Le monde roman : hommes et culture
4. La renaissance religieuse
La régénération du clergé
Le pèlerinage
La route de Saint Jacques, le « Camino Santo »
4.1. La régénération du clergé
La renaissance religieuse initiée par la réforme grégorienne se traduit entre autre par la régénération du clergé, oeuvre de Cluny, puis de saint Bernard et d'ordres nouveaux.
Dans les villes et les campagnes, les églises paroissiales, généralement entre les mains des fondateurs, ou de leur famille, châtelains ou riches laïcs, passent sous contrôle des abbayes, et plus particulièrement de Cluny, contre l'assurance d'une sépulture et de prières pour le donateur et les siens. Ce transfert des églises paroissiales aux monastères est achevé dans la deuxième moitié du XIIè siècle et là où il n’y a pas d’église, les moines en construisent. Tandis qu'en ville, églises et chapelles ne deviennent paroissiales qu'à la fin du XIIè et au XIIIè siècle, dans les campagnes, elles le sont dès le XIe siècle avec un desservant nommé par le père abbé.
Abbayes, monastères et prieurés connaissent à nouveau le succès dont ils avaient joui à l'époque mérovingienne. Considérable est le rôle du moine au Moyen Âge, du point de vue non seulement religieux, mais économique et artistique. Tous les ordres, les nouveaux et les anciens reconvertis par la réforme grégorienne, connaissent aux XIè et XIIè siècles une incroyable prospérité. Les novices affluent de tous côtés, assoiffés de pénitence. Des centaines d'abbayes et de prieurés s'élèvent dans les faubourgs des villes et dans les campagnes ; les vieilles abbayes bénédictines, restaurées, agrandies, remises au goût du jour, retrouvent leur rôle culturel passé. Dans la paix des cloîtres, les écoles et les ateliers se développent (Cluny, Marmoutier, Le Bec, Saint Bertin, Saint Amand, Prémontré). Copistes de manuscrits, miniaturistes, peintres, sculpteurs, orfèvres et architectes sont partout à l'œuvre…
La bonne administration des biens des abbayes et des évêchés rend toute leur richesse aux menses épiscopales et aux prébendes capitulaires. En Allemagne, l'empereur Henri II (1074-1024) va jusqu'à amputer les abbayes d'une partie de leur domaine pour reconstituer celui des évêchés, dévoré par les laïcs qui en étaient bénéficiaires.
Dans le monde séculier, la cathédrale, son cloître et les bâtiments qui dépendent de l'évêque et du chapitre redeviennent le centre religieux et culturel du diocèse. De nombreuses églises sont construites par les chapitres des chanoines, ces collégiales contribuent à la régénération des fidèles en milieu rural… A la fin du XIè et au XIIè siècle, les écoles épiscopales sont assez célèbres pour concurrencer celles des abbayes (Reims, Laon, Chartres, Paris) et attirent la jeunesse studieuse de France, d'Angleterre, d'Allemagne, de Souabe et d'Italie, avide de l’enseignement des Abélard, Fulbert, Yves et Thierry de Chartres, Gilbert de la Porée, Anselme de Laon…
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