Dachau, camp de concentration nazi
7.5. Le Kommando d’Allach
« La population du camp d'Allach, prévu pour 3 500 détenus, devait atteindre en mars 1945, 14 000 détenus... Comme ailleurs, on était à Allach un mort civil. Retranché du monde. Sans nouvelles des siens, sans colis. Un matricule... Dès le lendemain de leur arrivée les nouveau « pensionnaires » étaient rassemblés sur l'une des places du camp. Là , ils étaient interrogés sur leurs spécialités et antécédents professionnels et offerts, presqu'à l'encan, au choix des délégués de différentes entreprises convoqués pour la circonstance... C'est de ce « marché aux esclaves » que dépendait généralement l'affectation du détenu dans un kommando, et par conséquent sa vie ou sa mort... ainsi, épouvantables étaient les kommandos dits « des terrasses » auxquels, pour le compte d'une entreprise de travaux publics, l'entreprise Dicker Hoff, étaient affectés un grand nombre de détenus d'Allach. On y mourrait vite, épuisé par le charroi en une ronde infernale de sacs de ciment, vaincu par le froid, par la faim (2 litres de soupe claire et 200 grammes de pain par jour), assommé de coups ou victime d'accidents... Moins redoutables étaient les kommandos d'usines... »
« Nous sommes en février 1945... L'hiver est particulièrement rigoureux en Bavière... Une bise aigre souffle sur le camp, hurlant dans la forêt de sapin que nous traversons pour nous rendre à l'usine BMW, cortège de spectres, qu'encadrent des hommes en armes et de chiens diaboliques...Le froid est collé à notre peau... Collé à la peau comme, depuis des mois, la faim collée au ventre... Et cet appel qui, ce matin, a duré une longue heure... Un bref commandement nous arrache à nos pensées. Nous sommes devant les lourdes portes d'un bâtiment de l'usine BMW... Les hommes de l'équipe descendante se forment en colonne pour le retour au camp... Notre colonne de dénoue... Nous abandonnons le bras du voisin... Chacun de nous redevient... Un »Marcel G. Rivière, matricule 73 945, futur rédacteur en chef du Progrès de Lyon.
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