L’Alsace gothique
5.3. Les autres grands sanctuaires gothiques
Edifices majeurs
Edifices mineurs
5.3.1. Edifices majeurs
5.3.1.1. Collégiale Saint Thiébaud de Thann
5.3.1.1.1. Histoire
La collégiale Saint Thiébaud, « Cathédrale » des Thannois, est le joyau de la ville et un chef d’œuvre du gothique flamboyant. Le chantier, démarré en 1332, ne démarre véritablement sa phase active qu’au début sdu XVè et n’est achevé qu’en 1516.
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Plan de la collégiale saint Thiébaud de Thann |
Le choeur à voûte réticulée est terminé en 1422. Le collatéral nord avec les piles et arcades correspondantes de la maîtresse nef s'édifie entre 1430 et 1455 à l'exception toutefois des voûtes. Le Saint Jean-Baptiste du portail latéral porte la date de 1456.
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Thann : la collégiale Saint Thiébaud “Cathédrale” des Thannois. Le chevet et la flèche |
Deux étages sont ajoutés au clocher entre 1455 et 1468. En même temps s'élève la maîtresse nef dont les fenêtres hautes à trois lancettes sont dues à Hans Russenstein (vers 1474). La rose de façade, sous son arc de décharge, appartient également à cette époque. Son dessin ondoyant à double corolle n'est pas sans rapport avec les grandes roses flamboyantes d'Ile de France ou de Normandie. La venue du Bâlois Rémy Faesch, vers 1492, accélère les travaux. Faesch achève les superbes voûtes du collatéral nord, construit les arcs-boutants du grand vaisseau qu'il couvre d'une voûte réticulée semblable à celle du choeur (1495). Suit le pignon avec son gracieux campanile (1498). Enfin, entre 1506 et 1516 il dresse l'octogone que vient couronner la plus gracile et la plus vaporeuse des flèches gothiques, un chef-d'oeuvre de grâce féerique et de virtuosité stéréotomique. En dépit de nombreuses campagnes, la collégiale n'a rien de disparate et séduit tour à tour par son grand portail à trois tympans, digne d'une cathédrale, son triple vaisseau de quatre travées, son choeur lumineux flanqué du clocher merveilleusement effilé.
| Thann : collégiale Saint Thiébau |
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| Thann : chevet de la collégiale: un évêque |
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5.3.1.1.2. La façade
5.3.1.1.3. La nef
5.3.1.1.4. Le chœur
Le choeur de l’église, avec ses 22 m de long, est presqu’aussi grand que la nef. Couvert de voûtes à résilles de 1423, il abrite les magnifiques stalles du XVè réalisées pour les chanoines du chapitre de St Amarin venus s’installer en 1441 dans la cité. Il est illuminé par 8 splendides verrières du XVè évoquant la Création, les Dix Commandements, la vie du Christ et celle de la Vierge, les miracles de St Thiébaud et de Ste Catherine, la vie de Ste Odile... et décoré des douze Apôtres, belles oeuvres inspirées de l’art du Brabant du XVè.
| Thann : verrière de la collégiale |
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| Thann : vitrail de la collégiale |
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5.3.1.1.5. La flèche
Dominant la collégiale, la flèche de 76 m est une pure merveille, dentelle de pierre qui a inspiré un célèbre dicton populaire : «Le clocher de Strasbourg est le plus haut, celui de Fribourg en Brisgau le plus gros, celui de Thann le plus beau»...
| Thann : collégiale Saint Thiébaud, la flèche |
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| Thann : la flèche de la collégiale |
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5.3.1.2. Saint Florent de Niederhaslach
C’est à St Florent que l’on doit la renommée du lieu. Cet ermite du VIè s’installe dans une vallée latérale de la vallée de la Bruche et y fonde l’abbaye de Haslach, don d’après la légende du roi Dagobert car le saint aurait guéri la fille. En 810 l’abbaye bénéficie de nombreuses donations et le corps de Florent y est transféré. Niederhaslach devient un chapitre de chanoines qui lancent en 1274 la construction de la collégiale. Mais elle se consume dans les flammes, hormis le choeur. Un nouveau chantier est lancé en 1300, La collégiale est achevée en 1385.
