La naissance de la France, Vè – IXè
2. Les Francs et la conquête de la Gaule : 481-781
Clovis : 481-511
Les Mérovingiens : 511 - 751
2.2. Les Mérovingiens : 511 - 751
2.2.1. La coutume du partage
Selon la coutume franque, le royaume, propriété personnelle du roi, doit être partagé entre tous ses fils. Aussi les 4 fils de Clovis se partagent ses possessions et l’histoire complexe des Mérovingiens n’est qu’une longue suite de guerres fratricides. La Gaule est divisée en 4 royaumes francs : Aquitaine, Bourgogne, Austrasie et Neustrie.
Le seul qui réussit à refaire l’unité politique sera Dagobert (629-639) grâce à l’œuvre de ses conseillers Eloi et Ouen et à son grand sens de la justice.
2.2.2. Le gouvernement
Les rois mérovingiens sont de véritables despotes, gouvernant selon leur bon plaisir. Ils vivent sur leurs grands domaines agricoles, n’ayant ni domicile fixe ni capitale. Ils possèdent une armée personnelle et gouvernent avec leurs domestiques qui sont aussi leurs conseillers : le chambrier (Trésor royal), le connétable (armée et écuries), le référendaire (lois) : à leur tête le « maire » du palais qui devient très rapidement un personnage très puissant.
Le roi nomme des comtes qui administrent les provinces (impôts, guerriers, justice). Mais le roi est mal obéi car il se heurte à l’opposition des comtes et des évêques et s’appauvrit en distribuant ses terres aux serviteurs, car il manque souvent d’argent pour les rétribuer.
2.2.3. La vie économique
Au VIè le grand commerce est actif mais appartient aux marchands juifs et syriens (épices, tissus, parfums échangés contres armes et bois). Les artisans produisent armes, pièces d’orfèvrerie, céramiques…
Au VIIè le commerce décline et disparaît à cause des conflits incessants, de la rareté de l’or et de la conquête arabe qui paralyse les communications en Méditerranée. La ruine du commerce entraîne celle des villes qui se dépeuplent au profit de la seule richesse d’alors : la terre.
2.2.4. La société mérovingienne
La société est divisée en classes très inégales :
- Les grands propriétaires terriens (aristocratie de comtes, évêques et abbés) sont riches et puissants dans leurs domaines, les villae ;
- Les colons, fermiers héréditaires ne pouvant quitter leur terre, cultivent les domaines des grands propriétaires ;
- Esclaves et affranchis vivent dans la misère.
2.2.5. Les moeurs
La Gaule sombre dans la violence : assassinats, pillages, tortures, viols… Les rois donnent l’exemple (Frédégonde, Brunehaut).
Les lois reflètent cette barbarie : pour connaître un coupable, on utilise la torture ou l’ordalie. Le coupable est puni de mort ou doit payer une somme d’argent, le « Wehrgeld » pour se racheter.
2.2.6. Arts et lettres
Arts et lettres sont en totale décadence : seuls les membres du clergé savent lire et écrire (Grégoire de Tours) et tentent de conserver les acquis du passé. On construit cependant beaucoup de petites églises et de baptistères (Baptistère saint Jean à Poitiers, crypte saint Paul de Jouarre et Saint Laurent à Grenoble). La sculpture est grossière et seule l’orfèvrerie, de tradition souvent barbare, a quelque valeur artistique.
2.2.7. Le rôle de l’Eglise
Au cœur de cette époque barbare, seule l’Eglise joue un rôle civilisateur et modérateur :
- Elle créé paroisses, hospices, écoles, lieux de culture et de création…
- Les moines bénédictins (Benoît, 480-542) installent les premières abbayes en Gaule, créant des centres économiques, fermes modèles, recopiant partiellement le savoir de l’Antiquité et préparant les bases de la magnifique culture romane des Xè et XIè siècles…
- Enfin l’Eglise effectue un énorme travail de conversion des païens ou des ariens, avec le mouvement monastique et avec les missionnaires itinérants venant d’Irlande (Colomban…)
2.2.8. La fin des Mérovingiens
Après la mort de Dagobert, c’est la décadence totale : c’est l’époque des « rois fainéants » qui peu à peu perdent toute autorité alors que le pouvoir réel passe aux mains des maires du palais dont les plus célèbres sont les « Pippinides ». L’un d’eux, Charles Martel (714-741) stoppe les raids arabes à Poitiers en 732 et gouverne le pays comme un véritable souverain : il met sur le trône Chilpéric II puis Thierry IV (721-737), des Mérovingiens, pour occuper l’apparence du pouvoir. A la mort de Thierry en 737, le trône reste vacant jusqu'en 743 : Charles veut habituer le peuple à oublier les Mérovingiens, mais se garde de commettre une usurpation qui avait coûté la vie à Grimoald, l’un de ses parents…
Charles Martel meurt en 741, et est remplacé dans ses fonctions par son fils, Pépin le Bref. Pépin place à son tour sur le trône Childéric III (743-751), puis le fait tonsurer en 751 (la longue chevelure était signe de royauté) avant de le faire enfermer dans un monastère où Childéric III meurt en 755. La 1ère dynastie des rois de France a vécu.