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L’art en France entre 1850 et 1900
1. Histoire et culture Histoire
Culture
1.2. CultureL'effort de Victor Duruy, ministre de l’instruction publique de 1863 à 1869 puis les lois rendant l'instruction publique obligatoire ouvrent la culture aux classes sociales les plus défavorisées. 1.2.1. LittératureLa littérature se répand par les revues (Artiste, Revue de Paris. Revue des Deux Mondes) et par la presse (« le Temps » est fondé en 1861). En poésie, la tendance de « l'art pour l'art », en opposition avec l'individualisme et l'« art utile » des romantiques, prend pour chef de file Théophile Gautier (« Émaux et Camées », 1852), Théodore de Banville (1823-1891) dans ses « Odes funambulesques » (1857), Louis Ménard (1822-1901), Louis Bouilhet (1821-1869), l'ami de Flaubert, précèdent Leconte de Lisle (1818-1894), dont l'art rigoureux, la pensée formée par la Grèce et marquée par l'hindouisme (« Poèmes antiques », « Poèmes barbares ») dominent le groupe parnassien. Le Parnasse se manifeste en 1866 avec Albert Glatigny (1839-1873), Léon Dierx (1838-1912), Sully Prudhomme (1839-1907), François Coppée (1842-1908) et s'achève sur les « Trophées » (1893) de José-Maria de Heredia (1842-1905).
 | Nadar : portrait de Théophile Gautier. 1856 |
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 | Louis Duveau : Frontispice du recueil des « poésies nouvelles, poèmes antiques » de Lecomte de Lisle. Eau-forte dessinée et gravée. Poulet-Malassis et de Broise, imprimeurs-libraires-éditeurs, 185 |
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 | Paul Emile Chabas (1869-1937) : portrait de José-Maria de Heredia. Huile sur toile. Versailles, châteaux de Versailles et de Triano |
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Indépendant et génial, Charles Baudelaire (1821-1867) fait passer un « frisson nouveau » dans la littérature (Fleurs du mal, 1857) et propose une esthétique moderne (Salon de 1845-1846) très en avance sur les idées de sa génération. Passionné d'Edgar Allan Poe pour son sens du bizarre, de Delacroix qui forme sa pensée esthétique, de Wagner, il lance la poésie dans une voie nouvelle, celle du symbolisme. Sous sa forme littéraire, cette esthétique du fluide, du mouvant, fait appel aux ressorts inconnus et incommunicables de l'esprit et plonge aux sources intérieures où naissent les images. Le mouvement débute en 1886 avec Paul Verlaine (1844-1896), inventeur de rythmes poétiques, Arthur Rimbaud (1851-1891), précoce et satanique créateur de rêves (« Les Illuminations » 1886), Stéphane Mallarmé (1842-1898), hermétique et raffiné, qui veut une poésie uniquement musicale, Lautréamont (Isidore Lucien Ducasse, 1846-1870) auteur des « Chants de Maldoror », Tristan Corbière (1845-1875), Charles Cros (1842-1888), Albert Samain (1858-1900), Francis Vielé-Griffin (1864-1937), Charles Morice (1861-1919), G. Kahn, Stuart Merrill, Jules Laforgue (1860-1887), poète exquis qui a sur l'impressionnisme des vues très profondes… Henri de Régnier (1864-1936) et Jean Moréas (1856-1910) reviennent à des formes plus classiques : plus ou moins symbolistes ils montrent l'importance de la réaction contre le positivisme scientifique et le matérialisme.
 | Portrait de Charles Baudelaire.Montpellier, Musée Fabre |
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 | Henri Fantin-Latour : coin de table. 1872. Huile sur toile. Paris, Musée d’Orsay. de gauche à droite : Verlaine, Rimbaud, Elzéar, Blémont, Valade, Aicard, D´Hervilly et Pelletan |
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 | Edouard Manet : portrait de Stéphane Mallarmé. 1876. Huile sur toile. Paris, Musée d'Orsa |
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 | Jules Laforgue : étude sur Tristan Corbière. Eau forte. Frontispice des « Amours jaunes » |
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En Provence naît un mouvement littéraire local, le Félibrige (1854), dont Frédéric Mistral (Mireille, « 1859 ») est le fleuron.
