Le camp de concentration de Dora
4. Gardelegen
Le mercredi 10 avril, un convoi de détenus, venant de Niedersachswerfen par Ellrich et faisant route vers Bergen Belsen est stoppé à Gardelegen par une attaque de l’aviation alliée. Un second convoi se trouve bloqué à son tour. De nombreuses évasions se produisent et les SS se lancent dans toute la région à des chasses à l’homme.
Le 12, le Kreisleiter Gerhard Thiele souhaite faire disparaître le millier de détenus avant que l'armée américaine n’arrive. Le 13 avril, les détenus sont rassemblés et dirigée vers la grange de Gardelegen sur proposition de Mme Bloch von Blochwitz, 80 ans et châtelaine du pays.
A partir de 19 heures, la colonne de détenus est parquée puis enfermée dans la grange. Il y a de la paille sur un mètre de hauteur. Elle est imbibée d'essence. Trois SS y mettent le feu. Dans un premier temps, les détenus parviennent à éteindre l’incendie. Mais une seconde tentative des tueurs, maintenant bien plus nombreux, réussit à enflammer la paille. Les prisonniers qui cherchent à sortir sont abattus…
L’incendie dure des heures, mais il y aura 8 rescapés, dont trois Français, qui se sont protégés sous les cadavres de fuyards abattus à l'entrée de la grange et que le feu a épargnés. Dans la grange, 1.016 victimes.
Le 15 la 102è division d'infanterie de l'armée américaine découvre l'horreur de la tragédie. Le major Keating envisage de faire bombarder la ville à titre de représailles. Les autorités religieuses protestantes par l’entremise des pasteurs Franz et Hedewald et du doyen Wendt, parviennent à l'en dissuader… ce qu’elles n’avaient pas fait auprès du Kreisleiter…
La population de Gardelegen doit défiler devant les cadavres, fournir les linceuls et assister à l'inhumation où les honneurs militaires sont rendus aux victimes. Les tombes seront creusées par la jeunesse hitlérienne locale. Le mercredi 25 avril, 1016 habitants portant chacun une croix, font, en procession, le chemin de la ville à la grange d'Isenschnible.
Keating fait apposer sur la porte du cimetière, cette inscription
« Cimetière de Gardelegen »
« Ici reposent 1016 prisonniers de guerre alliés qui ont été tués par leurs gardiens. »
« Ils ont été enterrés par les habitants de Gardelegen, qui ont la responsabilité des tombes afin qu'elles restent toujours aussi vertes que le souvenir de ces malheureux restera dans le cÅ“ur des hommes épris de liberté partout dans le monde... »Â
Quant au Kreisleiter Thiele, il a disparu vers 15 h, le 14 avril, juste avant l'arrivée des Américains. Madame son épouse n'en aurait plus entendu parler, d’après ses dires. En fait, après la chute du mur de Berlin, la trace du SS Thiele a été retrouvée. Utilisé par les services de la STASI, il revoyait sa femme et subvenait à ses besoins par l'intermédiaire d'une « messagère » jusqu'à sa mort, survenue le 30 juin 1994.
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