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Le ghetto de Vilnius

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2. Les premiers massacres. Ponary

Vilnius reste soviétique jusqu'au 26 juin 1941, date à laquelle la ville est prise par la Wehrmacht. Sur ses talons arrive l’Einsatzgruppe A, commandée par Franz Walter Stahlecker. L’unité est spécialement chargée d’éliminer physiquement les communistes et plus particulièrement les Juifs, les deux se confondant dans l’esprit des assassins. Un Sonderkommando, l'Einsatzkommando 9 s’installe au 12 de la rue Vilenskaia, sous le commandement de Horst Schweineberger et de Martin Weiss. Le 8 juillet est signé l’ordre obligeant tous les Juifs à porter une pièce de tissu dans le dos ; puis quelques jours plus tard ils sont obligés d’un porter un sur la poitrine sur ordre du commandant de la ville, Zehnpfennig. Deux jours plus tard un autre commandant, Neumann signe un nouvel ordre : les Juifs ne porteront pas ces pièces rapportées, mais l'étoile jaune de David.

Les premières exécutions par fusillade des Juifs débutent le 4 juillet 1941 à Vilnius. Ce même jour les Allemands ordonnent l'établissement d'un Judenrat et un lieu d’exécution est aménagé dans le village de Ponary, à 10 kilomètres de Vilnius. L'extermination en masse des Juifs de Vilnius commence au moment où arrive le commissaire du district Hans Christian Hingst, en même temps que l’« expert en questions juives », Franz Murer. Entre le début de l’occupation allemande de la ville et la création du ghetto le 6 septembre 1941, 20.000 Juifs ont disparu ou ont été exterminés. A la fin de 1941 48.000 Juifs ont été assassinés à Ponary, la plupart d'entre eux venant de Vilnius.

Comme en témoignent les rapports de l'Einsatzgruppe A, l'extermination rapide des Juifs de Lituanie n’a été rendu possible que grâce la participation de la population locale. L'invasion allemande a culbuté une armée rouge totalement dépassée et une population civile désorientée et démoralisée. Exploitant les préjugés antisémites mêlés de superstition de la population et leur haine des Soviétiques, les Allemands utilisent ces collaborateurs disposés à arrêter et à tuer les Juifs. A Vilnius, les Lituaniens sous les ordres de Ypatingi Buriai parcourent les rues, arrêtent les Juifs et les emmènent, soi-disant pour du travail… Les activités de ces auxiliaires sont tellement en phase avec les plans allemands que vers la fin juillet 1941, vingt bataillons locaux de police sont formés. Sous la conduite de Franz Lechthaler, le commandant du 11è bataillon de la police allemande de réserve, environ 8.400 volontaires lituaniens sont chargés du meurtre des Juifs de toute la Lituanie. Vers la fin 1941, après que la plupart des Juifs lituaniens aient été exterminés, certains de ces bataillons sont envoyés en Biélorussie et en Pologne, où ils perpétuent des massacres dans les villes, ghettos et camps, y compris Treblinka et Majdanek, et participent à la destruction du ghetto de Varsovie. Entre la moitié et les deux tiers de tous les Juifs lituaniens ont été tués par la milice locale, même si certains Lituaniens et certains Allemands ont tenté de sauver des Juifs… Leur courage ne fait qu’accentuer la barbarie de leurs compatriotes. Un soldat autrichien en particulier, Anton Schmidt, cache des Juifs dans le sous-sol d'un atelier de matelas et assure leur transfert en Biélorussie dans des camions militaires. La Gestapo l'arrête et l’exécute le 13 avril 1942 pour ses actions.

Les premières exécutions de Ponary ont lieu le 8 juillet 1941. A Ponary, lieu de villégiature pour les Juifs de Vilnius où les Soviétiques avaient prévu de stocker du carburant, des puits circulaires sont creusés. Par groupes de cent, les Juifs sont amenés de la ville, obligés de se déshabiller, menés par paquets de dix au bord des puits et exécutés. Dans les douze jours suivant le 8 juillet environ 5.000 Juifs de Vilnius sont assassinés de cette façon. On leur fait croire qu'ils seraient envoyés dans des camps de travail. Un auteur polonais, Józef Mackiewicz, est témoin du massacre. Il a décrit cet événement dans son livre « Nie Trzeba Glosno Mowic » (« il ne faut pas parler fort »). En 1943, avec le consentement des autorités polonaises, Mackiewicz aide aux premières excavations des fosses communes des officiers polonais tués par les Soviétique à Katyn en 1940.

Entre fin juillet et début août, la Lituanie est intégrée au Reichskommissariat Ostland. Les massacres continuent à Ponary les semaines suivantes. Au 1 décembre 1941, l’Einsatzkommando 3 à effectué au moins 15 « raids » sur Vilnius. L’Einsatzkommando 9 affecte 150 de ses auxiliaires lituaniens pour participer à la liquidation de la communauté juive. Chaque matin et chaque après-midi ils arrêtent 500 personnes qui sont assassinées le jour même. Les victimes sont des Juifs de Vilnius mais aussi des Juifs des villes et villages voisins, des prêtres polonais et des prisonniers de guerre soviétiques. De même, Ponary n’est pas le seul lieu d’exécution ; des centaines de victimes sont assassinées dans la prison de Lukiszki de Vilnius.

Le 31 août 1941, avant que les ghettos ne soient établis, Abba Kovner, un jeune juif, est témoin du début d'une « Aktion » : 2 019 femmes, 864 hommes et 817 enfants sont emmenés de Vilnius en camions, transportés à Ponary et assassinés. Personne ne sait rien de leur sort jusqu’au à 3 septembre, lorsqu’une femme juive échevelée arrive en ville. Elle parle au docteur Marc Meir Dvorjetsky. Blessée, elle a réussi à s’échapper de Ponary et raconte que ce n'est pas un camp de travail, mais un lieu d'extermination. La femme est vivante parce que des hommes ont été tués d'abord. Elle a eu la chance de tomber dans la fosse et d’être recouverte par des corps de personnes tuées ou mortellement blessées, et a réussi à s’extraire des couches de cadavres… Six autres survivants de cette exécution réussissent à s’échapper, toutes des femmes… Dvorjetsky relate l'histoire de la femme lors d’une réunion des Juifs de Vilnius. Ces derniers refusent de le croire et l’accusent de vouloir semer la panique. L'« Aktion » se poursuit pendant quatre jours encore, faisant 8.000 victimes…

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