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Le régime de Vichy

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3.3. L’outil de répression du régime

Le Général S.S. Karl Oberg arrive à Paris, début mai 1942 pour occuper le nouveau poste d'Höherer S.S. und Polizei Führer pour l'ensemble de la France ; pour son installation, Reinhardt Heydrich quitte Prague et vient spécialement à Paris. Il y convoque le 7 mai René Bousquet, Secrétaire général pour la Police, dans le récent gouvernement de Laval. Devant la recrudescence des attentats contre les Allemands, le Général Oberg et non plus la Wehrmacht, est chargé de la répression pour combattre « les ennemis du Reich », en laissant à la police de Vichy le soin de lutter contre les délits de droit commun, mais aussi contre l'anarchie, le terrorisme, le communisme et les étrangers susceptibles de perturber l'ordre, et ce, sur l'ensemble du territoire français.

Il est précisé entre Oberg et Bousquet que la police française est tenue de transmettre au S.D. allemand toutes les informations qu'elle pourrait recueillir dans les deux zones, sur tout acte pouvant porter atteinte au Reich. Le président Laval apporte son accord « qui, dit Paxton, en donnant plus d'autonomie à la police française en zone occupée, l'associe en fait, et très étroitement à la répression ».René Bousquet y voit une victoire, la police relevant « exclusivement de l'administration française. En fait lui donner plus d'indépendance en zone occupée, c'est l'associer plus étroitement à la chasse aux résistants ; c'est aussi entrouvrir la porte de la zone libre à la répression allemande... » (Paxton)

Ce n'est pas l'avis de tous les auteurs, puisque J.Delarue estime que l'entrevue, qu'il situe le 5 Mai, « venait de faire échapper la France à une grave menace. » Il prend en exemple la Pologne où les S.S. avaient reçu des ordres en vue de l'extermination de la population ; le Danemark qui avait vu la quasi totalité de sa police arrêtée et déportée ; la Tchécoslovaquie où Reinhardt Heydrich faisait régner la terreur où sa police contrôlait toutes les administrations. Mais J.Delarue modère sa plaidoirie en ajoutant que cette solution arrange les Allemands ; elle leur économise des hommes, et la population réagit mieux devant sa propre police que devant celle de l'Occupant. Il conclut en affirmant que « chacun trouvait son compte à cet accord ».

Mais dès août 1942, d'autres faits ne tardent pas à démontrer que la porte de la zone non occupée était bien entrouverte à la pénétration allemande.

L'Affaire Desloges, peu connue, illustre bien l'engrenage irréversible dans lequel s'étaient introduits Laval, Bousquet et les autres responsables de Vichy en ce qui concerne la répression : « Le Bureau des Menées Antinationales » (B.M.A.) où s'est camouflé l'ancien « 2è Bureau » français, sous la direction du Colonel Rivet, lutte dans l'ombre en Zone Sud contre les agissements de l'Abwehr et totalement clandestinement en Zone Nord. Darlan s'oppose à l'action anti-allemande des officiers qui y travaillent. Laval, dès son retour au pouvoir, le 17 Avril 1942, fait tout pour dissoudre le B.M.A. ; il y parvient en août 42. Le Commandant Paillole continue son travail de contre-espionnage, sous l'appellation dissimulée du « Service de Sécurité Militaire » (S.S.M.) en conservant ses informateurs clandestins.

Début Septembre, Paillole apprend par certains d'entre eux que, par un ordre de mission du Ministre de la Guerre, un officier français, le Capitaine Desloges, avait réquisitionné le Château de Charbonnières, près de Lyon, au profit des Allemands ; deux jours plus tard, le château de Bionne, près de Montpellier subit le même sort ; puis à Limoges, Pau, Marseille d'autres réquisitions sont pratiquées au profit des Allemands. De plus, 200 cartes d'identité en blanc sont remises par Bousquet au représentant du Sipo-S.D. de Vichy (Geissler) ainsi que sont réservés des numéros d'immatriculation pour banaliser des voitures allemandes.

En fait cette mise en place est l'oeuvre du Général Delmotte, Chef de Cabinet du Ministre de la Guerre, le Général Bridoux, avec l'accord de Laval. Il s'agit de lancer des voitures allemandes de goniométrie en Zone Sud, pour détecter les postes émetteurs « qui travaillent pour les Anglais » dit Delmotte, et cela avec le concours de la Police et de certains officiers français.

Tout commence lorsque Laval, « à la demande d'Achenbach, a accepté le principe d'une coopération entre policiers allemands et français en zone non occupée » pour lutter contre « les parachutistes britanniques » ; Bousquet, toujours en rapport avec Oberg, et Delmotte ont fait diligence pour satisfaire le Sipo-S.D. et l'Abwehr, en créant les « missions Desloges » composées de membres de la Gestapo et de policiers français, dans une lutte commune contre l'action britannique.

L'engrenage est désormais irréversible, et la coopération franco-allemande ne fera que s'aggraver ; ainsi le second accord Oberg-Bousquet du 16 Avril 1943 compromet davantage les administrations de Vichy en permettant aux Allemands de profiter de l'action de la Police française. Au même titre que la délation de certains Français, cette collaboration apporte à l'Abwehr et à la Gestapo une aide inégalable dans leur lutte contre la Résistance.

La Justice française, totalement asservie au pouvoir, est déchargée de ce fait de bien des affaires dites « terroristes » ; cependant elle aura à se prononcer sur des affaires de Résistance, notamment de l'Armée Secrète, en faisant comparaître les inculpés devant les tribunaux d'exception. Les condamnés seront d'ailleurs tous remis quelques mois plus tard au Sipo-S.D. et déportés.



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