L’Alsace au XVIè siècle
2.2. Le morcellement territorial
La Haute Alsace
La Basse Alsace
La décapole
Les états provinciaux d’Alsace
L'apogée de Strasbourg
Vie économique et sociale
2.2.5. L'apogée de Strasbourg
Au début du XVIè, la ville de Strasbourg est à son apogée. Sa constitution se développe avec son magistrat et son conseil, le collège des échevins et diverses commissions. La ville est dirigée avec prudence par le patriarcat d'affaires. Vers l'extérieur, la « République » sait se faire respecter, justifiant l'éloge d'Erasme à Wimpfeling en 1514 : « J'ai vu une monarchie sans tyrannie, une aristocratie sans factions, une démocratie sans désordre, de la richesse sans le luxe, le bonheur sans l'orgueil. Peut-on imaginer bonheur plus grand que cette harmonie ? »
2.2.5.1. Humanisme et renaissance
Depuis le XVè la ville est devenue un centre d'humanisme, de savants, d'artistes. Le plus célèbre est incontestablement Jean Gutenberg. La réforme s'introduit rapidement dans la cité : dès 1529 la doctrine de Luther est adoptée officiellement. Mais la ville accueille aussi les adeptes de différentes tendances protestantes (Calvinistes).
L'instruction se développe rapidement. La renaissance produit de belles demeures : Hôtel de Ville (Chambre de commerce), Grande boucherie (Musée Historique) et de nombreuses maisons patriciennes.
L'excellente situation financière, le développement de l'artisanat, le commerce et les affaires économiques procurent à la ville un grand essor économique. Cette brillante situation, la ville en est redevable à l’un de ses plus remarquables citoyens, Jacques Sturm de Sturmeck.
2.2.5.2. Jacques Sturm de Sturmeck : 1489 - 1553
Issu d'une vieille famille strasbourgeoise, Sturm possède une remarquable culture humaniste. Dès 1524 il est membre du conseil et de divers collèges, et joue un rôle prépondérant dans la direction des affaires municipales, notamment dans la question de l'enseignement. Dès 1526 il est élu « Stettmeister » et let sera encore à diverses reprises. Pendant de longues années, il représente la ville dans toutes les conférences politiques et religieuses et se distingue par sa politique mesurée et habile, par son idéalisme et la hauteur de ses vues. Il défend la ville avec succès, mais devient aussi l'orateur d'autres cités, assurant ainsi à Strasbourg un rôle de chef de file.
Or les temps sont difficiles : Réforme, lutte entre la maison des Habsbourg et la France... Strasbourg adhère à la ligue de Smalkade en 1530 et négocie une alliance avec François Ier. Mais en 1547 Charles Quint bat la ligue, mettant Strasbourg dans une situation délicate. Grâce à l'habileté de Sturm lors de la négociation de Nördlingen, la ville garde tous ses droits. Eu 1552 quand Henri II de France, allié à la ligue prend Metz, Toul et Verdun puis s'avance jusqu'à Brumath, la ville reste fidèle à l'Empereur et ferme ses portes au roi qui rebrousse chemin.
Jacques Sturm meurt en 1553 à Breuschwickersheim dans un semi exil. Fondateur de la grandeur de la cité, il fut un brillant personnage qui domina toute son époque.
Malheureusement après sa mort la ville décline rapidement, en raison de la guerre dite « du Grand Chapitre » (1583ss), de l’intransigeance d’une nouvelle classe politique montante ultra-luthérienne et de la « Guerre des Evêques » (1592-1604) qui entraîne la ruine financière de la ville.