Duccio di Buoninsegna
3. Le vitrail de l’abside de la cathédrale de Sienne
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En septembre 1287 la Commune de Sienne confie à l'administrateur de l'Opéra del Duomo la responsabilité le l'exécution d'un vitrail et s’engage à en fournir les fonds nécessaires. Cet accord n’est pas respecté car en mai de l'année suivante, la Commune menace d'amende le camerlingue (trésorier du pape) et les administrateurs de la Biccherna s'ils ne remboursent pas à l'ouvrier verrier l'argent pour l'achat du verre. La dette est alors réglée en deux versements de 100 et de 25 lires à « frate Magio ».
On ne sait rien de l'identité de ce « frate Magio », maître verrier qui a effectué le travail. Mais les dessins préparatoires sont incontestablement l’œuvre de Duccio. À cette époque, le seul peintre siennois en mesure de réaliser une telle tâche et dont les talents artistiques sont reconnus, est Duccio. L’analyse stylistique appuie également cette conclusion.
Le grand « oculus » du mur de l'abside est divisé en neuf compartiments, dont cinq forment une croix, tandis que les quatre autres occupent le reste de la verrière. Sur le bras vertical est représentée l'histoire de la Vierge avec le couronnement, l'Assomption et la dormition. Sur le bras horizontal, de gauche à droite, les saints Barth'>Barthélemy, Ansano, Crescenzio et Savino. Dans compartiments en quart de cercle, les quatre évangélistes avec leurs noms et symboles : saint Jean en haut à gauche, saint Matthieu en haut à droite; saint Luc en bas à gauche et saint Marc à droite.
Bien que l’œuvre révèle une influence de Cimabue, principalement dans la Dormition de la vierge et les figures des évangélistes, elle est caractéristique du style de Duccio, car il anticipe certaines solutions de composition typiques de la Maestà . Les anges du Couronnement de la Vierge, qui s’appuient légèrement sur le dos du trône et la solide structure architecturale de ce dernier, sont un essai d’une nouvelle conception de l'espace où la rigidité des contours est adoucie par de subtils mouvements vers le haut. Dans la scène de l’Assomption, Les anges prolongent leurs ailes au-delà du cadre, brisent la rigidité géométriques de la mandorle et donnent une énergie rythmique qui s'adapte bien à l'ensemble des proportions. Dans la scène de la dormition de la Vierge le solide sarcophage polychrome à l'avant scène et le rassemblement d’une nombreuse foule révèlent une monumentalité que l’on retrouve dans la même scène de la Maestà .
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