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Le ghetto de Minsk

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4. La visite de Himmler

Le 15 août, Heinrich Himmler lui-même vient visiter Minsk visité et demande à assister à l’exécution de 100 juifs par balle ; il en a la nausée. Erich von dem Bach-Zelewski, le HssP de Russie Centre, qui est présent, précise à Himmler qu'il vient d’assister à l'exécution de « seulement » 100 personnes, alors que quotidiennement, les hommes des Einsatzgruppen en tuent des milliers… Himmler en retient la leçon : cette méthode est beaucoup trop dure ; il faut trouver des moyens plus « humanitaires », au profit non pas des victimes, mais des exécuteurs...

Plus tard dans la journée, le Reichsführer visite un asile d’aliénés où on liquide les malades… Après avoir commandé le meurtre immédiat des détenus, Himmler demande à Nebe de trouver d’autres méthodes de massacre moins stressantes pour les tueurs que le tir d’une balle dans la tête... Nebe lui raconte qu’il a essayé la dynamite pour tuer les patients dans deux bunkers dans une forêt près de Minsk… avec des résultats désastreux. Himmler tirera de cette visite l'idée d'employer le gaz pour tuer « proprement ».

Quelques jours après l'expérience de la dynamite, Arthur Nebe et Albert Widmann du « Kriminaltechnisches Institut » (institut technologique de la police criminelle) tentent une autre méthode de massacre à Mogilev. Les gaz d'échappement de deux voitures sont injectés dans une salle hermétique dans laquelle 20 à 30 malades mentaux sont enfermés. En quelques minutes, le monoxyde de carbone les tue tous. Ce processus n'est pas entièrement nouveau, car l'utilisation du monoxyde de carbone en bouteille avait été mise en oeuvre dans le Reich depuis octobre 1939 dans le cadre de l’opération T4 visant à éliminer les malades mentaux et les handicapés physiques. Par ailleurs, une « version mobile » avait fonctionné en Pologne occidentale sous la direction d'Herbert Lange. Mais fournir de grandes quantités de monoxyde de carbone en bouteille présente de gros inconvénients : c’est cher et encombrant.

Nebe propose de combiner les deux processus, en créant un fourgon mobile « autosuffisant en gaz » par l’utilisation des gaz d'échappement du moteur du fourgon qui seraient injectées par un tyau dans le compartiment arrière scellé du véhicule. Il en discute les aspects techniques avec Walter Hess du « Kriminaltechnisches Institut ». L'idée est soumise à Reinhard Heydrich, qui l'accepte. A peu près au même moment, Walter Rauff, responsable des problèmes techniques en qualité de chef du département IID du RSHA (Reichssicherheitshauptamt - bureau principal de sécurité de Reich), nomme Friedrich Pradel, chef du service des transports et lui demande d'étudier la possibilité d'adapter les camions lourds pour le gazage. De ces diverses discussions et rencontres naissent trois types de fourgons destinés aux massacres en masse : le petit Diamond d’Opel, le Blitz d’Opel, avec une capacité de 80 à 100 « places », et le Magirus de Saurer, plus grand, dans lequel 150 personnes peuvent prendre place...

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