L’idéologie de Hitler
5. Le parti et l’Etat
Le parti
L’état
Le « Führerprinzip »
Le système administratif de l’Etat
Les lieux de décision
5.4. Le système administratif de l’Etat
Soumis aus volontés et aux ordres du « Führer », l’imposant système administratif nazi, traversé de monstrueuses luttes intestines entre les hauts responsables, administre au jour le jour les affaires du régime. Mais la machine administrative ne débouchera pas sur une « polycratie » dévorant peu à peu l'organe central du pouvoir : celui-ci, le Führer, ne cessera de se renforcer jusqu'à atteindre son point limite : la chute et la destruction généralisée. La conviction absolue que Hitler incarnait la nation allemande a été partagée jusqu'au bout par le peuple, au point que les officiers désespérés de l'attentat du 20/6/44 étaient déchirés par le sentiment qu'en trahissant Hitler ils trahissaient l'Allemagne.
« Il faut prendre soin que ce soit seulement un noyau qui conduise le mouvement, c'est-à -dire entreprenne, en tant que détenteur de la puissance, les actes indispensables pour la réalisation pratique de l'idée... et ceci jusqu'à ce que les principes actuels et les enseignements du parti soient devenus le fondement et l'essence même du nouvel Etat. C'est alors seulement que la constitution propre de cet Etat, issue de l'esprit du parti, pourra s'élaborer librement, au prix d'une lutte intestine. En effet, il s'agit moins de points de vue proprement humains que du libre jeu et de l'action de forces, sans doute prévisibles, mais d'un effet difficilement contrôlable pour l'avenir. »Mein Kampf - Adolf Hitler
Hitler laisse faire les idéologues « extrémistes » comme Streicher, Rosenberg ou Goebbels, et lorsqu’il le juge utile, « siffle la fin de la récréation » et il donne un coup d'arrêt : ainsi après La nuit de cristal il met fin à la politique juive « de pogrom » de Goebbels ; ainsi il met en avant la SS qui peu a peu coiffe Rosenberg pour les « Territoires de l'est » ... le tout pendant que l'administration mène patiemment son travail de fond).
Tout au long de sa carrière politique, et dès le départ, Hitler n'admet qu'une radicalité, la sienne, et se méfie terriblement de ceux qui ont des velléités de production idéologique autonome : ils sont tous éliminés. Il privilégie la compétence sur la rigueur doctrinale, la compétence étant en l'occurrence l'expertise technique et la fidélité sans faille à sa personne. La SS du « treue Heinrich » (le « fidèle Heinrich ») devient rapidement l'outil rêvé d'une telle radicalité. Ses prétentions idéologiques sur la question Juive sont en fait des plus limitées, car sur le plan doctrinal, la SS s’attache surtout à un aspects précis de la pensée de Hitler, celle du « surhomme », en construisant méthodiquement le « négatif » de son « idéal » d'humanité, celle du « sous-homme ». Mais ce qui intéresse Hitler, ce n'est pas les ridicules prétentions de la SS à un retour à une germanité mythique, mais son obéissance aveugle et surtout le dispositif de destruction qu'elle gère de main de maître et dans lequel il voit le cadre propice à la réalisation de ses projets les plus radicaux.
Ainsi l'organisation au service du pouvoir nazi, administration d'Etat ou organe du parti est effectivement multiforme, proliférante et agitée à extrême. Il s'agit d'une « diabolique dialectique d'accouchement du pire » (Decrop)
« Il faut qu'on comprenne qu'il se passera nécessairement un temps assez long avant qu'un peuple ait complètement compris les intentions secrètes de son gouvernement, parce que celui-ci ne peut donner d'éclaircissements sur les buts finaux du travail de préparation politique auquel il se livre et doit compter ou bien sur la confiance aveugle ou bien sur l'intuition des classes dirigeantes intellectuellement plus développées. »Mein Kampf - Adolf Hitler