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Le monde roman : hommes et culture

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3. Le monde monastique et le rôle de Cluny

L’abbaye : un rôle capital
Cluny, le fer de lance
Les ordres nouveaux

3.3. Les ordres nouveaux

A la fin du XIè siècle, Cluny connaît donc un succès extraordinaire, règne sur 450 monastères, 10 000 moines et étend sa réforme à toute la chrétienté. Ses 1 500 prieurés, occupés chacun par quelques moines seulement, s'échelonnent le long des chemins de pèlerinage et des routes commerciales ; ils surveillent et font valoir les terres et les biens que possède l'abbaye, surtout en Bourgogne, en Ile-de-France, en Aquitaine, d’Angleterre en Espagne… L'abbaye mère, pourvue de propriétés immenses, voulut consacrer son opulence à la gloire de Dieu, dans son église, la plus grande de la chrétienté, enrichie d'une magnifique décoration peinte et sculptée et d'un somptueux mobilier…

Mais si Cluny suit la règle de saint Benoît, l’ordre insiste sur l'office divin qui occupe presque toute la journée du religieux et donne la primauté à la liturgie : aussi jeûnes et privations ne paraissent pas essentiels ; de même, le travail intellectuel ne s'étend guère au delà des besoins de l'office. Surtout, le travail manuel est réduit ; les moines acceptent d'être entretenus matériellement par d'autres (les moines « convers »), et de fait leurs domaines sont organisés comme les seigneuries laïques. Comme rien n'est trop beau pour rendre gloire à Dieu, l'ordre accumule les richesses pour élever et entretenir des sanctuaires magnifiques. Ainsi Cluny III, consacrée en octobre 1096 par le pape Urbain II, est la plus grande église de la chrétienté et un chef d'oeuvre d'art roman.

Enfin, Cluny ne vit pas en dehors du monde. Ses sanctuaires sont des lieux de pèlerinage, ses abbés contribuent à réformer l'Église mais aussi à améliorer la société féodale. Le rôle de Cluny est surtout d'appuyer la réforme grégorienne.

À partir du XIIe siècle, Cluny connaît des difficultés croissantes dues à des abbés médiocres. Mais on lui reproche surtout sa trop grande richesse. A l’intérieur de l’ordre même, de plus en plus de moines désirent un retour aux sources du monachisme et rêvent de réformer la vie religieuse.

3.3.1. L’ordre de Cîteaux

En mars 1098 Robert, un bénédiction abbé de Molesmes, accompagné d'une vingtaine de ses compagnons désireux comme lui de revenir à la vie monastique primitive, fonde Cîteaux, dans un vallon sauvage, entre les forêts de Bourgogne et de Bresse. Ses successeurs, Albéric (1099-1109) et Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux (1109-1133) continuent son œuvre.

Sous l’abbatiat d’Etienne, l'ordre commence à essaimer et 4 abbayes-filles de Cîteaux sont créées : La Ferté sur Grosne en 1113, Pontigny, près de Langres, en 1114, Clairvaux et Morimond près de Langres en 1115. L'ordre cistercien se caractérise par une organisation arborescente : Cîteaux est le tronc principal d'où partent 4 branches que sont les abbayes-filles ; chaque monastère peut à son tour fonder des abbayes, ces dernières étant toujours rattachées à l'une des lignées primitives. C'est ainsi qu'en 1119, l'ordre compte déjà 12 monastères. Etienne rédige la « Charte de Charité » qu'il présente en 1119 au Pape Callixte II en vue de la reconnaissance de cette nouvelle branche de moines bénédictins : c'est à lui que les Cisterciens doivent leur statut définitif.

Mais c’est surtout l’arrivée de Bernard de Fontaines qui va donner à l’ordre sa véritable dimension. Bernard naît en 1090, fils d'un des seigneurs de Fontaines situé à quelques kilomètres de Dijon. Après une solide éducation, attiré par la ferveur de ses moines, il rejoint le monastère de Cîteaux en 1112 accompagné de 30 compagnons dont 4 de ses frères et 2 de ses oncles maternels.

Doté d'une intelligence, d'un dynamisme et d'une sensibilité exceptionnels, il assure le véritable rayonnement à l'ordre : sa force de conviction et sa notoriété attirent de nombreuses vocations. A 25 ans, il est chargé de fonder l'abbaye de Clairvaux en 1115, troisième abbaye fille de Cîteaux. En 38 ans d'abbatiat, il contribue à la création de 68 abbayes filles de Clairvaux, et sa filiation comptera 165 établissements !

Dénonciateur de l'ordre de Cluny dans son « Apologie à Guillaume de Saint Thierry » en 1125, il n'a de cesse de critiquer les écarts faits à la règle de saint Benoît (mets surabondants, coquetterie, habitudes et trains de vie princiers), le cadre de certains monastères, leur décoration, leurs peintures ou sculptures évoquant des messages bibliques, qui sont utiles au fidèle mais pas au moine.

Il donne aux Templiers les fondements de leur règle, qui concilie l'état monastique et militaire, tente de purifier le clergé séculier, rappelant au passage les devoirs des évêques, est l'acteur déterminant lors du schisme de 1130 en ralliant les rois, princes et évêques au Pape Innocent II, prêche la seconde croisade en 1146, et obtient l’indépendance de Cîteaux par rapport à Cluny.

A sa mort en 1153, il laisse derrière lui plus de 160 moines à Clairvaux ; l'ordre compte près de 350 abbayes et la moitié des moines français sont cisterciens ! A la fin du XIIè, l’ordre compte 530 établissements, et 700 à la fin du XIIIè.