 | Jean Barnabé Amy (1839-1907) : Frédéric Mistral. Bronze |
1.2.2. Le positivisme et le réalismeLe positivisme d'Auguste Comte (1798-1957) et du savant Emile Littré (1801-1881) impressionne, à la génération suivante, Ernest Renan (1823-1892), linguiste et savant, historien religieux (« Histoire des origines du christianisme », « Vie de Jésus », 1863), esprit réaliste qui refuse le surnaturel mais en est obsédé, et Hippolyte Taine (1828-1893), dont l'influence sera immense par son intelligence lucide, ses connaissances encyclopédiques en philosophe (« De l'intelligence »), en histoire (« Origines de la France contemporaine »), en histoire de l'art (« Philosophie de l'art »,1882) : l’œuvre d'art est pour lui le produit d'un temps et d'un milieu.
 | Portrait d’Auguste Comte |
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 | André Gill (1840-1885) : Ernest Renan. Caricature de « La Lune », 5 novembre 1867 |
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 | Hippolyte Taine |
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L'esprit positiviste triomphe dans la méthode historique avec Numa Denis Fustel de Coulanges (« La cité antique », 1864), mais c'est surtout le roman qui fait le succès du réalisme avec notamment Champfleury, l'ami de Courbet (« Manifeste réaliste », 1857), Ernest Feydeau (1821-1873), F. Fabre et surtout Gustave Flaubert (1821-1880) dont la Madame Bovary (1856) renouvelle le roman. Edmond et Jules de Goncourt, mémorialistes qui lancent le goût dit Japon et du XVIIIè, le peintre Eugène Fromentin (Dominique, 1863), Jules Barbey d'Aurevilly, Octave Feuillet, Arthur de Gobineau, théoricien du racisme, sont les romanciers les plus célèbres avant Zola. Le naturalisme d'Emile Zola (1840-1902), théoricien du « roman expérimental », ami des impressionnistes, le réalisme brutal de Guy de Maupassant (1850-1893), le sens poétique d’Alphonse Daudet (1840-1897), la personnalité de Joris Karl Huysmans (1848-1907), Octave Mirbeau, les Rosny, P. Adam, le psychologue Paul Bourget (« le Disciple », 1889), le voltairien Anatole France (1844-1924), Pierre Loti, Elémir Bourges donnent au roman un éclat unique. Auteurs sérieux sont Emile Augier, Alexandre Dumas fils, Victorien Sardou, Henri Becque, F. de Curel, H. Lave, G. de Porto-Riche, Jean Richepin, alors que les auteurs comiques et d'opérettes, Labiche, Meilhac et Halévy font un théâtre sans qualités profondes, mais qui a grand succès.
 | Portrait de l’historien Numa Denis Fustel de Coulanges |
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 | Eugène Giraud (1806-1888) : Portrait de Gustave Flaubert. 1867. Huile sur toile, 56 x 46cm. Musée du château de Versaille |
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 | Portrait des frères Jules et Edmond Goncourt |
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 | Emile Lévy : portrait de Jules Barbey d'Aurevilly. 1882 |
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 | Edouard Manet : portrait d’Emile Zola. Paris, Musée du Louvre |
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 | Portrait de Guy de Maupassant |
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 | Portrait d’Alphonse Daudet |
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 | Portrait de Joris Karl Huysmans |
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1.2.3. Critique d’artLa critique d'art est brillante après Baudelaire. Théophile Thoré-Bürger, le « découvreur » de Vermeer, conseille le « retour à la vérité naturelle », prône Théodor Rousseau et Delacroix. Jules Champfleury (1821-1889), Duranty, Max Buchon, Castagnary partagent la passion du réalisme incarné en Courbet. Proudhon, théoricien du socialisme dans son livre « Du principe de l'art et de sa destination sociale » (1865), s'inspire des idées de Courbet. Eugène Fromentin (1820-1876), bon peintre par ailleurs, dans ses « Maîtres d'autrefois » (1876), fait une bonne analyse esthétique et historique. Burty (1830-1890) et Duranty (1833-1880) sont avec Zola les défenseurs de l'impressionnisme.
