Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
2.2. La composition des Einsatzgruppen
Les Einsatzgruppen sont constitués de quatre unités paramilitaires créées avant l'invasion de l'Union Soviétique dans le but de « liquider » les Juifs, Tziganes, commissaires politiques du Parti communiste et résistants. Trois de ces groupes (Einsatzgruppe A, B, et C) sont rattachés aux groupes de l'armée qui participent à l'invasion, et le quatrième (Einsatzgruppe D) est envoyé en Ukraine sans être rattaché à un groupe armé. Tous opèrent dans les territoires occupés par le Troisième Reich sur le front Est.
Il y a approximativement 600 à 1 000 hommes dans chaque Einsatzgruppe, bien que beaucoup fassent partie du personnel de soutien. Les membres actifs des Einsatzgruppen proviennent de différentes organisations militaires ou non militaires du Troisième Reich. La majorité des membres appartient aux Waffen-SS, branche militaire des SS. Dans le groupe d'intervention A, par exemple, la répartition des membres actifs est la suivante :
- Waffen-SSÂ : 340Â ;
- Gestapo : 89 ;
- SD (service de sécurité) : 35 ;
- Police de l'ordre (Ordnungspolizei)Â : 133Â ;
- Kripo (Kriminalpolizei)Â : 41.
| Photo de famille des tueurs |
|
| La « race de demain » : tueurs des Einsatzgruppen en Pologne |
|
| Photo de famille des assassins… quelque part en Ukraine.. |
|
Chaque Einsatzgruppe est en outre divisé en sous unités opérationnelles, les « Einsatzkommandos » (commandos d'intervention) ou les « Sonderkommandos » (commandos spéciaux).
Côté allemand, les Einsatzgruppen ne sont pas les seules unités chargées de l’élimination des Juifs et des résistants communistes : peu avant l’invasion de l’URSS, Himmler créée trois hauts commandements régionaux des SS, les HSSPF ou « Höhere SS und Polizeiführer », qui sont ses représentants directs auxquels sont subordonnés les troupes de police, les troupes de SS et les Einsatzgruppen. Ces troupes spéciales, outre le maintien de la sécurité, ont deux missions principales : d’une part lutter contre les partisans, et d’autre part exécuter les fonctionnaires du parti communiste soviétique, les éléments radicaux et les « juifs occupant des positions dans le parti et l’Etat ». Ces trois commandements sont :
- En Russie du nord, le HSSP Obergruppenführer Hans Adolf Prützmann, (remplacé en novembre 1941 par Friedrich Jeckeln) qui a sous ses ordres le Régiment de Police Nord et la seconde brigade d’infanterie SS qui opère sur le front.
Himmler sur le front de l’est'> |
Hans Adolf Prützmann et Heinrich Himmler sur le front de l’est |
- En Russie Centrale le HSSP Obergruppenführer von dem Bach Zelewski qui a sous ses ordres le régiment de Police Russie Centre (Oberstleutnant der Schutzpolizei Max Montua) et la brigade de cavalerie SS commandée par Hermann Fegelein.
|
le HSSP Obergruppenführer von dem Bach Zelewski |
- En Russie sud le HSSP Friedrich Jeckeln (remplacé par Prützmann) qui a sous ses ordres le régiment de Police Russie Sud et la 1ère brigade de cavalerie SS commandée.
|
Friedrich Jeckeln : une carrière de tueur |
Les Einsatzgruppen sont enfin aidés : ils peuvent solliciter l'aide de la Wehrmacht, qui reste en général assez réticente mais met souvent à disposition des EG sa logistique… Ce sont surtout des troupes des milices locales des territoires conquis qui vont participer en nombre aux massacres. Il s’agit la plupart du temps d’auxiliaires lettons, lituaniens, estoniens et ukrainiens. L’antisémitisme est en effet virulent aussi bien dans les pays Baltes qu’en Ukraine… En Ukraine, les Einsatzgruppen acceptent volontiers la participation des milices locales à la fois parce qu'ils ont besoin de l'aide de ces auxiliaires mais aussi parce qu'ils espèrent impliquer les habitants du pays dans les pogroms qu'ils dirigent. (Rapport Opérationnel 81, de l'Einsatzkommando 6, 12 septembre 1941).
| Lituanie : Juifs battus à mort par des auxiliaires lituaniens. Juin 1941 |
|
| Lituanie : Juifs de Kovno emprisonnés avant leur exécution, 27 juillet 1941 |
|
| Kovno : à l'intérieur du Fort N°9, avant l'exécution |
|
Ainsi, à Babi-Yar, près de Kiev, où 33 771 Juifs sont assassinés les 20-30 septembre 1941, deux « Kommandos » ukrainiens assistent le Sonderkommando 4a. Pendant la «Gross Aktion» du 28-29 octobre 1941, à Kaunas en Lituanie, au cours de laquelle 9.200 Juifs sont massacrés, les milices lituaniennes travaillent avec les Einsatzgruppen. A Zhitomir en Ukraine, 3 145 Juifs sont assassinés le 18 septembre 1941 avec l'aide de la milice ukrainienne (Rapport Opérationnel 106) ; Le « Rapport Opérationnel 88 » rapporte que le 6 septembre 1941, 1 107 adultes juifs sont fusillés tandis que l'unité de la milice ukrainienne liquide 561 enfants et jeunes Juifs. Dans bien des cas, la milice qui assiste les Einsatzgruppen est payée avec l'argent et les objets de valeur volés aux victimes.
| Massacre quelque part en Ukraine en 1941-1942 |
|
| Lezno, Pologne 1939 : des Polonais viennent d’être exécutés par les Allemands des tous premiers Einsatzgruppen |
|
| Région de Tarnopol, Ukraine : excavation d'une fosse commune par les Soviétiques, 1944-1945 |
|
Articles connexes