La déportation au Luxembourg
3. La législation anti-juive
Pour les Juifs qui restent, Simon ne perd pas une minute pour aligner la législation du territoire sur celle du Reich. En quelques semaines, il fait approuver par Hitler les projets d'ordonnance de définitions, d'expropriation et de concentration. Le 5 septembre 1940, un décret d'expropriation est confié au Gauinspektor Ackermann : la population est recensée et ses biens répertoriés. 335 entreprises sont juives, dont 75 sont « dignes » d'être aryanisées. Les Administrateurs sont des Allemands de souche luxembourgeoise. Les 380 exploitations agricoles sont affermées à de nouveaux gestionnaires ou vendues. Le mobilier est mis à la disposition de la Zivilverwaltung, de la Reichsbahn, de la Reichspost, de la Hitlerjugend.
Ce même 5 septembre, Simon exige de la Commission administrative luxembourgeoise de prendre des mesures contre les fonctionnaires, médecins, dentistes et avocats juifs. Le 1 octobre 1941, tout argent liquide appartenant aux Juifs doit être déposé sur un compte bloqué auprès d’une banque au Luxembourg. Par mois, un Juif n’a droit qu’à 250 Reichsmarks au maximum. Comme on leur interdit pratiquement toute activité professionnelle, beaucoup de Juifs se voient forcés de demander l’autorisation de pouvoir vendre leurs meubles et autres biens pour subvenir à leurs besoins journaliers. Le 7 février1941, les biens des Juifs et autres émigrés qui ne sont pas rentrés au Luxembourg au 1 février 1941 sont confisqués par l’administration allemande.
Le 29 juillet 1941, un nouveau décret réglemente strictement la vie juive: les Juifs sont pratiquement exclus de la vie publique. Ils ne peuvent plus se déplacer librement. Le 29 septembre, ils sont astreints à porter le nom additionnel d’Israël pour les hommes et de Sara pour les femmes ; le 14 octobre, le port de l’étoile jaune est rendu obligatoire. Entre novembre 1941 et juin 1942 d’autres décrets pleuvent : les Juifs sont spoliés de leurs radios, bicyclettes, appareils photos, jumelles, machines à écrire, vêtements et autres objets textiles, lampes de poche, couverts en argent, bijoux, gramophones, appareils électroménagers, séchoirs, aspirateurs, fers à repasser, etc.
Par ailleurs les Juifs sont aussi astreints aux travaux forcés : Le 16 mai 1941 la synagogue de Luxembourg est fermée par les Allemands. Les travaux de démolition de la synagogue commencent en juillet et seront en partie réalisés par les Juifs. Il en est de même pour la synagogue d’Esch-sur-Alzette qui est démolie à partir du 3 juin. En septembre 1941, Quelques centaines de Juifs sont affectés aux travaux forcés dans le pays, une centaine d’autres dans des carrières à Nennig, sur le chantier de l’autoroute de l’Eifel et dans les usines Paul Wurth.D’autres construisent un camp de transit spécial, le « SS Sonderlager Hinzert ». On n’en aura guère besoin.
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