Le classicisme officiel est exposé par Quatremère de Quincy dans son « Essai sur l'idéal ». Ni l'abbé Delille, ni Fontanes, grand maître de l'Université de Napoléon, ni Ducis, ni N. Lemercier, ni les idéologues, froids condillaciens, ne représentent la pensée française, mais deux méconnus, psychologues très en avance sur leur temps, Benjamin Constant (1767-1830) et le philosophe de la volonté Maine de Biran (1766-1824). Mme de Staël, ennemie de Napoléon, fait connaître la culture allemande (« De l'Allemagne », 1810) en même temps que les émigrés introduisent la pensée germanique (bibliothèque germanique, cours de littérature dramatique de Schlegel traduit en 1813) ou anglaise (Chateaubriand). Le « Génie du christianisme » avec « Atala » (1801) libère le romantisme, et « René » (1804) déchaîne le mal du siècle, la même année que l'« Obermann » d’Etienne Pivert de Senancour (1770-1846). La Restauration propose un retour vers l'idéal du Moyen Âge chrétien (sacre de Charles X à Reims en 1825, dernière exaltation du sentiment monarchique). L'éclectisme spiritualiste de Victor Cousin se veut parallèle au mouvement de restauration en politique et déclare que « l'âme de l'humanité est une âme poétique ».
| Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy 1755-1849 par Bonneville |
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| Benjamin Constant de Rebecque |
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| Anne-Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, « Madame de Staël » par François Gérard |
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| Victor Cousin (1792-1867). Gravure de Charpentier A. Aubert, d’après un portrait de François Séraphin Delpech. Vers 1820 |
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Le romantisme est le triomphe de la poésie : V. Hugo (1802-1885), le chef de l'école, « écho sonore » de l'époque, est le plus grand lyrique de la poésie française avec Lamartine, Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Gérard de Nerval. La même exaltation de la forme et de l'imagination se retrouve dans le théâtre. Le drame tente tous les grands écrivains : Hugo, Vigny sont hantés par Shakespeare et la bataille d'Hernani (1830) est un véritable symbole. Le mélodrame populaire comme le roman d'imagination (A. Dupas et le roman historique, Eugène Sue et le succès du feuilleton) sont la démocratisation de la tragédie et du roman.
| Victor Hugo et son fils |
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| Victor Hugo et son fils |
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| Alfred de Vigny âgé de 17 ans, en uniforme de la Maison du Roi, par F.J. Kinston |
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| Alfred de Musset par Charles Landelle |
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| Eugène Sue par François G.G. Lepaule. Paris, musée Carnavalet |
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Le roman, domaine du rêve et de l'expression des passions, triomphe avec deux génies : Stendhal (1783-1842) et Honoré de Balzac (1799-1850). L'histoire, élan du sentiment national, consolation des revers militaires, voire refuge de l'imagination, triomphe. Mais en même temps, elle se forge une méthode qui deviendra scientifique, une fois finis les égarements romantiques, notamment avec la fondation de l'Ecole des chartes en 1827. François Guizot (1787-1874), Augustin Thierry (1795-1856) équilibrent érudition et imagination, ce que ne fait pas Michelet (1798-1874), disciple de Vico, lyrique emporté par des passions (Histoire de France). Alexis de Tocqueville (1805-1859) est doué d'un sens politique génial. L'utopique Saint-Simon veut édifier une religion de l'humanité dont les savants seraient les prêtres. Le rêve de phalanstère de Charles Fourier touchera George Sand et Zola ; Louis Blanc et surtout Pierre Joseph Proudhon (1809-1865) prônent le socialisme.
| Honoré de Balzac |
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| Honoré de Balzac |
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| François Guizot |
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| Jules Michelet |
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| Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau (1850) |
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| Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825) |
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| Charles Fourier |
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| Pierre Joseph Proudhon (1809-1865 |
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