L'effort de Victor Duruy, ministre de l’instruction publique de 1863 à 1869 puis les lois rendant l'instruction publique obligatoire ouvrent la culture aux classes sociales les plus défavorisées.
La littérature se répand par les revues (Artiste, Revue de Paris. Revue des Deux Mondes) et par la presse (« le Temps » est fondé en 1861). En poésie, la tendance de « l'art pour l'art », en opposition avec l'individualisme et l'« art utile » des romantiques, prend pour chef de file Théophile Gautier (« Émaux et Camées », 1852), Théodore de Banville (1823-1891) dans ses « Odes funambulesques » (1857), Louis Ménard (1822-1901), Louis Bouilhet (1821-1869), l'ami de Flaubert, précèdent Leconte de Lisle (1818-1894), dont l'art rigoureux, la pensée formée par la Grèce et marquée par l'hindouisme (« Poèmes antiques », « Poèmes barbares ») dominent le groupe parnassien. Le Parnasse se manifeste en 1866 avec Albert Glatigny (1839-1873), Léon Dierx (1838-1912), Sully Prudhomme (1839-1907), François Coppée (1842-1908) et s'achève sur les « Trophées » (1893) de José-Maria de Heredia (1842-1905).
 | Nadar : portrait de Théophile Gautier. 1856 |
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 | Louis Duveau : Frontispice du recueil des « poésies nouvelles, poèmes antiques » de Lecomte de Lisle. Eau-forte dessinée et gravée. Poulet-Malassis et de Broise, imprimeurs-libraires-éditeurs, 185 |
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 | Paul Emile Chabas (1869-1937) : portrait de José-Maria de Heredia. Huile sur toile. Versailles, châteaux de Versailles et de Triano |
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Indépendant et génial, Charles Baudelaire (1821-1867) fait passer un « frisson nouveau » dans la littérature (Fleurs du mal, 1857) et propose une esthétique moderne (Salon de 1845-1846) très en avance sur les idées de sa génération. Passionné d'Edgar Allan Poe pour son sens du bizarre, de Delacroix qui forme sa pensée esthétique, de Wagner, il lance la poésie dans une voie nouvelle, celle du symbolisme. Sous sa forme littéraire, cette esthétique du fluide, du mouvant, fait appel aux ressorts inconnus et incommunicables de l'esprit et plonge aux sources intérieures où naissent les images. Le mouvement débute en 1886 avec Paul Verlaine (1844-1896), inventeur de rythmes poétiques, Arthur Rimbaud (1851-1891), précoce et satanique créateur de rêves (« Les Illuminations » 1886), Stéphane Mallarmé (1842-1898), hermétique et raffiné, qui veut une poésie uniquement musicale, Lautréamont (Isidore Lucien Ducasse, 1846-1870) auteur des « Chants de Maldoror », Tristan Corbière (1845-1875), Charles Cros (1842-1888), Albert Samain (1858-1900), Francis Vielé-Griffin (1864-1937), Charles Morice (1861-1919), G. Kahn, Stuart Merrill, Jules Laforgue (1860-1887), poète exquis qui a sur l'impressionnisme des vues très profondes… Henri de Régnier (1864-1936) et Jean Moréas (1856-1910) reviennent à des formes plus classiques : plus ou moins symbolistes ils montrent l'importance de la réaction contre le positivisme scientifique et le matérialisme.
 | Portrait de Charles Baudelaire.Montpellier, Musée Fabre |
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 | Henri Fantin-Latour : coin de table. 1872. Huile sur toile. Paris, Musée d’Orsay. de gauche à droite : Verlaine, Rimbaud, Elzéar, Blémont, Valade, Aicard, D´Hervilly et Pelletan |
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 | Edouard Manet : portrait de Stéphane Mallarmé. 1876. Huile sur toile. Paris, Musée d'Orsa |
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 | Jules Laforgue : étude sur Tristan Corbière. Eau forte. Frontispice des « Amours jaunes » |
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En Provence naît un mouvement littéraire local, le Félibrige (1854), dont Frédéric Mistral (Mireille, « 1859 ») est le fleuron.
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Jean Barnabé Amy (1839-1907) : Frédéric Mistral. Bronze |