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Le camp de concentration de Oranienbourg - Sachsenhausen

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9.2. La vie quotidienne, par Sachso

L’arrivée : dès leur arrivée, ils entrent dans un univers étrange, que décrivent les témoins de Sachso :

« Sous les faisceaux des projecteurs un spectacle hallucinant frappe l'imagination de Couradeau : « Nous sommes dans un décor fantastique, irréel, effrayant, qui jette la désespérance dans nos cœurs. Une place immense de plus de 400 mètres de périmètre ; des baraquements dont les pignons s'ornent de mots en lettres gothiques ; des murs flanqués de miradors d'où la sentinelle surveille, le doigt sur la gâchette ; des barbelés électriques, des chevaux de frise, des panneaux significatifs agrémentés de têtes de mort et de tibias, marquant la limite à ne pas franchir sous peine de mort. » André Besson, André Franquet et bon nombre des entrants du 25 janvier 1943 s'interrogent sur la présence près de la porte d'entrée de cet homme au crâne rasé, à demi-nu, pétrifié de froid, les bras en croix avec un rutabaga dans chaque main. Ils ne peuvent imaginer qu'il va mourir, condamné pour un larcin insignifiant. »

Le réveil

« Le réveil à 3 heures 30 l’été et 4 heures 30 l’hiver, signalé par le tintement de la cloche, c’est d’abord, chaque matin, la prise de conscience brutale de la réalité du camp et le début d’une longue et douloureuse journée qui porte ses menaces dès la première minute. Le préposé au dortoir entre en hurlant, tire les couvertures et manie la trique avec vigueur. Vite, vite, debout, fais ton lit au carré, sans un pli. Dix fois, vingt fois, au gré de ton tortionnaire il faudra recommencer. Vite, vite torse nu, ta serviettes sous le bras, précipite toi au lavabo. A la porte t’attend un autre préposé, toujours avec le trique. Vite, vite essaie de faire une vague toilette, la tête sus le robinet; à la sortie, on t’attend, courbe l’échine sous les coups qui pleuvent; vite, vite, remets tes loques, enfile tes claquettes. Vite, vite prends ta place au réfectoire, avale ton jus de gland, cet ersatz nommé café. Dévore ta portion de pain noir, nauséabond et chargé d’eau. Surtout, ne le perds pas un instant du regard, sinon il va disparaître, se volatiliser. Et c’est très long et très dur une journée sans pain. »

L'appel.

« Très puissant, un immense projecteur s'allume au sommet du mirador de la porte d'entrée et vient découper un rond lumineux au centre de la place. Le commandant paraît. Ces bandits ont le sens, le génie du grandiose. Cette place tout illuminée, ces 20.000 détenus alignés dans un silence religieux et ce commandant qui s'avance, rigide, sanglé dans son uniforme, qui s'arrête et se dresse dans son auréole de lumière, tout comme un dieu, c'est un spectacle absolument hallucinant. Les chefs de Block rejoignent au pas de course l'allée centrale, tablettes en main, et s'alignent suivant un ordre immuable. Le commandant fait un signe ; l'appel commence. Block après Block, le Rapportführer pointe sur un tableau. Une cinquantaine de Blocks, 20.000 détenus, jamais d'erreur. Le commandant se retire. En s'en allant, il emporte son soleil. Les lumières s'éteignent. »

Les Français

« Les Tchèques et les Polonais qui avaient naguère confiance en la France, leur alliée, se sont sentis abandonnés et trahis en septembre 1939 avec la « drôle de guerre ». Les Russes jugent sans complaisance la France qui s'est, estiment-ils, retournée contre eux dans l'été 1939 et voulait les faire se battre seuls contre l'Allemagne. Jusqu'aux républicains espagnols, dont certains ne cachent pas leur ressentiment en rappelant qu'avant d'aboutir à Sachsenhausen, c'est chez nous qu'ils ont connu leurs premiers camps après une défaite que la France n'avait rien fait pour leur éviter. Ainsi notre pays est-il considéré par beaucoup comme le pays de la lâcheté et de la trahison. Cette appréciation, chaque jour entendue, est une grande souffrance morale pour les Français. »
Amicale d’Orianenburg – Sachsenhausen Sachso, Paris, Minuit 1982.


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