Le camp de concentration de Oranienbourg - Sachsenhausen
9.7. Les repas, par A. le Bihan
Témoignage d’Alex Le Bihan« La ration de pain oscille autour de 325 grammes. Il s'agit d'un pain chargé d'eau, lourd, à la mie compacte ; s'y ajoute le casse-croûte du commando : deux tranches de pain recouvertes d'un soupçon de margarine et d'un film de confiture rouge. Au réveil, on nous distribue un ersatz de café. En semaine, à midi, un demi-litre de soupe avec trois ou quatre pommes de terre non épluchées ou un litre de soupe sans pommes de terre. Dans le liquide nagent quelques morceaux de choux, rutabagas ou feuilles vertes, parfois du chou fermenté, avec du cumin. Quatre jours par semaine, le soir, c'est le même ersatz de café que le matin. En même temps que le pain, on perçoit un carré de margarine ou une rondelle de saucisson, à moins que ce soit une mince tranche de pâté mou et gélatineux. Les trois autres soirs, nous avons trois quarts de litre d'une soupe très claire, accompagnée de pain sec. »
« Le dimanche midi, la soupe est plus épaisse et contient quelquefois quelques grammes de viande. Pour les affamés que nous sommes, c'est un menu sensationnel, comme l'est ce que nous appelons la « soupe blanche » avec un genre de millet légèrement sucré. A certaine époque, on voit apparaître une soupe jaune à cause de la moutarde qu'elle contient et dans laquelle nagent quelques moules de conserve. A la suite du débarquement, en automne 1944, les rations diminuent progressivement, cependant que le casse-croûte des kommandos de travail a disparu depuis longtemps. Pour se partager à dix-sept deux pains de 1 500 grammes, chaque groupe se confectionne une balance rudimentaire. Coupées, équilibrées, les rations sont ensuite tirées au sort. »
« La faim, permanente, obsédante, conduit parfois au vol même les âmes les mieux trempées. Combien en ai-je vus de ces camarades avec lesquels j'avais vécu des heures atroces à Compiègne, lors de ces redoutables rendez-vous avec la mort, le vendredi, jour où l'on venait chercher les otages à fusiller, avec lesquels j'avais connu ce transport vers Sachsenhausen, puis la quarantaine, et qui, dans le camp, parce que la faim les torturait, se sont dégradés, ont sombré dans la servilité ? Et pourtant ils auraient affronté courageusement le peloton d'exécution... »
In Jean BEZAUT, Orianenbourg-Sachsenhausen, s.d., ronéotypé. CDJC.
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