L’idéologie de Hitler
1.2. L’expérience de la défaite
L'expérience de la défaite de 1918 a agit sur Hitler, alors en convalescence suite à une blessure, comme un véritable traumatisme et est fondamentale dans son cheminement : la défaite lui apparaît immédiatement comme le produit d'une trahison de l'arrière, dont le révolution allemande de novembre 1918, fomentée par l’internationale bolchevique juive, est le symbole. Il en acquiert la conviction qu'il faut regagner les ouvriers à la nation et que les classes dirigeantes ont fait faillite.
Il en déduit d’autre part les principes stratégiques qui vont le guider : la sagesse aurait demandé à l'Allemagne de se concilier l'Angleterre et l'Italie en 1914, en complément de l'alliance d'une Autriche-Hongrie déjà moribonde. Il faudra désormais cette alliance à la Nouvelle Allemagne. De même qu'il lui faudra d'abord abattre l'ennemie héréditaire, la France, avant de se retourner contre la Russie à l'Est, pour la conquête de l'espace vital. Et surtout éviter une guerre sur deux fronts dont l'issue lui paraît fatale.
Hitler est convaincu que la faiblesse du Reich de 1914 venait des considération humanitaires criminelles du gouvernement impérial : il aurait fallu radicalement éliminer le marxisme, châtier les saboteurs, la « canaille ténébreuse », les « souteneurs », « criminels »...et réprimer la révolution, quitte à fusiller quelques milliers de personnes. Il était convaincu que
« avant de vaincre les ennemis du dehors, il faut avoir exterminé l'ennemi du dedans; sinon, malheur au peuple dont la victoire ne récompense pas, dès le premier jour, les efforts. Il suffit que l'ombre d'une défaite passe sur le peuple qui a gardé dans son sein des éléments ennemis pour que sa force de résistance se trouve brisée, et que l'adversaire du dehors l'emporte définitivement. »Mein Kampf - Adolf Hitler
La défaite, il l'interprète comme l'aboutissement d'une guerre impitoyablement menée par les Juifs, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. C'est à ce moment que son antisémitisme se transforme en une véritable haine obsessionnelle et « existentielle » : c'est alors que « Naquit en moi la haine, la haine contre les auteurs de ces évènements... avec le Juif, il n'y a point à pactiser, mais seulement à décider : tout ou rien ! Quant à moi, je décidai de faire de la politique."
(Mein Kampf).
Autre conviction tirée de la défaite : la capitulation a été une faute majeure, car la guerre aurait été gagnée s'il s'était trouvé un homme fort à la tête du pays, économiquement encore solide et qui n’a pas connu encore la défaite ni d’occupation militaire par une armée étrangère...
Les ennemis de l'Allemagne nouvelle sont désormais la France et l'URSS : en URSS se dissimule le pouvoir juif sous le masque du communisme. Le juif étant incapable d'un travail constructif, le régime qu'il domine est presque de par nature « mûr pour l'effondrement » (Mein Kampf). En France, le juif est allié aux élites nationales qui veulent la destruction de l'Allemagne. A un degré moindre il en est de même pour l'Italie, la Grande Bretagne, les Etats-Unis. Hitler est convaincu qu'une lutte mondiale est engagée entre la force de rénovation nationale et une « juiverie internationale » acharnée à la destruction de l'Allemagne. A cet adversaire mondial va s’opposer le Führer, Hitler, « missionné » pour débarrasser la terre du danger juif dans une « lutte titanesque » devant aboutir à renvoyer « à Lucifer celui qui monte à l'assaut du ciel. » (Mein Kampf).
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