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L’art en France entre 1800 et 1850
2.5. Peinture La peinture classique La peinture romantique La nature
2.5.2. La peinture romantiqueLe conflit classicisme - romantisme connaît, entre 1820 et 1840, une phase plus aiguë en France que dans le reste de l'Europe, au moment où, par-delà les querelles de mots et de doctrines esthétiques, s'affrontent deux conceptions opposées de la peinture : celle d'Ingres, promu champion des classiques, qui préfère le dessin, le sculptural, la forme stable, équilibrée et celle de Delacroix et des romantiques, qui cherchent la musicalité de la couleur, l'expression, le mouvement. Le premier éclat fulgurant de la peinture romantique illumine le Salon de 1819 où est exposé le « Naufrage de la Méduse », dramatique fait divers élevé par le génie de Géricault jusqu’à l’épopée. Aux salons de 1822 puis de 1824 Delacroix apporte sa grandeur dramatique avec « Dante et Virgile aux enfers » et « les massacres de Scio ». Tous les grands moteurs romantiques sont ainsi exprimés : le sens tragique de la vie et de la mort, l’exotisme, le mouvement, la couleur, les influences de Rubens, de Michel Ange et des Anglais.
| Théodore Géricault : le radeau de la Méduse. 1818-1819. Huile sur toile, 491 x 716 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : les massacres de Chio, détail. 1824. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : Dante et Virgile aux enfers. 1822. Huile sur toile, 188 x 241. Paris, Musée du Louvre |
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2.5.2.1. GéricaultThéodore Géricault (1791-1824), élève de C. Vernet et de Guérin, est surtout influencé par Gros et exalté par l’épopée impériale (Cuirassier blessé, 1814). A Rome, il est bouleversé par .Michel-Ange (Course des chevaux barbes). Curieux de tout (portraits de fous), anglomane passionné de Lawrence, Constable, Bonington, ayant vécu en Angleterre (Derby d'Epsom, 1821, Louvre), il aurait été le plus grand artiste du XIXè siècle s'il n'était mort trop jeune.
| Théodore Géricault : le radeau de la Méduse, détail. 1818-1819. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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| Théodore Géricault : Officer des chasseurs commandant une charge. 1812. Huile sur toile, 349 x 266 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Théodore Géricault : portrait d’un cleptomane. Vers 1820. Huile sur toile, 61,2 x 50,2 cm. Gand, Museum voor Schone Kunsten |
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| Théodore Géricault : Le Derby d’Epson. 1821. Huile sur toile, 92 x 122 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Théodore Géricault : le naufrage. 1821-1824. Huile sur toile, 19 x 25 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Théodore Géricault : carabinier et son cheval. 1814. Huile sur toile, 65 x 54 cm. Rouen, Musée des Beaux Arts |
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2.5.2.2. Eugène DelacroixEugène Delacroix (1798-1863) incarne le romantisme et cependant se veut un « pur classique ». Esprit cultivé, il tire ses sujets de Dante, Shakespeare, Milton, Goethe. Byron et Walter Scott : au fait des grands courants d'idées de son temps, écrivain lui-même (son Journal), il se forme un peu chez Guérin, au contact des maîtres, Rubens, les grands Italiens au Louvre et des Anglais contemporains. Ses grandes œuvres du début sont au Louvre (Dante et Virgile, le Massacre de Scio, la Mort de Sardanapale de 1827, la Liberté guidant le Peuple, la Prise de Constantinople par les croisés). En 1832, un voyage au Maroc lui révèle la poésie de l'exotisme et lui découvre des harmonies colorées nouvelles qui font de lui l'égal des Vénitiens (Femmes d'Alger). Il est aussi bon portraitiste (le Baron Schwiter, Autoportrait au gilet vert, Bruyas). Ses fauves, ses combats d'animaux et ses chasses sont l'expression de la puissance vitale déchaînée. Il est surtout le plus grand décorateur du XIXè siècle (Hôtel de Ville, 1854, aujourd'hui détruit ; Salon du roi et bibliothèque de la Chambre des députés, bibliothèque du Sénat, 1843 ; chapelle des Saints Anges à Saint-Sulpice, 1861).