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Plan de la collégiale saint Florent de Niederhaslach |
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Niederhaslach : vue générale de Saint Florent |
La reprise du chantier se situe après 1295, dirigé par Gerlach « de Steinbach », le fils de Maître Erwin (mort en 1330) : on ajoute un avant choeur de trois travées qui a déjà les proportions du grand vaisseau. On dispose ainsi d'un choeur profond, comme le veut l'époque. Gerlach réalise à Saint Florent la nef la plus achevée de l'époque à partir de 1320 au plus tard : c’est une élévation à deux étages parfaitement équilibrée, d'une étrange et harmonieuse beauté. Les grandes arcades richement moulurées et les opulentes retombées se fondent sans l'intermédiaire de chapiteaux dans les piles losangées. Les fenêtres hautes à trois lancettes, aux moulurations vigoureuses, semblent occuper la moitié de la paroi. En réalité, seule la partie supérieure est ajourée, le reste est simplement simulé, mais avec un art consommé qui confère à ce maniérisme ses lettres de noblesse. Un bandeau incisif souligne les baies et recoupe partiellement les retombées. Ce détail ainsi que l'élévation à deux étages évoquent irrésistiblement les églises de Toul. L'ensemble de cette architecture nerveuse, presque acérée, annonce nettement la préciosité de la période suivante.
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Niederhaslach : saint Florent, le portail |
Le puissant clocher de façade de Niederhaslach s'élève en réalité sur les deux travées occidentales du triple vaisseau. Les deux collatéraux l'accompagnent et s'ouvrent sur des portails dissemblables. Le clocher lui-même est percé d'un portail de type strasbourgeois. Le style du tympan et des grandes statues le font dater d’environ 1315. Au-dessus d'une balustrade s'épanouit la plus originale des roses d'Alsace. Le schéma rayonnant est abandonné au profit d'un hexagone curviligne qui n'est que la transposition artistique du sceau de Salomon. Le motif se détache sur un fond ornemental à plusieurs niveaux, que rehaussent encore les vigoureuses moulurations de la circonférence (vers 1330).
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Niederhaslach : saint Florent, détail de scènes de la Passion du Christ |
La majestueuse nef offre de splendides vitraux du XIVè donnant sur les bas-côtés (Cycles de la vie du Christ, cycle des Saints...). L’avant choeur de trois travées possède des vitraux plus anciens (1276-80) alors que le choeur, plus primitif abrite la tombe de l’évêque Rachio qui a organisé la translation des reliques de St Florent. Dans la chapelle de la Vierge (1344) repose Gerlach à côté d’un monumental Saint Sépulcre du XVIè.
| Niederhaslach : saint Florent, les vitraux du choeur |
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| Niederhaslach: gargouille.. |
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| Niederhaslach: gargouille.. |
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| Niederhaslach: gargouille.. |
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5.3.1.3. Notre dame de Rouffach
L’église Notre Dame de l’Assomption est de style transition roman - gothique. Voisinant avec les absidioles du XIIè de pur style roman, le chevet est une merveille d’élégance. A l’intérieur, le transept est le plus ancien, vestige d’une première basilique du XIè. Le transept nord, avec ses vitraux romans, est plus ancien que le transept sud, modifié au XIVè avec une voûte nervurée de 1508.
| Rouffach : rose de l’église Notre Dame de l’Assomption |
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| Rouffach : nef de l’église Notre Dame de l’Assomption |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : portail sud |
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Le style gothique apparaît dans la nef, entreprise vers 1215. La ville et sa région, le « Mundat supérieur », appartiennent au séculier à l'évêché de Strasbourg, et on y retrouve les idées artistiques transmises par la métropole. Le langage architectural utilisé dans le nouveau vaisseau de Rouffach dérive en effet de la cathédrale de Sens que l'évêque de Strasbourg, Henri de Veringen, avait admirée lors de son sacre en 1207.
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Plan de Notre dame de l’Assomption de Rouffach |
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Rouffach : Notre Dame de l’Assomption |
L'élévation comprend des arcades à double rouleau reposant sur des supports alternés (colonnes simples et piles composées), une zone de mur lisse divisé en deux par un cordon à hauteur des impostes et des fenêtres hautes en triplet. Les voûtes quadripartites regroupent les travées de la nef centrale deux par deux et à l'extérieur les arcs-boutants scandent chaque travée double. Aux trois travées doubles de la grande nef correspondent six travées de bas-côté éclairées par d'étroites baies sans remplages.
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Rouffach : la façade de Notre Dame de l’Assomption |
Deux escaliers sont les seuls vestiges de l’ancien jubé du XIIIè. Le décor sculptural est du pur gothique du XIIIè. La porte de l’ancienne sacristie est surmontée du célèbre « Sourire de Rouffach » (Têtes de garçon et de fille se souriant).
