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1893 : l’esprit de revanche, symbolisé par la reconquête de l’Alsace, est de plus en plus présent en France |
Entre 1911 et 1914, le problème de l'appartenance nationale se pose d'une façon cruciale sous la pression des militaires, en particulier à l'occasion de l'affaire de Saverne, lorsqu'un jeune lieutenant prussien a qualifié de Wackes (voyou) les recrues alsaciennes, ce qui a suscité une vive émotion dans l'opinion (1913).
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Le parlement d’Alsace Lorraine à Strasbourg |
Après avoir abrogé en 1902 l’article de l’état de siège permanent concernant la dictature en Alsace Lorraine (le Statthalter se voit retirer ses pouvoirs illimités), La Diète fédérale et le Parlement de Berlin votent le 31 mai une nouvelle constitution pour l’Alsace Lorraine qui se traduit par un régime de « liberté surveillée » : un Landtag remplace la « Délégation d’Alsace-Lorraine » : l’Alsace reste « Terre d’Empire » sur laquelle l’Empereur exerce l’autorité suprême au nom du Reich. Les deux assemblées de Berlin perdent leur tutelle et le pouvoir législatif est transféré à un Landtag formé de deux chambres. La première comporte 42 membres : 18 nommés par l’Empereur, 18 nommés par les corps constitués professionnels (Eglises, Chambre de commerce, Université...) et 6 élus. La seconde comporte 60 membres élus pour 5 ans au suffrage universel.
Les deux Chambres peuvent légiférer et voter le budget, mais les décisions doivent être prises à l’unanimité et obtenir l’aval de l’Empereur. L’Alsace Lorraine sera enfin représentée à la Diète de Berlin (Bundesrat) par trois délégués désignés par le Statthalter.
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Eugène Ricklin |
Pour Wetterlé et son mouvement, « Nous sommes roulés... ». Pour les autonomistes centristes de l’abbé Haegy, c’est une semi-liberté perfectible. Pour les Allemands, c’est un cadeau princier... Aux élections d’octobre de cette diète, Il y a 184 candidats pour 60 sièges : La participation est de plus de 80%. L’Alsace désigne 40 délégués : C’est une victoire pour les centristes de Haegy avec 19 élus ; les sociaux démocrates ont 11 élus, les libéraux 9. L’Union Nationale des Alsaciens-lorrains, mouvement protestataire créé par Wetterlé le 29 juin, subit un cuisant échec avec un seul élu de justesse au second tour, l’abbé Wetterlé. Le docteur Ricklin est élu président de la chambre.
Le lieutenant baron von Forstner du 99è régiment de Grenadiers stationné au château Rohan de Saverne avait l’habitude de traiter les recrues alsaciennes du régiment de « Wackes » (Voyou, vaurien, filou...) et d’insulter le drapeau français. L’affaire est ébruitée et très rapidement elle s’empare de l’opinion publique, cristallisant non seulement la colère des Savernois, mais celle des Alsaciens et des Français.
A Saverne la tension monte entre Allemands et Alsaciens, d’autant plus que Reuter, commandant militaire fait tout pour la maintenir. Finalement le Kaiser lui-même s’en mêle et pour calmer tout le monde fait muter le 99è grenadier à Bitche. Cette affaire est révélatrice de la tension qui subitement monte entre Alsaciens et occupants, alors que s’approche le spectre de la guerre.
 | Von Forstner |
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 | Von Forstner va faire ses emplettes à Saverne, dûment accompagné de sa garde personnelle, sous les quolibets des gamins… |
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 | L’affaire de Saverne, vue par Hansi |
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