L’Alsace gothique
3.2. Architecture religieuse
Le XIIè siècle : Le gothique primitif
L'art des Grandes Cathédrales : 1190-1230
Le Gothique rayonnant : 1230-1350
Le Gothique flamboyant : 1350-1550
Formes locales
3.2.2. L'art des Grandes Cathédrales : 1190-1230
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Chartres : cathédrale Notre Dame, la nef |
Le Gothique Classique correspond à la phase de maturation et d'équilibre des formes (fin XIIé-1230 environ). On construit alors toutes les grandes cathédrales. Le rythme et la décoration se simplifient. En réalité, on privilégie le colossal au détriment du raffinement ; l'élan vertical est de plus en plus prononcé. L'architecture s'uniformise : on abandonne l'idée de principe de piles alternées très marqué à Sens. De même, on commence à connaître le nom des architectes, notamment grâce aux labyrinthes (Reims). Le travail se rationalise, la pierre se standardise.
Le prototype est Chartres, projet ambitieux avec une élévation à trois niveaux rendu possible grâce au perfectionnement dans le contrebutement. La mise au point des arcs-boutants permet de supprimer les tribunes qui jusqu'alors jouait ce rôle.
Ainsi naissent des édifices plus vastes en longueur, (Paris, 127m ; Chartres, 130m ; Reims, 138m ; Amiens, 145m), et en hauteur (Paris, 34m ; Chartres, 35m ; Reims, 38m ; Amiens, 44m ; Beauvais, 47m).
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Reims : la cathédrale saint Remy |
Quant à la sculpture, elle devient florale et froide, se noyant dans les hauteurs, sur les chapiteaux. On perd ainsi l'infinie variété des sculptures sur chapiteaux de l'art roman. A l'intérieur, les sculptures deviennent plus rares (revers de la façade de Reims, ou mur bas formant la clôture du choeur), mais cette rareté est compensée par la richesse des sculptures aux portails. Le portail gothique prend sa forme définitive à la cathédrale de Senlis vers 1185.
Les statues ornent voussures, piédroits, archivolte, trumeaux... Elles évoquent les vérités éternelles et expriment la vie. Cette sculpture atteint son plein épanouissement aux portails des croisillons de Chartres (1205-1240), à la porte de la Vierge de Notre Dame de Paris (1210-1220), aux façades d'Amiens (1125-1236), Bourges, Reims. La façade de la cathédrale est une vraie « Encyclopédie en images » qui exprime la Rédemption, le jugement dernier, le Règne de Dieu et l'Histoire des Hommes. Elle est un miroir des croyances du temps et des connaissances du Moyen Âge gothique.
A coté de la statuaire et comme elle, la sculpture ornementale s'inspire de la nature et imite les plantes des prés et des bois.
Les autres pays d'Europe commencent à s'intéresser à cette nouvelle forme architecturale (Canterbury, Salisbury, ...).
| Chartres : cathédrale Notre Dame, la nef |
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| Chartres : cathédrale Notre Dame, voûtes de la nef |
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| Chartres: cathédrale Notre Dame : portail central du transept nord.1194-1220 |
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| Chartres: cathédrale Notre Dame : vitrail du transept nord : mort et glorification de la Vierge. La rose |
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| Reims : la grande rose |
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| Amiens, la cathédrale. La voûte du chœur |
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| Amiens, la cathédrale. Représentation de la façade occidentale |
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| Bourges : la cathédrale Saint Etienne. Sculptures du portail |
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| Paris, Notre Dame : portail du Jugement |
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| Paris, Notre Dame : portail du Jugement : tympan et voussures |
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| Cathédrale de Canterbury : la croisée du transept |
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| Salisbury : la cathédrale : la nef |
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3.2.2.1. Caractères généraux
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Plan de la cathédrale de Chartres, vers 1195 |
Dans le plan : C'est celui des grands édifices romans, mais avec une importance accrue donnée au choeur (Amiens surtout). Le choeur possède des bas-côtés doubles et se pare de chapelles rayonnantes : 5 à Chartres et Reims, 7 à Amiens, Clermont Ferrand, Narbonne, 11 à Orléans (ancienne cathédrale), 13 au Mans.