L'ordre prône une architecture austère : sobriété et dépouillement sont l'expression de la morale et de la théologie cistercienne : le luxe et le faste sont bannis et tout élément de décoration jugé superflu est supprimé (sculptures et peintures notamment). Seules des feuilles d'eau faisant référence à l'origine de l'ordre sont fréquemment représentées sur des chapiteaux. L'absence de clocher dans les églises des monastères traduit très bien ce refus de toute marque ostentatoire de puissance. Aussi les abbayes romanes cisterciennes sont elles parmi les plus belles des créations architecturales (Sénanque, le Thoronet, Flaran, Fontenay, Fontfroide, Pontigny…)

A partir du XIIIè siècle, l’ordre connaît lui aussi des difficultés : il commence à s’enrichir et la discipline se relâche. D’autres ordres naissent, qui lui font une sérieuse concurrence par leur esprit de pauvreté et de dépouillement tout nouveau : les ordres mendiants Franciscains et Dominicains.

3.3.2. Autres ordres

3.3.2.1. Les Prémontré

En 1120, près de Laon, Robert de Xanten, un noble riche converti à l’esprit de pauvreté, fonde à Prémontré, près de Laon, une communauté de chanoines réguliers alliant la pratique de leur sacerdoce séculier avec la vie régulière des moines. Nommé archevêque de Magdeburg (où les clercs, mécontents de ses réformes, tenteront de l'assassiner), il voit de son vivant la fondation d'une dizaine de communautés prémontrées à travers l'Europe. Sa réforme s’adresse plus directement aux chanoines séculiers, un peu dans l'esprit de Cîteaux, mais ses chanoines continuent leur travail pastoral auprès de la population rurale, ce qu'interdisait la grande abbaye bourguignonne.

3.3.2.2. Grandmont

Etienne de Muret (1048-1125), un noble lui aussi, après un séjour à la cour pontificale, se retire en Limousin, dans la forêt de Muret près d’Ambazac pour y vivre en anachorète tout en dispensant son enseignement de pauvreté à quelques compagnons qui deviennent ses disciples. Après sa mort, ceux-ci établissent l’abbaye de Grandmont, dont la règle est aussi austère que celle de Cîteaux et qui prévoit l'organisation de petits prieurés dont l'église et les bâtiments sont réduits à la plus grande simplicité… Grâce à l’appui de Henri II Plantagenêt et de son Epouse Aliénor d’Aquitaine, l’ordre se développe rapidement et compte à la fin du XIIIè plus de 160 établissement et 1 200 religieux. L’ordre périclitera à partir de la fin du XIVè pour finalement disparaître au XVIIIè.

3.3.2.3. Fontevraud

Robert d’Arbrissel (1045-1116), défenseur acharné de la réforme grégorienne, chassé à cause de cela par les clercs du diocèse de Rennes, se retire en forêt de Craon où il mène la vie ascétique de l'ermite. Une troupe de disciples se rassemble autour de lui, pour lesquels il fonde à La Roë une abbaye de chanoines réguliers. En 1096, il prêche devant Urbain II à Angers. En 1098, il reprend la vie errante. Son talent de prédicateur attire à lui une troupe de pénitents des deux sexes qui dorment en plein bois, ce qui attire au « maître » les reproches de l'évêque Marbode de Rennes. En 1101, il fixe sa troupe dans le vallon de Fontevraud, sur la rive gauche de la Loire, non loin de Saumur et organise alors de manière plus stricte sa fondation : il la divise entre hommes et femmes et confie l'administration de la communauté à une prieure. Ses prieurés de femmes dirigés par l'abbesse de Fontevraud, assistée des frères qui célèbrent les offices et assurent la subsistance des religieuses (jamais moins de douze, parfois plus de 100 dans chaque communauté) se multiplient aux XIIè et XIIIè siècles en France, en Espagne et en Angleterre - avec parfois des constructions somptueuses comme à Villesalem - pour surveiller les domaines appartenant à la fondation.

3.3.2.4. Les Chartreux

En 1084 en Dauphiné, Bruno de Cologne (1030-1101) chanoine de la cathédrale de Reims, se retire dans le massif de la Grande Chartreuse pour y vivre une vie d’ermite. Appelé par le Pape Urbain II en 1090, il fonde un second ermitage en Calabre où il meurt. A sa suite ses disciples rédigent les règles de l’ordre en 1127.

Cet ordre est un des plus austères : les religieux observent une clôture perpétuelle, un silence presque absolu, de fréquents jeûnes et l'abstinence entière de viande ; ils se consacrent à la vie contemplative et aux travaux manuels. Architecture et décor, église, cloître et bâtiments réguliers sont également réduits à la plus grande simplicité.

3.3.2.5. Les Templiers

L'ordre des Chevaliers de la milice du Temple est fondé en 1119 par Hugues de Payns et Godefroi de Saint Amour, pour la défense des pèlerins en Terre Sainte. Sa règle est rédigée par Bernard de Clairvaux. Il s'enrichit rapidement de nombreux domaines et forteresses, puis sert de banque aux pèlerins et bientôt aux rois. L’ordre achète Chypre à Richard Coeur de Lion en 1191, mais la population se révolte, et l’île est revendue aussitôt à Guy de Lusignan.

Après la perte de la Terre Sainte, l'ordre se retire dans ses possessions européennes. En butte à de nombreuses hostilités, l'ordre est persécuté à partir de 1307 par Guillaume de Nogaret et Philippe IV le Bel : en mai 1310, 54 Templiers sont exécutés. Le grand maître de l'ordre, Jacques de Molay, est exécuté en 1314, et les biens des Templiers sont transmis aux Hospitaliers. En France, la plus grande partie est absorbée par le trésor royal.


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