Le monde roman : hommes et culture
1.4. Les progrès du XIè
L’émulation entre le roi et les seigneurs, grands féodaux et petits châtelains, évêques et chapitres, abbés et les moines, entraîne la construction d'un grand nombre d'églises, cathédrales et abbatiales, la fondation de monastères et aussi de chapelles. Le chroniqueur André de Fleury loue l'abbé Gauzlin, bâtard d'Hugues Capet, d'élever à Saint-Benoît-sur-Loire « une tour si grande qu'elle sera donnée en exemple à toute la Gaule ». Robert le Pieux soutient la construction de cette même abbaye, où est enseveli en 1108 le roi Philippe Ier, et de celles de Saint-Aignan d'Orléans, Poissy, Etampes, Saint Germain des Prés à Paris. Parmi les grands constructeurs, les ducs de Normandie, les comtes d'Anjou Foulques Nerra et son fils Geoffroi Martel, les comtes de Bretagne, les ducs d'Aquitaine et de Bourgogne, les comtes de Toulouse, de Blois et de Champagne, et en Allemagne, Otton le Grand et ses successeurs.
Dans le calme revenu, l'agriculture se développe, la population rurale croît et avec elle la construction de nouvelles églises paroissiales. L'exemple est donné par les Bénédictins de Cluny puis par les Cisterciens qui vivent uniquement du travail de leurs mains : les paysans reçoivent une maison, des terres, des instruments de culture, un cheptel et aussi une église dont la nef est entretenue par eux et le choeur par le principal décimateur - c'est-à -dire par le titulaire du bénéfice qui a droit de lever la dîme ecclésiastique dans la paroisse. Les routes sont ouvertes aux échanges : le commerce des draps d'Angleterre, des Flandres et du Nord de la France s’intensifie avec Saint-Gilles-du-Gard, Milan, Lucques, Messine, au milieu du XIIè siècle. Les routes bien entretenues relient entre elles les villes, les abbayes, les carrières aux chantiers ; ces routes sont surveillées et protégées. Dans la première moitié du XIIè siècle, la paix du roi s'étend sur le royaume : avec elle apparaissent prospérité et richesse, mère des arts.
Vers 1050 dans toute la France, un peu plus tôt en Normandie et en Flandre, commence l'ère des repeuplements. Les paysans et les moines, rassurés par l'autorité énergique du roi et des seigneurs, défrichent les landes, irriguent les régions sèches, drainent les marais, remettent en culture les terres abandonnées, même en Beauce, et font reculer la forêt - source de richesse puisqu'elle procure bois de chauffage, bois de charpente, nourriture pour les troupeaux et abrite le gibier, base de la nourriture seigneuriale - mais qui doit céder la place à la culture.
Chapitre précédent | Chapitre suivant |