Ravensbrück, camp de concentration nazi
7.2. Le Kommando vidange
Germaine Tillon. Ravensbrück, Paris, le Seuil 1988.« Nous partons le matin hors du camp, dans un lieu isolé où un système de pompe amène cette précieuse marchandise brassée et mélangée à souhait dans un immense bassin. Nous devons alors descendre pieds nus dans cette bouillie et faire de nos mains des boulettes en y mélangeant la cendre chaude encore du crématoire : celle-ci est apportée dans des brouettes par d’autres colonnes de punition (en principe des petites Russes). Ces boulettes sont ensuite ramassées par d’autres prisonnières, puis mises à sécher. Elles doivent servir d’engrais pour les Allemands. Je fais pendant deux mois ce travail horrible, tant par l’impression que ces cendres sont celles de nos camarades mortes les jours précédents que par la puanteur de ce mélange à faire en plein été...»
« Le 18 janvier 1945, le Block français prend le deuil. Dès l’appel du matin, Pierrette et Marie Louise, nos petites parachutistes, ainsi que Suzy et Jenny, leurs compagnes radios, officiers de liaison en mission non loin de Paris arrêtées et incarcérées à Fresnes puis déportées en Allemagne, sont averties, suivant la formule d’usage, qu’elles doivent se tenir à disposition du commandant avec interdiction formelle de sortir du Block jusqu’à l’heure fixée, 16h30... elles ne reviendront pas. »
« Dans le Revier, je voyais passer la Schwester (Soeur) Véra, une seringue et un garrot à la main. J’entendais des cris. Quelques instants plus tard, me rendant aux lavabos, j’y trouvais nues, agonisant sur le carreau, quatre ou cinq femmes qui avaient reçu la « Piqûre de Schwester Véra ».
