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Le système concentrationnaire nazi

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3.1. Etape 1: la terreur politique et totalitaire : 1933-1937

Phase 1: la terreur politique : 1933-1934
Phase 2: la terreur totalitaire : 1934-1937
La lutte contre les Juifs

Entre l’arrivée d’Hitler au pouvoir début 1933 et l’Anschluss au printemps 1938, la priorité est donnée à la création de la Gestapo et des camps de concentration pour briser l’opposition communiste et socialiste, puis pour organiser la « terreur totalitaire ». Parallèlement, mais avec beaucoup plus d’hésitations et de tâtonnements, se met en place progressivement la lutte contre les Juifs.

3.1.3. La lutte contre les Juifs

3.1.3.1. Les premiers tâtonnements : 1933-1935

Dès l’arrivée des nazis au pouvoir débute la lutte contre les Juifs. Mais elle se fait au départ sans plan préconçu et avec tâtonnement et hésitations… D’abord, tous les moyens de propagande contrôlés et animés par Goebbels se déchaînent contre eux. Dès le 27 février, suite à l’incendie du Reichstag, des centaines de Juifs sont arrêtés et maltraités. En mars et avril 1933, sous l’impulsion de Streicher et de Rosenberg, les SA organisent de bruyantes manifestations pour réclamer le boycott des magasins juifs. Le 28, Goebbels prépare le boycott des magasins, cabinets médicaux, cabinets d’avocats juifs, qui a lieu Le 1 avril à Berlin et spécialement en Franconie par les SA de Streicher… Dans la soirée les nazis organisent à Berlin une grande manifestation « contre les agissements des Juifs », afin d’« éviter que la population ne se livre spontanément à des débordements »… Mais la population ne bouge pas et de nombreuses protestations s’élèvent contre les brutalités anti-juives. Hitler fait stopper ce « mouvement spontané » et interdit les manifestations anti-juives.

Le Führer préfère de loin s’attaquer aux Juifs d’une manière rationnelle, réfléchie, systématique, en appliquant par décrets les principes de base de son idéologie désormais dominante : dès le 4 avril 1933 le président Hindenburg est obligé de signer la loi « Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums » aussi nommé « Arierparagraph » : renvoi les fonctionnaires « d'ascendance non Aryenne » : toute personne comptant un juif ou plus parmi ses parents directs ou grands parents est immédiatement renvoyé de ses fonctions. Le président réussit tout juste à négocier avec le chancelier que les juifs anciens combattants de 14-18 soient maintenus leur poste jusqu'en 1935. De même, les propriétaires sont autorisés à résilier les baux de location consentis à des avocats juifs radiés. Le premier pas de l’exclusion légale est franchi. Les camps ne sont pas loin… Deux semaines plus tard, le 20 avril, un numerus clausus limite l’accès des écoles, lycées et universités aux Juifs. Le 19 juin, le SPD, qui vit ses dernières heures, fait un cadeau à Hitler : pour « survivre », il décide d'éliminer les juifs de sa direction ! Le 4 août, Nuremberg devient la première grande ville en Allemagne à interdire aux Juifs l’accès aux bains publics… Le 4 octobre, les rédacteurs en chef juifs sont exclus des rédactions des journaux, car désormais pour être rédacteur en chef, « il faut être politiquement et racialement insoupçonnable ». Le 13 mars 1934, les Juifs sont exclus de la Reichswehr ; Une année plus tard (31 mars 1935), les musiciens juifs professionnels sont interdits d’exercer… puis, le 10 août, il est interdit aux officiers d’état civil de marier des Juifs à des non-juifs et une personne « aryenne » à une personne « non aryenne »...

