qui, s'adressant aux arrivants, disait : « Vous irez dans la région de l'Est, où il y a de grands terrains, pour y travailler, mais il faut seulement revêtir des vêtements propres, qui vous seront donnés, et aussi prendre un bain. » Des applaudissements saluèrent ces paroles. Un peu plus tard, nous entendîmes le bruit fait par des pieds nus sur le sol du couloir de la cave, près de celle ou nous avions été enfermés. Nous entendions les appels des Allemands: « Plus vite! Plus vite ! » J'ai alors compris qu'on les conduisait vers la cour intérieure. Au bout d'un moment, j'ai entendu le bruit de la fermeture de la portière de l'auto. On a commencé à pousser des cris et l'on frappait dans la paroi de l'auto. Puis j'ai entendu mettre l'auto en marche et six à sept minutes plus tard, lorsque les cris cessèrent, l'auto sortit de la cour. »

« C'est alors que l'on nous appela, nous autres les dix juifs travailleurs, en haut, dans une grande chambre où, par terre, en désordre, étaient jetés des vêtements d'hommes et de femmes, des manteaux, des chaussures ; on nous ordonna de mettre rapidement les vêtements et les chaussures dans une autre pièce où se trouvaient déjà beaucoup de vêtements et de chaussures. Nous jetions les chaussures sur un tas à part. Après que nous eûmes terminé ce travail, on nous a vite chassés vers la cave. Une autre auto se présenta et le tout se répéta comme auparavant. Cela a duré toute la journée. Pendant toute la journée, cette scène s'est répétée. »

« Le jour suivant, j'ai demandé à aller travailler dans la forêt. En sortant, j'ai pu remarquer, du côté de la cour, une grande auto dont le côté arrière était tourné vers le château. Les portes de l'auto étaient ouvertes et un marchepied était agencé pour en faciliter l'entrée. J'ai également pu remarquer la présence, sur le plancher de l'auto, d'un assemblage de planchettes ajourées, dans le genre de celles que l'on emploie dans les salles de bains. Les trente travailleurs, dont était formé notre groupe, ont été chargés sur un camion et sur un autobus et conduits dans la forêt située près de Chelmno. Trente SS formaient notre escorte. Une fosse avait été creusée dans la forêt, et c'est là que furent ensevelis en commun les Juifs que l'on venait de tuer. On nous a donné l'ordre de continuer à creuser la fosse et, dans ce but, on nous a distribué des pelles et des pics. »

« Vers 8 heures du matin arriva la première auto venant de Chelmno. Lorsque la porte en fut ouverte, une fumée noire à nuance blanchâtre s'en échappa avec force. Il nous était défendu, pendant ce temps, de nous approcher de l'auto et même de regarder dans la direction des portes que l'on venait d'ouvrir. J'ai pu remarquer qu'après avoir ouvert la porte les Allemands s'enfuyaient aussitôt avec rapidité. Je ne peux dire si les gaz provenant de l'intérieur de la voiture étaient des gaz de combustion du moteur de celle-ci ou bien des gaz d'une nature différente. Nous étions placés d'habitude à une distance telle que je n'ai pu en sentir l'odeur. On n'a pas fait usage de masques à gaz. Trois ou quatre minutes après, trois Juifs pénétraient dans l'auto. Ce sont eux qui déchargeaient les cadavres en les mettant par terre. Les cadavres dans l'auto gisaient sans ordre, les corps reposant les uns sur les autres, et ils occupaient une distance atteignant à peu près la moitié de la hauteur du véhicule. Certains mouraient en serrant dans leurs bras ceux qui leur étaient chers. L'aspect des corps était normal. Ils étaient encore chauds. Certains donnaient encore signe de vie et les SS les achevaient en tirant des coups de revolver le plus souvent dans la partie arrière de la tête. Deux juifs passaient à deux Ukrainiens les cadavres qui étaient revêtus de chemises. Des serviettes de toilette et des morceaux de savon étaient éparpillés dans l'auto, ce qui m'a confirmé dans la conviction qu'après s'être dévêtus les juifs recevaient des serviettes et du savon et qu'ils devaient soi-disant prendre un bain. »

« Les Ukrainiens arrachaient les dents aurifiées des hommes morts, ils arrachaient les petits sacs contenant de l'argent attaché au cou des cadavres, enlevaient les alliance, les montres, etc. Les cadavres étaient fouillés dans tous les recoins et l'on cherchait de l'or et des bijoux même dans les organes sexuels et dans le rectum. On n'employait pas à cet effet de gants de caoutchouc. Les bijoux et les objets de valeur étaient déposés dans des valises. Les SS ne participaient pas à la fouille des cadavres, mais ils observaient très attentivement les Ukrainiens pendant leur travail. Après la fouille, les cadavres étaient placés dans les fosses et le long de celles-ci, par couches superposées, la tête des uns touchant les pieds des autres, la tête tournée vers le sol; les cadavres conservaient le linge de corps. La fosse était de 6 mètres de profondeur, de 6 à 7 mètres de largeur. La première couche du bas contenait 4 à 5 personnes, tandis que celle du haut en contenait trente. Les cadavres étaient recouverts d'une couche de sable d'un mètre. Lorsque je travaillais, la fosse commune pouvait avoir près de 20 mètres de long. 1 000 personnes étaient inhumées par jour. »

Bednarz Ladislas : Le camp d’extermination de Chelmno sur le Ner
Traduction Française, Editions de l’Amitié Franco-polonaise 1955.


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