Dans l'ordonnance intérieure : Trois étages seulement : arcade, triforium, fenêtres hautes. Il n'y a plus de tribunes. Les colonnes sont complexes. Les fenêtres sont de plus en plus larges (Surtout à Chartres) car les vides l'emportent sur les pleins. La partie supérieure de la façade est ajourée d'une immense verrière ronde. La voûte est quadripartite (sauf en Bourgogne où elle est sexpartite). Les voûtes sont de plus en plus hautes : elles atteignent 48m à Beauvais. Le système de contrebutement est de plus en plus apparent (Saint Urbain de Troyes), les contreforts s'ornent de pinacles qui se transforment en niches pour statues (Reims), les clochers se multiplient (7 à Laon, 9 à Chartres). La nef s'allonge de 120m (Bourges) à 145m (Amiens).
| Noyon, cathédrale Notre Dame : élévation de la nef |
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| Carcassonne : la cathédrale saint Nazaire. La croisée |
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| Troyes, basilique saint Urbain |
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3.2.2.2. Les grandes cathédrales
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Chartres : Consacrée le 17 octobre 1260 après deux incendies. Le chevet est bâti sur l'ancienne crypte de 1194. Les voûtes sont terminées en 1220, les portails en 1240 et le porche en 1250. Chartres influencera le choeur de la cathédrale de Soissons.
| Chartres: cathédrale Notre Dame : le Portail royal |
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Reims : La cathédrale saint Remy, commencée en 1210, en remplace deux antérieures, mérovingienne et carolingienne. Elle réunit les caractéristiques de l'art gothique classique du XIIIè. Architectes : Jean d'Orbais, Jean le Loup, Gaucher, Bernard de Soissons. Elle est achevée en 1250.
| Reims : la cathédrale saint Remy |
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| Reims : la cathédrale saint Remy. Groupe de la visitation du portail central. « L’ange du sourire |
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Amiens : Travaux commencés en 1250. Incendiée en 1258 elle fut reconstruite en partie dans le style rayonnant. Architectes : Robert de Luzarches, Thomas et Renaud de Cormont. Amiens influence les chevets de Beauvais, Cologne, Tours, Troyes, Anvers, Limoges, Narbonne, Clermont, Rodez, Toulouse, Gérone, Barcelone.
| Amiens, la cathédrale. Nef centrale et collatéral |
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En Normandie : L'influence de l'Ile de France se conjugue avec celle de la Bourgogne, tout en respectant les particularités locales : tour - lanterne carrée à la croisée, tracé aigu des arcs, moulurations profondes. Ainsi Lisieux (1170-1235), Bayeux (1235), Coutances (1218-1274) qui inspirera Le Mans (1254) et Tolède.
| Bayeux : la cathédrale saine Marie |
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| Cathédrale Notre Dame de Coutances. Vue générale |
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| Le Mans : cathédrale saint Julien |
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L'architecture monastique bénédictine est importante dans les nouvelles constructions : Mortemer, Savigny, église de la Trinité de Fécamp (1187, 150m de long), Saint Ouen de Rouen (1339) déjà flamboyante, et le Mont Saint Michel (1211-1228). Au XIVè, le régionalisme normand disparaît pour réapparaître au XVè dans le flamboyant rouennais d'influence anglaise.
| Abbaye de Mortemer. Vestiges de l’abbatiale cistercienne fondée en 1134 |
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| Rouen : saint Ouen. Vue du chevet |
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| Le Mont Saint Michel : vue générale de l’abbaye |
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Dans le Midi : Les cathédrales s'inspirent de celle du Nord : Clermont, Narbonne, Rodez s'inspirent d'Amiens grâce à l'architecte Jean Deschamps. Bayonne a des rapports avec Reims et Soissons ; Toulouse, Bordeaux et St Nazaire de Carcassonne (Choeur) sont aussi d'influence septentrionale. Mais le style méridional créé aussi le type d'église en briques à nef unique (Cathédrale d'Albi) ou à double nef (Les Jacobins de Toulouse), style qui passera en Espagne.
| La cathédrale Notre Dame de Clermont Ferrant. Façade occidentale |
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| Albi, cathédrale sainte Cécile. Vue générale extérieure |
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| Bayonne: la cathédrale saine Marie vue du cloître |
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| Bordeaux : la cathédrale saint André. Vue générale |
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La Bourgogne du XIIIè : Elle garde les voûtes sexpartites sur la nef et les supports cylindriques simples : Dijon (1230-1252), Braine, Saint Père sous Vézelay, Semur en Auxois.
| Saint Père sous Vézelay. Eglise Notre Dame |
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| Braine dans l’Aisne : abbatiale saint Yved. Vue générale |
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| Dijon : la cathédrale sainte Bénigne, ancienne église abbatiale. L’église gothique est construite à partir de 1280 |
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| Semur en Auxois. Collégiale Notre Dame. La façade |
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Articles connexes