| Eugène Delacroix : orpheline au cimetière. Etude préparatoire pour les « Massacres de Scio ». 1824. Huile sur toile, 65,5 x 54,3 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : la Grèce sur les ruines de Missolonghi. 1826. Huile sur toile, 209 x 147 cm. Bordeaux, Musée des Beaux-Arts |
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| Eugène Delacroix : nature morte au homard. Huile sur toile, 80,5 x 106,5 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : la mort de Sardanapale. 1827. Huile sur toile, 392 x 496 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : la Liberté guidant le peuple. 1830. Huile sur toile, 260 x 325 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : la Liberté guidant le peuple, détail. 1830. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : femmes d’Alger. 1834. Huile sur toile, 180 x 229 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : autoportrait. 1837. Huile sur toile, 65 x 54,5 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : portrait de Frédéric Chopin. Huile sur toile, 45,7 x 37,5 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : l’entrée des croisés à Constantinople. Huile sur toile, 410 x 498 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : le sultan du Maroc et son entourage. 1845. Huile sur toile, 384 x 343 cm. Toulouse, Musée des Augustins |
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| Eugène Delacroix : Piéta. Vers 1850. Huile sur toile, 35 x 27 cm. Oslo, Nasjonalgalleriet |
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| Eugène Delacroix : la lutte de Jacob et de l’Ange. Détail. 1854-1861. Huile et cire sur plâtre, 751 x 485 cm (l’ensemble). Paris, église Saint-Sulpice |
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| Eugène Delacroix : chevaux arabes combattant dans l’écurie. Huile sur toile, 65 x 81 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Eugène Delacroix : chasse aux lions. 1861. Huile sur toile, 76 x 98 cm. Chicago, Art Institute |
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| Eugène Delacroix : chasse aux lions. 1854. Huile sur toile, 86 x 115 cm. Paris. Musée d'Orsay |
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| Eugène Delacroix : jeune tigre jouant avec sa mère. 1830 |
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2.5.2.3. ChassériauExtraordinairement doué, Théodore Chassériau (1819-1856), élève d'Ingres, est le seul véritable disciple de Delacroix, dont il a l'ardeur intérieure (Portrait de Lacordaire), le goût instinctif de la puissance de la couleur (Portrait de ses soeurs) et d'un exotisme noble, sincère, poétique, venu de son origine créole et d'un voyage en Algérie. Décorateur de grande race, ses chefs-d'oeuvre, la Guerre et la Paix, furent détruits presque complètement dans l'incendie de la Cour des comptes.
| Théodore Chassériau : La toilette d’Esther. 1841. Huile sur toile, 45,5 x 35,5 cm. Paris, musée du Louvre |
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| Théodore Chassériau : Intérieur oriental. 1850-1852. Huile sur toile, 46 x 38 cm. Collection privée |
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| Théodore Chassériau : Les sœurs de l’artiste. 1843. Huile sur toile, 180 x 135 cm. Paris, musée du Louvre |
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| Théodore Chassériau : Henri-Dominique Lacordaire au couvent de Sainte Sabine à Rome. 1840. Huile sur toile. Paris, musée du Louvre |
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| Théodore Chassériau : Othello et Desdémone à Venise. 1850. Huile sur bois, 25x20 cm. Paris, musée du Louvre |
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2.5.2.4. Les orientalistesL'Orient méditerranéen attire les artistes, qu'ils soient des précurseurs comme Jules Robert Auguste (1789-1850), ami de Géricault et de Delacroix, des amateurs de pittoresque expressif comme Alexandre Gabriel Decamps (1803-1860), qui part pour Smyrne en 1828 avec le mariniste Louis Garneray 1783-1857), ou de sages narrateurs comme A. Dauzat, P. Marilhat, Alfred Dehodencq (1822-1882), suiveur de Delacroix, Ph. Blanchard, qui part au Mexique, ou l'élégant Eugène Fromentin (1821-1876), écrivain autant que peintre.
| Alexandre Gabriel Decamps : le rémouleur. 1840. Huile sur toile, 38 x 51 cm. Paris, Musée du Louvre. |
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| Alexandre Gabriel Decamps : la caravane. Vers 1854. Huile sur toile, 1854. Paris, Musée du Louvre |
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| Intérieur de cour rustique à Fontainebleau. 1850. Huile sur toile, 57 x 48 cm. Paris, Musée d’Orsay |
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| Louis Garneray : la prise du Kent par Surcouf. 1800. Huile sur toile. Saint Malo, musée d’Histoire de la ville. |
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| Louis Garneray : Jean de Bethencourt découvre l’île de Lanzarote. 1848. Huile sur toile. Sèvres, Musée de la céramique |
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| Eugène Fromentin : Arabes. 1871. Huile sur bois, 26,5 x 35 cm. Budapest, Magyar Szépmüvészeti Múzeum |
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| Eugène Fromentin : un souvenir d’Esneh. 1876. Huile sur toile, 120 x 105 cm. Paris, Musée d’Orsay |
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2.5.2.5. Les « pararomantiques »Importants vers 1830-1840, traitant de thèmes littéraires, historiques ou « peintres de batailles » certains de ces romantiques, ou « pararomantiques », ont un talent d'illustration et sont excellents lithographes. Horace Vernet (1789-1863) peint des batailles pour Versailles. Nicolas Charlet (1792-1845), A. Raffet (1804-1860) exaltent et popularisent l'épopée napoléonienne, qui touche encore. H. Bellange et Boissard de Boisdenier, l'ami de Baudelaire, E. Lami, A. de Dreux sont des illustrateurs mondains des cours de Louis-Philippe et de Napoléon III. Tous sont des artistes secondaires à mettre sur le même plan que les romantiques plus caractérisés : Eugène Isabey (1804-1886), fils du miniaturiste, qui peint de bonnes marines à la manière anglaise, Eugène Devéria (1805-1865), qui acquiert la notoriété par son grand tableau « la Naissance d'Henri IV » en 1827 ; son frère Achille (1800-1857), illustrateur et lithographe, Louis Boulanger (1806-1865), l'ami de V. Hugo, portraitiste honnête de ses amis littérateurs (Balzac, Petrus Borel), H. Poterlet et E. Deroy (portrait de Baudelaire), morts trop jeunes, Champmartrin, surtout portraitiste, Octave Tassaert, typique des petits maîtres qui continuent dans une sensiblerie romantique la tradition du XVIIIè siècle ; Sulpice-Guillaume Chevallier, devenu Gavarni en 1829, peintre des grisettes et des calicots, est un excellent dessinateur et lithographe. A.-E. Fragonard est l'imagier « troubadour » type.