 | Caricature de Jules Adeline Champfleur |
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 | Eugène Fromentin : rue Bab el-Gharbi à Laghouat. 1859. Huile sur toile, 142 x 103 cm. Douai, Musée de la Chartreus |
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1.2.4. La philosophieLa philosophie se développe parallèlement à l'éclatant mouvement scientifique qui envisage la science par rapport à l'homme : louis Pasteur (1822-1895), Marcellin Berthelot (1827-1907), Claude Bernard (1813-1878), auteur de l'introduction à la médecine expérimentale, Henri Poincaré (1856-1912), génial philosophe des sciences. Après le positivisme, l'apport de Taine et de Renan, un renouveau du kantisme (Ch. Renouvier), naît un intérêt nouveau pour la métaphysique (F. Ravaisson. E Boutroux), dont témoigne la fondation de la « Revue de Métaphysique et de Morale » (1890). La psychologie expérimentale se développe grâce à Th. Ribot, P. Janet, G. Dumas. Lucien Lévy-Bruhl et Emile Durkheim établissent une sociologie nouvelle. Mais c'est Henri Bergson (1859-1941) qui devait renouveler complètement la philosophie (« Essai sur les données immédiates de la conscience », 1888 ; « Matière et Mémoire », 1896 ; « l'Evolution créatrice », 1907 ; « l'Energie spirituelle », « les Deux Sources de la morale et de la religion ») et créer un spiritualisme moderne.
 | Portrait de Henri Poincaré |
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 | Portrait de Henri Bergson |
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1.2.5. MusiqueLa musique trouve un rénovateur en Hector Berlioz, mais le public lui préfère Ambroise Thomas (1811-1896 : Mignon, Hamlet) et le style « italo – meyerbérien », qui fait le succès de Charles Gounod (1818-1893 : Faust, Roméo et Juliette, Mireille) La « Carmen » de Georges Bizet (1838-1875), créée à l'Opéra Comique en 1875, ouvre une ère nouvelle dans le théâtre lyrique français. Guiraud, Léo Delibes, Camille Saint-Saëns (1835-1921), dont la production est énorme, Edouard Lalo (1823-1892), Emmanuel Chabrier (1841-1894), l'ami de Manet, dont l’influence est grande, sont les principaux artisans d'un style vivant, coloré, souvent marqué par Wagner.
 | Émile Signol : portrait d’Hector Berlioz. 1832. Huile sur toile, 47 x 37 cm. Rome, Académie de France |
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 | A. Rossi : Camille Saint-Saëns en 1903 |
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 | Georges Bizet |
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 | Charles Gounod |
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Jules Massenet, A. Messager, A. Bruneau, Gustave Charpentier (1860-1956 : Louise) sont les plus célèbres des représentants du réalisme parallèle au « vérisme » italien. L'opéra bouffe, devenu opérette, triomphe sous le second Empire avec l'art léger, souvent spirituel, de Hervé, Jacques Offenbach, Ch. Lecocq, Cl. Audran.
 | Jules Massenet |
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 | Jacques Offenbach (1819-1880) |
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Dans le domaine de la musique instrumentale et symphonique, le Belge César Franck (1822-1890) joue, par son enseignement, par l'influence de son style, par la « Société nationale de musique » fondée en 1871, un rôle majeur dans l'évolution de la symphonie. Henri Duparc, Ernest Chausson, Pierre de Bréville, Guillaume Lekeu (1870-1894), Gabriel Pierné et surtout Vincent d’Indy (1851-1931), fondateur avec Ch. Bordes de la « Schola Cantorum » (1896), sont ses élèves. Gabriel Fauré (1845-1924), doué d'un sens mélodique raffiné et original, inaugure la musique française moderne.
 | César Frank aux orgues de sainte Clotilde |
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 | Vincent d’Ind |
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 | Paul Mathey : Portrait de Gabriel Faur |
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