Commencée tardivement vers 1315, la façade à deux tours se contente d'un seul portail, mais la rose dédoublée à écoinçons suit à première vue le modèle strasbourgeois. Un examen attentif montre cependant que les vingt pétales autorisent une lecture multiple comme sur le « projet B » et que l'ajourement des écoinçons inférieurs sur lesquels repose la rose proprement dite procède en droite ligne des grandes roses du domaine royal. L'idée est néanmoins transmise par le chantier de Strasbourg qui disposait d'un grand nombre de schémas possibles. En règle générale, on évitait soigneusement d'utiliser deux fois le même dessin. C'est pourquoi on est fort étonné de trouver à Ebrach, en Franconie, une rose tout à fait similaire à celle de Rouffach, sans dédoublement toutefois, car elle a été montée après coup dans la façade - pignon.
| Rouffachj : Notre Dame |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : vue sur la façade |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : détail du portail sud |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : la rose |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : le chœu |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : le « Sourire » de Rouffach : tête d’enfant surmontant la porte de la sacristie |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption: la tour de croisée |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : portail sud |
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| Rouffach : Notre Dame de l’Assomption : portail Nord |
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5.3.1.4. Saint Georges de Sélestat
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Plan de Saint Georges de Sélestat |
A l’emplacement d’une rotonde carolingienne, l’Eglise Saint Georges est construite du XIIIè au XIVè par les bourgeois voulant surpasser leur seigneur de prieur qui avait fait édifier Sainte Foy. Le chantier s'ouvre vers 1235. L'édifice actuel a conservé de cette époque le transept et la travée d'avant choeur accompagnée de chapelles biaises à coursières. La plupart des auteurs admettent l'existence d'un chevet polygonal qui sera remplacé plus tard.
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Sélestat : Saint Georges: la tour |
La nef est entreprise vers 1240, et offre toujours l'alternance de piles fortes et de piles faibles, mais une ou trois colonnettes rejoignent d'un seul jet les voûtes sexpartites. Les deux travées occidentales, un peu plus récentes, échappent à ce type de voûtement : ainsi la travée double carrée est remplacée par la travée oblongue sur croisée d'ogives. L'alternance des supports disparaît en toute logique. Entre les arcades élancées et les fenêtres hautes à deux lancettes subsiste une zone de mur lisse, mais un embryon de triforium, une petite ouverture rectangulaire, apporte quelque diversion. Les murs des bas-côtés avec le portail à colonnettes au Sud se rattachent encore au style de transition.
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Sélestat intérieur de Saint Georges |
Un imposant transept occidental, scandé par des contreforts, tient lieu de façade. Au milieu s'élève un puissant clocher dont la construction s'échelonne sur tout le XIVe siècle. La face méridionale (à partir de 1315 environ) est particulièrement fleurie avec son portail élancé d'obédience strasbourgeoise et sa baie à grande rose soutenue par trois lancettes. Cette rose à dix pétales et double corolle propose une variante élégante qui évoque les lointaines efflorescences d'Ile de France. L'ensemble du fenestrage est dessiné d'une main de maître. Les rosaces décoratives et l'extrême acuité des lancettes intérieures qui épousent la courbure de l'arc extérieur imposent une date assez tardive comprise entre 1335 et 1340.
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Sélestat : Saint Georges: le Portail de la façade occidentale |
Le vaste et somptueux choeur rectangulaire de trois travées, aux larges baies garnies de verrières diaprées s'édifie à l'aube du XVe siècle en style flamboyant. Proche de certaines réalisations anglaises, il utilise néanmoins le langage décoratif régional, notamment dans la travée orientale due à l'architecte strasbourgeois Erhart Kindelin (vers 1414-1422). Dans la fenêtre axiale à six lancettes palpite une délicate rose à quatre pétales.
Les vitraux de St Georges valent toute l’attention: seconde verrière nord du cycle de Catherine d’Alexandrie (1425-30), rose de la porte sud du narthex illustrant le décalogue (1330), verrière centrale de la vie de la Vierge Marie, oeuvre de Max Ingrand (1966).
| Sélestat, Saint Georges : Grande rose du bras sud du transept, de 1330. Elle développe le Décalogue |
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| Sélestat : Saint Georges: le Portail du collatéral Sud |
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5.3.1.5. L’abbatiale de Wissembourg
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Plan de l’abbatiale de Wissembourg |
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Wissembourg : l’abbatiale saints Pierre-et-Paul |
Noyau de la cité médiévale, l’abbatiale Saints Pierre et Paul conserve du sanctuaire roman un majestueux clocher - beffroi et une chapelle située au nord du cloître en prolongement de la salle capitulaire. Elle forme trois nefs de quatre travées, soutenus par seize colonnes aux chapiteaux cubiques. Elle est par sa taille le second édifice de ce style en Alsace. Edifiée entre 1262 et 1324 elle est couronnée par une tour octogonale et on y accède côté sud par un porche à trois arcades. Le vaisseau comprend une nef centrale, deux bas-côtés au sud, un bas-côté au nord et une large transept. Le choeur est terminé par une abside pentagonale.
