Les « Primitifs » italiens (Histoire de l'art)
9. Ecoles diverses
Ecole de Bologne
Ecole de Lucques
Ecole d’Ombrie
Divers
9.1. Ecole de Bologne
9.1.1. Vitale da Bologna
Vitale da Bologna (Vitale d'Aimo de'Cavalli, également connu sous le nom de Vidolino ou Vitale delle Madonne, 1289/1309-1359/69) est un peintre de l’école de Bologne. Sa première œuvre identifiée est le décor d’une chapelle de l’église San Francesco, daté de 1340 (la Cène et des Saints, Bologne, Pinacothèque Nationale) et le polyptyque de Santa Maria dei Denti de 1345 (la Vierge et l'Enfant, Bologne, musée Davia Bargellini, et des Saints, Bologne, collection de la ville), les fresques de l'abbaye de Mezzaratta (Annonciation et Nativité, Baptême du Christ, Madone et l'Enfant, Bologne, Pinacothèque Nationale) et celles de l'abbaye de Pomposa (Christ en gloire, Scènes de la vie de saint Eustache) révèlent le génie inventif que peut déployer l'artiste dans de vastes compositions, une grande fantaisie et une grande variété des thèmes réalisée dans un esprit tout gothique, mais ou l’influence de l’école de Rimini est très sensible, particulièrement dans l’iconographie.
Dans les fresques exécutées pour le dôme d'Udine en 1349 (Épisodes de la vie de saint Nicolas), Vitale semble reconnaître, pour la première fois, la forme giottesque, mais garde cependant sa liberté d'esprit. On retrouve cette conception plus disciplinée de la forme dans le polyptyque (1353) de l'église San Salvatore à Bologne (au centre, le Couronnement de la Vierge) et dans les fresques, récemment découvertes, de l'église dei Servi (Docteurs de l'Église, fragments de l'Assomption et de Scènes de la vie de sainte Madeleine).
D'autres peintures, sur bois, comme la Vierge et l'Enfant (musée de Viterbe), les quatre scènes de la vie de saint Antoine abbé, le Couronnement de la Vierge et le Saint Georges combattant le dragon (1350,Bologne, Pinacothèque Nationale), la Madone dei Battuti (Vatican), le diptyque divisé entre la National Gallery d'Édimbourg (Adoration des mages) et la Fondation Longhi de Florence (la Pietà avec des Saints) ainsi que la Crucifixion de la fondation Thyssen-Bornemisza (Madrid), montrent, dans l'ordre où elles sont citées ici, l’évolution et l'accentuation progressive du goût gothique de Vitale.
Vitale da Bologna est considéré comme le plus grand maître bolonais de la première moitié du trecento. Grâce à lui, en effet, la forte culture romane d'Émilie fait place à un climat gothique rénové, à un langage naturaliste par la solidité de son coloris, mais libre dans son organisation irréaliste de l'espace et de la forme, et qui dérive aussi de la grande tradition de la miniature locale, introductrice de la miniature gothique française.
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Cette magnifique composition est pleine de détails et d’anecdotes. L’artiste prend un réel plaisir dans la description des soldats en uniformes et des chevaux… La composition cherche également à rassembler tous les éléments qui composent l’épisode de la Crucifixion : la Vierge det les trois Marie, Madeleine à genoux au pied de la croix, les soldats jouant aux dés au premier plan, le bon centurion donnant du vinaigre avec l'éponge au Christ agonisant, le bon larron (sur la gauche, son âme est emportée par un ange), et le mauvais larron (sur la droite, son âme est emportée par un démon), et enfin, le squelette d'Adam.
Un grand nombre de personnages forment une foule hétérogène dans la partie inférieure de la composition, sans espace entre eux. Dans la partie supérieure, toutefois, la composition est vide afin de souligner la figure du Christ et donne une impression de profondeur grâce au positionnement des deux voleurs dans le fond.
Vitale da Bologna : Saint Georges et le dragon. Vers 1350. Tempera sur bois, 80 x 70 cm. Bologne, Pinacothèque. Nationale |
Ce panneau est l'un des trois tableaux signés du peintre ; il appartenait à l'origine au retable de l'église San Giorgio à Bologne. Il représente une scène très spectaculaire, le dernier instant du combat entre saint Georges et le dragon. Particulièrement remarquable de vivacité est la posture du cheval combattant.
Vitale da Bologna : Madone à l’enfant. 1345. Tempera sur bois, 155 x 73 cm. Imola, Museo Civico d'Arte Industriale |
Ce panneau est une des oeuvres importantes de la peinture bolognaise du Trecento. Il faisait initialement partie d'un triptyque exécuté pour le petit Oratorio della Madonna dei Denti près de Mezzarate.
L’artiste à particulièrement été attentif aux visages des personnages. Remarquable est ici le sourire qu’esquisse la Vierge. Il s'agit d'un des exemples les plus significatifs de la peinture gothique : le thème de la Madone sur le trône avec l'enfant est traité dans une harmonie extrême des formes et des couleurs : le voile de la Vierge, d'un bleu très foncé presque noir, est décoré de petits hippocampes dorés et ressort sur le fond doré et le rouge vif du coussin sur lequel elle est assise. Dans les coins inférieurs du retable sont représentés les donateurs en prière, dans des proportions très réduites par rapport à la Madone et à l'Enfant.
Vitale da Bologna : Adoration des mages. 1353-1355. Tempera sur bois, 60,4 x 38,7 cm. Edimbourg, National Gallery of Scotland |
9.1.2. Tommaso di Modena
Tommaso Barisini, dit Tommaso da Modena (1326-1379) est un peintre et un miniaturiste qui travaille à Venise. Son style « de terroir », humain, naturaliste s’épanouit dans son chef d’œuvre, la série à fresque des Dominicains célèbres (signée et datée de 1352) de la salle capitulaire du couvent San Niccolò de Trévise. Les personnages y sont décrits dans la méditation, dans l'écriture ou la lecture (l’un d’eux porte des lunettes, première représentation du genre…), et Tommaso fait preuve d’une remarquable capacité à décrire l'activité intellectuelle.
Sa réputation est telle que l'empereur Charles IV de Bohême le charge vers 1360 de réaliser quelques œuvres, dont un triptyque avec la Vierge entre deux saints, qui se trouve au château de Karlstein, près de Prague. Il est peu probable que l’artiste ait visité la Bohême, mais il existe une certaine parenté entre son travail et celui du grand peintre bohémien contemporain, Maître Théoderic.
Tommaso da Modena : Le cardinal Nicolas de Rouen. 1351-1352. Fresque. Trévise, chapitre de San Niccolò |
La salle capitulaire du couvent de Trévise présente une des plus intéressantes galeries de portraits de style gothique, où sont représentés, fortement idéalisés 40 moines célèbres de l'ordre des Dominicains, chaque personnage étant assis à sa table de travail dans sa cellule. Elle présente aussi tout un aspect « technologique » lié à l’érudition, à savoir non seulement des bureaux, des livres et des outils d’écriture, mais aussi de nouveaux outils récemment inventés comme les lunettes. Ici, le Cardinal Nicolas de Rouen est plongé dans l’étude d’un texte qu’il lit en utilisant une loupe. D'autres personnages sont ainsi mis en scène, penchés sur l’étude de textes ou leur comparaison…
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