Les châteaux d’Alsace
1.3. La vie Seigneuriale
La noblesse et ses moeurs
La noblesse alsacienne
La vie quotidienne au château
La vie dans la seigneurie
1.3.4. La vie dans la seigneurie
La plupart des paysans dépendent du seigneur propriétaire du domaine. Aux Xè et XIè on constate un fort accroissement du nombre des serfs qui demeurent sur les tenures : le servage est héréditaire. Mais la situation s'améliore au XIIè. Une minorité de paysans, les laboureurs, vit libre et relativement aisée, sur leurs propres terres, les alleux. On les nomme « vilains », du mot latin « villa », grand domaine à la campagne.
En contrepartie de la sécurité qu'il procure, le seigneur impose à tous son « ban », le droit de commander et de rendre la justice ; il fait respecter les usages et astreint ses tenanciers aux droits seigneuriaux, les cens et les corvées. Soumis à des obligations communes, les paysans se regroupent non loin du château autour d'une église paroissiale et près de la cour domaniale. Ainsi apparaissent de nombreux villages entourés de pierre, de palissades en bois, avec leurs potagers et les communaux, pâtures communes.
Les paysans vivent dans des conditions difficiles. La plupart ne possède pas de terres, mais doit cultiver celles des seigneurs ou des abbayes. En plus des loyers de la terre, ils sont obligés de porter le blé à moudre et le pain à cuire au moulin et au four « banal » du seigneur, utilisent le pressoir du seigneur à qui ils paient pour cela des droits, les « banalités » : le paysan est « taillable et corvéable à merci ».
La justice seigneuriale utilise peu la prison. L'individu est soit déclaré innocent, soit accusé et racheté, soit condamné à être pendu au gibet. Les « oubliettes » des châteaux sont pure invention. Le pouvoir judiciaire est exercé par un « Schultheiss » ou un « Meyer » (maire). La justice de sang est déléguée au « Vogt » (bailli).
La seigneurie est généralement divisée en trois parts : le seigneur se réserve l'une pour son usage personnel, appelée la « réserve ». Il en partagea une autre en un certain nombre de parcelles, qu'il donne à cultiver aux paysans qui se recommandent à lui : ce sont les « tenures ». Enfin il divise le reste en « fiefs » et il y installe ses vassaux.
Le seigneur et ses vassaux vivent du travail de leurs paysans, c'est à dire des impôts et charges que ces derniers leur versent. Le principal impôt est le cens (« Zins »), le loyer payé contre le droit d'exploiter les terres de la seigneurie. Autres taxes, variables selon les seigneuries : la mainmorte (« die tote Hand ») sur les successions, les taxes « banales » (four à pain, pressoir, foulon, moulin, taureau, verrat), les impôts indirects sur le vin, les péages. Toutes ces contributions sont collectées dans des cours seigneuriales (« Fronhof ») ou des cours colongères (« Dinghof ») ; ces structures sont administrées par un maire (« Meyer ») nommé par son seigneur. A partir du XIIIè, les grandes seigneuries sont progressivement divisées en bailliages (« Amt ») à la tête desquels se trouve un bailli (« Vogt ») chargé de surveiller plusieurs cours seigneuriales. S’ajoutent les nombreux jours de corvée (« Fronen ») auxquels le paysan est astreint, sur les terres privées du seigneur et pour les équipements collectifs (fossés, chemins, ponts, garde et entretien du château).
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