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Wissembourg, l’abbatiale |
L'élévation est à deux étages : elle comprend les arcades reposant sur des piles cantonnées de quatre colonnettes et d'imposantes fenêtres hautes à quatre lancettes de type strasbourgeois. Mais seul le tiers supérieur des baies est ajouré, le reste étant simplement simulé. Rendu prudent peut-être par le séisme de 1289, le maître de Wissembourg n'utilise d'ailleurs pas toute la largeur de la travée et cache ses arcs-boutants sous la toiture. Au Sud, il dédouble le collatéral en forme de halle et prélève trois travées pour constituer le porche.
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Wissembourg, abbatiale: détail du portail |
Wissembourg se distingue aussi par sa superbe rose de transept, la première rose rayonnante d'envergure en Alsace. Elle se compose de huit pétales dédoublés. Les vitraux sont intéressants et s’étendent du XIIè (Vitrail de la Vierge à l’Enfant du transept nord) au XIVè (Christ bénissant et Annonciation du XIIIè du transept sud, Massacre des Innocents et Pentecôte du XIVè dans l’absidiole nord...).
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Rose du transept nord de l’abbatiale de Wissembourg représentant la Madone en gloire. Le panneau central date de 1190, la couronne de motifs du XIIIè |
Bien qu'inachevé, le cloître de l’abbaye est le plus remarquable subsistant en Alsace (vers 1300). Des triplets de lancettes ornées de frêles colonnettes à chapiteaux supportent d'opulents trèfles redentés et fleurdelisés.
| Wissembourg, abbatiale: transept et tour de croisée |
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| Wissembourg, abbatiale: détail du portail |
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| Wissembourg, abbatiale: élévation de la nef à deus étages |
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5.3.1.6. Saint Martin de Colmar
La Collégiale St Martin, édifiée entre 1230 et 1370 dans le style gothique est le monument le plus vénérable de la ville de Colmar.
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Plan de la collégiale Saint Martin de Colmar |
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Colmar : saint Martin |
Fier de sa maîtrise obtenue sur un chantier du domaine royal français, « Maistres Humbret » s'est représenté avec l'équerre au portail Saint-Nicolas de la collégiale Saint Martin de Colmar. On lui attribue généralement les parties gothiques du transept achevé vers 1263. Ce transept qui réutilise des maçonneries plus anciennes se distingue notamment par ses façades percées de vastes fenestrages. Pour construire la nef (vers 1270), maître Humbret a jeté son dévolu sur la pile ronde cantonnée de quatre colonnettes. La colonnette antérieure monte sans arrêt jusqu'à la naissance des voûtes et scande ainsi les travées. L'élévation comprend des arcades moulurées, une zone de mur lisse et les fenêtres hautes à trois lancettes soulignées par un bandeau. Les proportions en sont heureuses, et la « muralité » s'affirme sans ostentation dans ce vaisseau robuste, équilibré, voire harmonieux qui se situe à mi-chemin entre l'art épuré des Ordres Mendiants et la richesse plus appuyée des abbatiales. A l'extérieur, les arcs-boutants confirment cette impression de solidité, mais la scansion des travées par des colonnettes ou des pilastres est abandonnée. L'arc-boutant se contente de sa fonction essentielle.
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Colmar, saint Martin : le chevet et le choeur |
La façade harmonique de Saint-Martin de Colmar reflète indubitablement les ambitions strasbourgeoises. Vigoureusement membrée par des contreforts à passage qui datent encore d'une première campagne (vers 1230), elle propose trois portails, mais seul le portail central s'orne d'un tympan sculpté (vers 1310). La grande rose est ici remplacée par une vaste baie à huit lancettes et rosace incorporée (vers 1325). Dans les huit pétales sont logés des quadrilobes éclatés caractéristiques de l'époque.
