Alsace : la maison alsacienne
2.3. La révolution des « Bois courts » : XVIè-XVIIè
Structure du colombage « à bois courts ». (La maison alsacienne) |
Vers le milieu du XVIè siècle, l’apparition de cette nouvelle technique d'assemblage des pans de bois transforme la maison en une sorte de vaste jeu de construction, en un ensemble de « boites » superposées constituant l'ossature. Les poteaux corniers sont désormais interrompus au niveau de chaque étage par des sablières d'étage, avec lesquelles ils sont assemblés à mi - bois. La maison gagne en légèreté et en solidité. Elle comporte des pièces de bois principales (poteaux et sablières) qui constituent le « cadre ». Des poteaux intermédiaires (montants) servent de support aux huisseries (fenêtres, portes). Des pièces obliques (décharges) assurent la triangulation et donc la rigidité, facteur de solidité. Enfin des entretoises horizontales verrouillent solidement l’ensemble au premier et au second tiers d'une hauteur d'étage, tout en servant d'appuis et de linteaux aux fenêtres.
Buschwiller, Sundgau : maison archaïque à « bois courts » du XVIIIè. (La maison alsacienne) |
Alors que la maison de la plaine agricole est encore fortement marquée d'archaïsmes, dans les villes et dans les bourgs fortifiés du vignoble on construit déjà en hauteur, grâce à des poteaux corniers interrompus à chaque étage et des encorbellements importants. Les toits de cette époque sont tous à deux versants (ou « à bâtière », « Sà tteldach ») et ne comportent pas d'abattants. Le faîtage est fréquemment coupé en ses deux extrémités pour former des croupes (« Wà lm »), comprenant une dizaine de rangs de tuiles (dans le Sundgau elles peuvent en comprendre jusqu'à 30). Des auvents peuvent protéger certaines parties des façades. Balcons et loggias font leur apparition au sommet du pignon à Buswiller en pays de Hanau (1599), à Geispolsheim, dans la grande plaine agricole (1611), à Brumath et Vendenheim, aux environs de Strasbourg, à Gougenheim dans le Kochersberg (1681)… Sur certaines maisons du Sundgau (Geispitzen, Gommersdorf, Ballersdorf, Koetzingue...) ou du Kochersberg (Pfettisheim), des balcons à galeries ornent le mur gouttereau donnant sur la cour.
Erstein, grande Plaine : maison à « bois courts » du XVIIIè siècle. (La maison alsacienne) |
Le décor n'est certes pas encore abondant (losanges, losanges barrés d’une croix de saint André, chaises curules) et est intégré au poutrage. Dans le Sundgau on trouve des motifs qui lui sont propres comme l’arbre de vie à Blotzheim (1600, maison transférée au Japon) ou Hésingue (maison remontée à l'Ecomusée d'Ungersheim) et le disques radié (Koetzingue, Magstatt le Bas et Sierentz). Les inscriptions se limitent à une date, accompagnée parfois des initiales du couple constructeur. Dans les villes du vignoble et sur les maisons bourgeoises, le décor est, dès cette époque, bien plus opulent.