Il est vraisemblable que le gouvernement, trop préoccupé à consolider son pouvoir au détriment de l’opposition et des SA a d’abord laissé faire sans trop contrôler, se contentant d’intimider les Juifs et l’opinion et de procéder avec subtilité en incitant les démocraties à mettre une sourdine à leurs protestations et en leur rappelant que le Reich « détenait en otages » plus de 500 000 Juifs et plus de 300 000 convertis, demi-Juifs et quart de Juifs. « Les Juifs allemands doivent agir sur leurs congénères étrangers, autrement il leur en cuira ! » écrit Goebbels. C’est la raison pour laquelle les dirigeants nazis décident dans un premier temps de freiner leurs troupes pour préserver un semblant de légalité.

3.1.3.2. Les lois de Nuremberg et la constitution d’un « service anti-juif » : 1935

Le 15 septembre 1935, les lois de Nuremberg « pour la protection du sang allemand et de l’honneur allemand » « Gesetz zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre » privent les Juifs de leur statut de citoyens et interdisent les mariages mixtes et les relations sexuelles entre Juifs et « Aryens ». Une nouveau pas est franchi, celui de la légalisation de l’exclusion : il ne s’agit pas seulement d’abaisser les Juifs et de les priver de leurs droits, mais surtout de les marquer, de proclamer leur caractère maléfique et d’en faire des non-citoyens. Les brimades se multiplient progressivement et les décrets d’exclusion se mettent littéralement à pleuvoir.

Mais l’évènement le plus marquant de cette période est la constitution par Heydrich au sein de la SS de services spécialisés antijuifs servis par de jeunes officiers au sein du SD et de la Gestapo : bureau II 112 puis VI, section judaïsme du SD, bureau II B4, puis IV D4, puis IV B4 de la Gestapo, avec les Mildenstein, Wisliceny, Hagen, Lischka, Eichmann, Dannecker... Ce ne sont ni des assassins, ni des désoeuvrés, ni des anciens combattants en mal d’action, mais des hommes intelligents, cultivés, des organisateurs nés, convaincus de la nocivité des Juifs et de la nécessité de les éliminer, mais sceptiques devant les manifestations d’antisémitisme primaire par trop improvisées à la Streicher ; calculateurs froids, ils se penchent scientifiquement sur le « problème juif » et se rallient à la politique qui consiste dans un premier temps à poursuivre et à aggraver progressivement la persécution légale, sans violences inutiles, pour obliger les Juifs à émigrer en abandonnant leurs biens et leur honneur à leurs persécuteurs. Aussi, les violences physiques restent exceptionnelles jusqu’en 1938 et le camp reste encore à l’arrière plan, le temps que l’opinion s’accoutume à la campagne antijuive qui désormais porte le masque de la légalité.

Cette politique poussant les Juifs à émigrer va cependant se solder par un échec : profondément attachés à la patrie et à la culture allemandes, persuadés qu’Hitler finira bien par s’assagir, les Juifs allemands, dans leur majorité, préfèrent rentrer la tête dans les épaules, prendre leur mal en patience et attendre des jours meilleurs. De plus, à la même époque, la plupart des pays d’accueil ferment leurs portes les uns après les autres, malgré les protestations du Commissaire international aux réfugiés, Macdonald, qui finit par démissionner en guise de protestation (conférence d’Evian, juillet 1938). Suisse et Pologne ne veulent pas des Juifs. Les Etats-Unis se protègent par un système de quotas draconien. En France, qui accepte les Juifs, le climat n’es favorable ni aux Juifs, ni aux Allemands… En 1937, Hagen et Eichmann tentent de prendre contact avec les sionistes et rencontrent un envoyé de la Haganah à Haïfa (2 octobre 1937) ; mais ils se heurtent aux Anglais qui veulent limiter l’immigration en Palestine. Aussi en 1938, quand la situation se tend brusquement, moins d’un quart de Juifs avait choisi la sagesse d’émigrer. Et la plupart de ceux-ci s’installe très près du Reich, beaucoup trop près… Quant à ceux qui restent, il vont payer très cher, de leur vie, leur attachement à la patrie, qui tient de l’aveuglement…

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