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Colmar, saint Martin : vue du flanc sud |
C'est en 1351 qu'est entrepris le somptueux choeur de Saint-Martin, avec sa ceinture continue de chapelles qui communiquent entre elles grâce à des passages pratiqués dans les contreforts. Cette formule élégante doit beaucoup aux Ordres Mendiants, en particulier aux Cordeliers de Toulouse.
| Colmar : l’intérieur le la collégiale saint Martin |
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| Colmar, saint Martin : le tympan du portail de la façade occidentale |
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| Colmar : saint Martin: clocher et transept sud |
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5.3.1.7. Saint Georges de Haguenau
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Haguenau : saint Georges |
L’Eglise St Georges et le monument le plus important de la ville. Elle est construite en 1143, réaménagée jusqu’au XVIIè, bombardée en 1945, restaurée en 1963. C’est une basilique à trois nefs avec clocher octogonal sur la croisée contenant les deux plus anciennes cloches d’Alsace (voire de France) de 1268. Les arcades en plein cintre sont de 1215, la voûte de la nef de 1609, celles des bas-côté du XIVè... les trois travées ouest sont de 1415, le transept et le choeur de la seconde moitié du XIIIè.
Ce choeur qualifié d'« opus somptuosum » dans l'indulgence de 1260, est probablement conçu dès 1254. Consacré en 1283, il se compose d'une travée droite à grandes baies à quatre lancettes inspirées du vaisseau de la cathédrale de Strasbourg et d'un chevet polygonal à cinq pans d'octogone à baies à deux lancettes. Cette partie de l'édifice est traitée avec un soin exceptionnel. L'entrée du rond-point est marquée par un faisceau de trois colonnettes, et chaque fenêtre est richement encadrée de baguettes. Les contreforts étaient jadis couronnés de grandes statues en partie tributaires des cycles de la façade de Strasbourg. Ces oeuvres sont visibles dans le Musée de Haguenau.
L'amour des voûtes compliquées flamboyantes se retrouve dans deux ravissantes chapelles : au Sud la chapelle Saint Jacques (1496) aux voûtes curvilignes et à l'arcade d'entrée superbement moulurée, au Nord la minuscule chapelle Saint-Jean, due au maître d'oeuvre Stuckart (1517). L’admirable custode, haute de quelque quatorze mètres, est l'oeuvre de Friedrich Hammer (1523), à qui l'on doit également la sacristie.
5.3.1.8. Saint Thomas de Strasbourg
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Plan de l’église saint Thomas de Strasbourg |
Ancienne abbaye bénédictine fondée par St Florent au VIIè, Saint Thomas devient le chapitre des chanoines épiscopaux avant de passer à la Réforme en 1549. Le massif bâtiment de grès rose construit à partir du XIIIè évoque immédiatement les édifices rhénans. Le monument s’inspire du chantier de la cathédrale, mais reste curieusement de style roman par son pignon nord-ouest et ses arcatures lombardes.
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Strasbourg, église saint Thomas |
La reconstruction de l'église en style gothique a débuté en 1270 par le choeur et le transept. Le choeur à chevet polygonal se contente d'une seule travée droite, tandis que les baies à deux lancettes présentent à l'extérieur des arcs de décharge. Le transept cloisonné à piles intermédiaires garde ses parois latérales. Les façades des croisillons sont subdivisées par un contrefort, comme à Haguenau.
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Strasbourg, église saint Thomas: la nef centrale. Au fond, le mausolée de Maurice de Saxe |
Une superbe triple nef à piles fasciculées s'insère vers 1290 entre le transept rayonnant et le massif occidental roman - gothique. Mais les voûtes ne sont lancées que vers 1330, au moment où deux collatéraux supplémentaires viennent constituer une quintuple halle, rarissime en Europe. Le contraste entre la large nef principale et les collatéraux extrêmement élancés sécrète une sorte d'ambiguïté spatiale.
La tour de croisée octogonale avec sa coupole sur trompes d'angle, est la dernière de ce genre réalisée en Alsace (1347).
Au XVè, l’église s'amplifie de trois chapelles. Datée de 1469, la chapelle Saint-Blaise englobe aussi des éléments romans. La chapelle Saint-André se contente d'une seule travée voûtée à clé sculptée. Mais c'est la chapelle des Evangélistes (1521), avec sa porte en accolade, ses baies aux remplages ondoyants et sa voûte réticulée qui illustre avec bonheur la dernière phase du gothique.
| Strasbourg, église saint Thomas: le transept |
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| Strasbourg, saint Thomas : l’intérieur de l’église |
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