La Grèce classique : 480-323
4. La Guerre du Péloponnèse : 431 à 404 av. J.-C
L’affaire de Corcyre, amorce du conflit
Première phase : 431-421
Seconde phase : 415-404
4.2. Première phase : 431-421
Athènes se trouve dans une position de force : elle a un puissant empire, une armée considérable, une flotte bien entraînée, des ressources financières abondantes et une ville avec son port très solidement défendue par ses murs. Périclès souhaite une issue rapide et préconise une tactique consistant à abandonner la défense du territoire, à rassembler toute la population à l’intérieur des murs de la ville et à remporter la victoire par une rapide action maritime. Sparte par contre domine totalement sur terre. Il est clair qu’aucun des deux ne pourraient l’emporter, et que la guerre serait longue.
Mais au départ, la guerre est essentiellement faite de coups de main, chacun évitant l’affrontement décisif, d’autant plus que Périclès et le roi de Sparte, Archidamos, connu par ailleurs pour sa modération et sa prudence, entretiennent des relations amicales. Le début de la guerre se résout en un espèce de statu quo : alors que la flotte athénienne contrôle le Péloponnèse, les troupes d’Archidamos pillent l’Attique vidée de ses habitants, puis s’en retournent après un mois. Ils reviendront cinq fois en sept ans alors qu’Athènes ravage les côtes et la Mégaride et prend Egine en 430. Thèbes de son coté attaque, prend et pille Platées, alliée d’Athènes.
C’est alors qu’une épidémie de fièvre typhoïde se déclare à Athènes. Elle tuera un quart de la population. Les Athéniens, démoralisés et mécontents d'avoir perdu leurs biens lors de l'incursion spartiate en Attique intentent intentèrent un procès à Périclès qui est condamné à une forte amende et à l’« atimie », la déchéance de ses droits civiques. Il se retire a de la vie politique. Quelques mois plus tard il est réhabilité et réélu stratège, au plus fort de l’épidémie. Il se décide à négocier la paix, mais essuie un refus spartiate. Peu après, il meurt, frappé par l’épidémie.
La guerre se poursuit, marquée de part et d’autre de coups de mains et de petites batailles : les Athéniens l’emportent deux fois sur mer à Naupacte en 429 et 428, puis en 427 répriment la révolte de Mytilène et de Lesbos et battent les Péloponnésiens à Amphilochia et Olpai en 426 sous le commandement de leur stratège Démosthène… 425 surtout voit deux grandes victoires d’Athènes sous les ordres de Cléon, un belliciste à tout crin : la prise de Pylos en Messénie et surtout la victoire de Sphactérie où ils capturent 420 hoplites, dont 120 Egaux spartiates, réputés invincibles… Cette victoire renforce la volonté de poursuivre la guerre, attisée par Cléon.
Mais le trésor de la ligue est vide. Aussi la contribution est portée à 1 300 talents par an au lieu de 450. Ce qui a pour effet de provoquer de nombreuses défections. Athènes ne réussit qu’à récolter 1 000 talents. En 424, Athènes décide la conquête de la Béotie. Mal coordonnée, l’action qui devait déclancher des révoltes dans plusieurs villes, échoue, permettant à l’armée béotienne de se rassembler et d’infliger aux athéniens une défaite à Délion. Au même moment le général spartiate Brasidas, tout aussi belliciste que Cléon, délivre Mégare assiégée, traverse la Grèce et prend Toroné et Amphipolis en Thrace. Une trêve d’un an est conclue entre Sparte et Athènes, mais les opérations se poursuivent contre les autres belligérants : Nicias, stratège d’Athènes, réduit Mendé et Scioné qui avaient quitté la ligue. Partisan de la paix, il est « doublé » par Cléon qui rompt la trêve et tente en 422 de reprendre Amphipolis avec une forte armée. Brasidas, avec quelques centaines d’hommes, par une manœuvre audacieuse et grâce à l’héroïsme de ses hoplites, réussit à écraser l’armée de Cléon. Les deux hommes sont tués au cours du combat.
Leur mort laisse le champ libre aux partisans de la paix. Sparte, dont le territoire est en partie occupé par les Athéniens, offre la paix que Nicias s’empresse d’accepter. La « paix de Nicias », conclue en 421 pour 50 ans, revient à la situation d’avant la guerre. Pour Athènes, c’est un succès : elle garde son empire maritime. Par contre, la ligue du Péloponnèse se divise : Corinthe et les autres alliés de Sparte refusent de signer la paix alors qu’Argos, l’ennemie irréductible de Sparte, créé sa propre ligue. En fait, cette paix de Nicias n’est qu’un paix armée, à la merci du moindre incident et du premier ambitieux. Or l’ambitieux existe, et il est athénien.