Le monde roman : hommes et culture
2. La réforme grégorienne
L’Eglise en crise
La réforme
Les étapes
Bilan de la réforme grégorienne
L'église romaine a derrière elle plus d'un millénaire. C'est à la fin du XIè siècle qu'elle connaît une de ses plus profondes mutations, de même importance que la Réforme luthérienne : c'est la réforme grégorienne, ainsi appelée à cause du rôle qu'y a joué Grégoire VII (1073-1085).
Initiée par Léon IX d’Eguisheim (1049-1054), cette réforme dépasse largement l'oeuvre de Grégoire VII. C'est entre 1054 et 1139 (deuxième concile du Latran) que les modifications sont les plus importantes, mais elles se prolongent jusqu'en 1215, (IVè concile du Latran, point d'orgue de la réforme). C'est donc un siècle et demi de bouleversements que vont vivre l’Eglise et la société féodale.
2.1. L’Eglise en crise
Avec le déclin du pouvoir carolingien et les invasions en occident, l'Église et la chrétienté souffrent à divers degrés de maux et de désordres liés à l'insécurité et à l'absence de pouvoir central fort : cette crise se manifeste dans de nombreux domaines :
2.1.1. La « féodalisation » du clergé
De nombreux évêques sont devenus des seigneurs totalement impliqués dans le système féodalo-vassalique. Des principautés ecclésiastiques se forment peu à peu, comme par exemple celle de l'archevêque de Reims ou de Strasbourg qui possèdent des prérogatives comtales (ban, pouvoir de frapper monnaie et de lever les impôts). Les paroisses rurales sont aux mains des seigneurs laïcs qui nomment à leur tête des desservants peu instruits, parfois de simples serfs. À l'ouest du royaume de France, les princes contrôlent leur clergé : le duc de Normandie donne l'investiture aux évêques de sa principauté qui deviennent ses vassaux et lui doivent les mêmes services que les vassaux laïcs : l'ost, le service armé. Certains clercs participent aux combats et des évêques normands prennent part à la bataille d’Hastings en 1066. Les clercs s'éloignent ainsi de leurs fonctions pastorales et religieuses.
2.1.2. Le nicolaïsme et la simonie
Le nicolaïsme touche quelques évêchés et le principe du célibat et de la chasteté des prêtres est battu en brèche dans de nombreuses régions. L'archevêque Robert d'Évreux a un fils qui devient comte d'Évreux.
La simonie sévit partout : les prêtres font le commerce des sacrements, s'adonnent au trafic des reliques et en tirent des revenus substantiels (Manassé de Reims).
Les ordres monastiques se relâchent et s’enrichissent sans vergogne ; dans les monastères et les abbayes, la règle de saint Benoît est de moins en moins respectée ; les mœurs des moines se relâchent.
2.1.3. La faible christianisation des consciences
D'une manière générale, la société est peu chrétienne. L'Église souffre des violences qui s'exercent à l'encontre de ses biens et de ses personnes, des guerres permanentes entre seigneurs qui dévastent des régions entières, semant mort et misère.
En même temps, des hérésies, certes très limités mais très nombreuses détournent les fidèles de l'Église et sont également un facteur de troubles sociaux qui conduisent les pouvoirs temporels à intervenir
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