| Horace Vernet : défense de la porte de Clichy le 30 mars 1814. 1820. Huile sur toile, 98 x 131 cm. Paris, musée du Louvre |
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| Horace Vernet : le trompette de cavalerie blessé. 1819. Huile sur toile, 53 x 64 cm. Londres, Wallace collection |
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| Horace Vernet : Jehuda et Tamar. 1840. Huile sur toile, 130 x 98 cm. Londres, Wallace collection |
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| Nicolas Charlet : Trois soldats arrivant à leur quartier. Lithographie |
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| Auguste Raffet : « Ils grognaient, et le suivaient toujours ». 1836. Lithographie |
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| Auguste Raffet : le maréchal Ney à la redoute de Kovno. Huile sur toile, 42 x 34 cm. Paris, musée du Louvre |
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| Eugène Isabey : plage à marée basse. 1833. Huile sur toile, 124 x 168 cm. Paris, musée du Louvre |
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| Eugène Isabey : falaise en Normandie. Huile sur toile. Dieppe, Musée du château |
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| Eugène Dévéria : Puget présentant la statue de Milon de Crotone à Louis XIV dans les Jardins de Versailles. Peinture sur plafond. Paris, Musée du Louvre, galerie Campana |
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| Eugène Dévéria :la réception de Christophe Colomb par Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille. Huile sur toile. Clermont-Ferrand, Musee Bargoin |
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| Louis Boulanger : Mazeppa. 1827. Huile sur toile, 392 x 525 cm. Rouen, Musée des Beaux Arts |
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| Louis Boulanger : Honoré de Balzac en habit de moine. 1829. Huile sur toile. Tours, musée des beaux arts |
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| Octave Tassaert : la famille malheureuse. Huile sur toile. Bayonne, musée Bonnat |
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| Octave Tassaert : la famille pauvre ou le suicide. 1849. Huile sur toile. Montpellier, Musée Fabre |
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| Gavarni : la Gervaise |
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| Gavarni : portrait de Victor Hugo. 1829. Lithographie en couleurs. Collection privée |
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Peintres du « juste milieu », Ary Scheffer (1795-1858) est célèbre par ses oeuvres sentimentales, religieuse, et historiques, Paul Delaroche (1797-1856) jouit d'un succès européen pour ses grandes scènes historiques popularisées par la gravure (les Enfants d'Edouard, Jane Grey, l’assassinat du duc de Guise), typiques d'un genre qui relève plus de lit mise en scène théâtrale que de la peinture. Robert Fleury a les mêmes défauts.
| Ary Scheffer : Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile. 1835. Huile sur toile Londres, 172 x 238 cm. Wallace Collection |
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| Ary Scheffer : saint Augustin et sa mère. 1855. Huile sur toile, 114 x 147 cm. Paris, Musée du Louvre |
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| Ary Scheffer : la tentation du Christ. 1859. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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| Paul Delaroche : les Enfants d'Edouard. 1831. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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| Paul Delaroche : Napoléon abdiquant à Fontainebleau. 1845. Huile sur toile. 138 x 180 cm. Leipzig, Museum der Bildenden Kunste |
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| Paul Delaroche : L'exécution de lady Jane Grey. 1833. Huile sur toile. 297 x 246 cm. Londres, National Gallery |
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| Robert Fleury : Galilée face au tribunal de l'Inquisition Catholique Romain. 1847. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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D'ailleurs, la décoration théâtrale prend beaucoup d'importance avec le succès du drame romantique et de l'opéra : Louis Jacques Daguerre (1789-1851), inventeur du diorama puis du daguerréotype, brosse pour l'Opéra, de nombreux décors (Macchabées, la Lampe merveilleuse) ; Eugène Cicéri (1813-1890), par son goût de l'ombre, du mystère des ruines, est le principal décorateur romantique (la Muette de Portici, Robert le Diable).
| Louis Daguerre : Intérieur de Rosslyn Chapel. 1824. Huile sur toile, 113 x 97 cm. Rouen, Musée des Beaux-Art |
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| Eugène Ciceri : le moulin de la Galette. 1846. Huile sur toile |
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