Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
8.4. Massacres à Minsk
Extrait d’un rapport d’un commissaire à Minsk en date du 30 octobre 1941 :
Cité par Christopher R. Browning,« …Faisant valoir que l'action ne se déroulait pas selon mes instructions et que les coups déjà portés à l'économie avaient fait assez de ravages, j'en exigeai l'arrêt immédiat. Très étonné, le capitaine m'expliqua qu'il avait reçu de son commandant l'ordre de libérer la ville des Juifs sans en excepter un seul, comme cela avait été fait dans d'autres villes. Le nettoyage obéissant à des raisons politiques, jamais jusqu'ici les facteurs économiques n'entraient en ligne de compte. » [...]
« Pour le reste, je me vois obligé à mon regret d'insister sur le fait que, à tout le moins, cette action confinait au sadisme. Durant l'action, la ville elle-même offrait un tableau horrible. Avec une incroyable brutalité surtout de la part des Lituaniens, mais aussi des policiers allemands, les Juifs, et également des Biélorusses, furent poussés hors de leurs logements et emmenés ensemble. Il y eut des fusillades partout dans la ville, et dans plusieurs rues on vit s'entasser les corps des Juifs abattus. »
« Les Biélorusses ont éprouvé les plus grandes difficultés à échapper à la rafle. Outre la manière effroyablement barbare dont les Juifs, y compris de nombreux artisans, furent maltraités sous les yeux des Biélorusses, ces derniers furent également battus avec des matraques et des gourdins. On ne peut plus parler d'une action juive, cela s'apparente bien davantage à une révolution. Moi-même et tous mes fonctionnaires passâmes la journée au milieu de tout cela sans souffler, afin de sauver ce qui pouvait être sauvé. A plusieurs reprises, je dus, revolver au poing, faire sortir des ateliers les hommes de la police allemande et les Lituaniens. Mes gendarmes reçurent la même mission, mais, à cause de la fusillade sauvage, ils furent souvent obligés de fuir les rues pour ne pas être eux-mêmes abattus. »
« Tout ce spectacle était épouvantable. Dans l'après-midi, un grand nombre de voitures à cheval sans cocher se tenaient dans les rues, et je demandai à l'administration municipale de s'en occuper. Il se trouva par la suite que c'étaient des fourgons juifs attribués à l'armée pour le transport des munitions. Les Juifs avaient été simplement enlevés et emmenés, sans que personne prît soin des véhicules. [...] Comme je l'ai mentionné au début, les familles des artisans devaient également être épargnées. Il apparaît aujourd'hui, toutefois, que des gens manquent dans presque chaque famille. »
« Des hommes ordinaires : le 101è bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne » Gallimard, collection Folio, Paris, 1996.