Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
4. Les rapports
Les rapports des Einsatzgruppen sont les meilleures preuves des crimes commis par les Einsatzgruppen. Quand l’US Army investit et s’empare du Quartier Général de la Gestapo, elle trouva des centaines de rapports écrits par les Einsatzgruppen où ils établissent froidement la liste de leurs activités. Il y a deux sortes de rapports dans cette collection de documents :
- « Les rapports de Situation et d'Activité » (ou « Rapports de Situation ») sont des compilations mensuelles des activités de tous les Einsatzgruppen.
- Les « Rapports Opérationnels », « Ereignismeldung » sont des rapports détaillés provenant des différentes unités donnant des détails précis sur le nombre de meurtres commis et les biens volés.
Ces rapports sont numérotés successivement et tous, à l'exception d'un seul des « Rapports Opérationnels » furent retrouvés dans les archives du Troisième Reich. Les originaux de ces rapports sont détenus par le gouvernement allemand dans les archives de Coblence où ils sont à la disposition des chercheurs et des historiens. Ils donnent une description complète de ce que faisaient les Einsatzgruppen et, puisqu'ils étaient approuvés par les plus hautes autorités du Troisième Reich, ils représentent les meilleures preuves des ordres donnés aux Einsatzgruppen.
L'authenticité des rapports des Einsatzgruppen n'a jamais été sérieusement mise en doute. Pendant le Procès des Einsatzgruppen, Otto Ohlendorf, commandant de l'Einsatzgruppe D, authentifia des rapports, notamment un rapport (document L-180) rédigé par Stahlecker, commandant de l'Einsatzgruppe A :
«J'ai lu le rapport de Stahlecker concernant l'Einsatzgruppe A, dans lequel Stahlecker affirme que son groupe a tué 135.000 Juifs et communistes les quatre premiers mois du programme. Je connais Stahlecker personnellement et je suis d'avis que le document est authentique. »
Dans une autre déposition, Lindow confirma aussi que les rapports des témoins étaient authentiques et que les initiales sur les rapports étaient celles de ses supérieurs. Après son témoignage, les prévenus du procès des Einsatzgruppen reconnurent expressément l'authenticité de ces rapports.
Fac-similé de la page 5 du rapport Jäger |
Parmi ces rapports, l'un des plus impressionnants est le « Rapport Jäger » qui donne le détail des meurtres commis par les Einsatzkommandos 8 et 3, rattachés à l'Einsatzgruppe A dans la région de Vilna-Kaunas en Lituanie, du 4 juillet 1941 au 25 novembre 1941. Ce long rapport décrit l'assassinat de plus de 130 000 personnes dans ce court laps de temps. Il contient, sur six pages, les listes des personnes assassinées par les Einsatzkommandos et conclut :
« Aujourd'hui, je peux confirmer que notre objectif de résoudre le problème juif en Lituanie, a été accompli par l’EK 3. En Lituanie, il n'y a plus de Juifs, à part les travailleurs juifs et leurs familles. »
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Presque tout le rapport comprend des listes qui se présentent comme suit :
Date | Lieu | Victimes |
29.10.41 | Kauen-F.IXÂ | 2.007 Juifs, 2.290 Juives, 4.273 enfants juifs (nettoyage du ghetto de Juifs superflus).td> |
3.11.41 | Lazdjai | 485 Juifs, 511 Juives, 539 enfants juifs. |
15.11.41 | Wilkomski | 36 Juifs, 48 Juives, 31 enfants juifs.td> |
25.11.41 | Kauen-F.IX | 1.159 Juifs, 1.600 Juives, 175 enfants juifs (déportés de Berlin, Munich, et de Francfort sur le Main). |
Rapport Jäger, page 5.
Les rapports donnent aussi des renseignements détaillés sur l'argent et d'autres biens volés aux victimes. L'étendue de ces activités est illustrée par le « Rapport Opérationnel No73 » daté du 4 septembre 1941 (NO-2844) et par le « Rapport Opérationnel No133 » daté du 14 novembre 1941 (NO-2825) Ces deux rapports décrivent les activités de l'Einsatzkommando 8. Le premier de ces rapports affirme que
« À l'occasion d'une purge à Tsherwon, on trouva et l'on confisqua 125 880 roubles sur des Juifs qui avaient été liquidés. Ceci porte la totalité de l'argent confisqué par l’Einsatzkommando B à 1 510 399 roubles. »
Deux mois plus tard la même sous unité fut à même de rapporter qu'ils avaient volé un million de roubles de plus :
« Pendant la période couverte par ce rapport, l’Einsatzkommando B confisqua encore 491 705 roubles ainsi que 15 roubles en or. Ils furent inscrits dans les livres de compte et transmis à l'Administration de l'Einsatzkommando 8. Le montant total de roubles acquis jusqu'à présent par l’Einsatzkommando 8 se monte maintenant à 2 511 226 roubles. »
Ces vols ne sont pas limités à l'argent des victimes. Les montres, les bijoux et même les vêtements sont pillés. Un massacre particulièrement cruel est décrit par le Juge Musmanno dans son jugement au procès de Nuremberg :
« L'un des prévenus raconta comment pendant l'hiver 1941, on lui ordonna de se procurer des manteaux de fourrure pour ses hommes, et puisque les Juifs avaient tellement de vêtements d'hiver, cela ne les dérangerait pas beaucoup de céder quelques manteaux de fourrure. Alors qu'il décrivait l'exécution à laquelle il avait assisté, on demanda au prévenu si les victimes s'étaient déshabillées avant l'exécution, il répondit : « Non, on n'a pas pris les vêtements - c'était une opération de récupération de manteaux de fourrure »Jugement, p. 36
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