Le Reich Protektorat
2.6. Institution d’une administration juive spécifique
Les Nazis vont enfin utiliser l'appareil administratif Juif interne préexistant pour achever leur oeuvre de destruction. Jusqu'en 1933, l'appareil Juif est décentralisé. Dans chaque ville, existe une « Gemeinde » avec son bureau (« Vorstand ») veillant au fonctionnement des écoles, synagogues, hôpitaux, orphelinats... La « Gemeinde » est autorisée à lever des taxes sur ses membres. Il existe aussi des fédérations régionales (« Landesverbünde ») exerçant un pouvoir de contrôle et de nomination des responsables (Bavière, Bade-Wurtemberg) ou étant simplement une assemblée de délégués des communautés locales (Prusse, Saxe). A lui seul, le « Landesverband » de Prusse rassemble 72% des Juifs d'Allemagne (Berlin, Frankfort/Main, Breslau, Cologne). La tendance générale de la vie Juive dans les années 30 va vers la centralisation. Au printemps 1933 apparaît une organisation juive centrale, très rudimentaire, la « Reichsvertretung der Jüdischen Landesverbände ». Cette tendance aboutit en 1939 à la Création de la « Reichsvereinigung der Juden in Deutschland » dont le président est Léon Baeck et le délégué général Heinrich Stahl.
Au départ, l'organisation fonde son action sur l'idée que les Juifs doivent « Tenir » dans l'espoir que la politique antijuive des nazis finirait par s'assouplir et laisserait aux Juifs un espace vital suffisant... Dans cette perspective, l'émigration constituer une solution... parmi d'autres. En 1935, cette position est déjà intenable : le régime impose à l'organisation un changement de nom symbolique mais très significatif : elle représente non pas les « Juifs allemands », mais les « Juifs d'Allemagne ». L'émigration devient alors un objectif central de l'organisation, ainsi que l'éducation professionnelle. En 1938 enfin, au moment où les Juifs perdent leurs positions dans l'économie et où les petites communautés, diminuées par l'émigration éprouvent de plus en plus de difficultés, l'organisation renonce à sa fonction représentative et devient une fédération nationale vouée à des tâches essentiellement administratives. Le 27 juillet 1938, les dirigeants juifs ordonnent à tout Juif vivant sur le territoire du Reich d'adhérer à l'organisation. En février 1939, l'organisation devient « Reichsvereinigung », « Union nationale ».
Le pas décisif est franchi lorsque la « Reichsvereinigung » passe sous l'autorité des nazis : le 4 juillet 1939 paraît le décret signé Frick (Intérieur), Hess (Délégué du Führer), Rust (Education) et Kerrl (Eglises) : il étend d'office la compétence de la « Reichsvereinigung » à tout l'Ancien Reich et aux Sudètes et réorganise celle-ci. Tous les Juifs classés tels aux termes de la définition légale nazie sont placés sous son autorité. La Police de sécurité reçoit pouvoir d'imposer à celle-ci des responsabilités supplémentaires (et donc d'en faire un instrument de destruction...) : la « Reichsvereinigung » va, avec ses divisions régionales et ses « Gemeinde », devenir un rouage essentiel du mécanisme de la déportation. Les Nazis ont agi de la sorte sans changement ni de personnel ni de dénomination au sein de la « Reichsvereinigung ». Les dirigeants de 1939 sont vraiment des dirigeants juifs, réellement représentatifs, et c'est pour cela que jusqu'au bout ils vont conserver leur statut et leur prestige, qu'ils vont être efficaces au service des desseins nazis... Ils vont devenir la courroie de transmission parfaite entre les destructeurs et les victimes dont ils sont les responsables... Ils rendent compte avec précision au RSHA des données démographiques de la communauté, informent la population juive des règlements allemands par la « Jüdisches Nachrichtenblatt » ; ils ouvrent des comptes en banque spéciaux, accessibles à la Gestapo ; ils concentrent les Juifs dans les immeubles désignés ; il finissent par se charger des préparatifs de la déportation en fournissant plans, listes, cartes, locaux, approvisionnement…
La « Reichsvereinigung », avec son homologue à Vienne et à Prague, va servir de modèle au « Judenrat » ou « Conseil Juif » qui va apparaître dans l'Est conquis et dont les activités vont se révéler désastreuses pour les Juifs.
Président du Présidium | Dr Léo BAECK, Rabbin |
Président délégué | Heinrich STAHL |
Membres du Présidium | Dr Paul EPPSTEIN Moritz HENSCHEL Philipp KOZOWER Dr Arthur LILIENTHAL Dr Julius SELIGSOHN |
Finances et communautés locales | Dr Arthur LILIENTHAL |
Paul MEYERHEIM | |
|
Dr Arthur LILIENTHAL |
Emigration | Dr Paul EPPSTEIN |
Dr Cora BERLINER | |
Viktor LÖWENSTEIN | |
Dr Julius SELIGSOHN | |
Erich GERECHTER |
|
Préparation à l'émigration | |
Dr Conrad COHN | |
Martin GERSON | |
Philipp KOZOWER | |
Education |
Paula FÃœRST |
Ilse COHN | |
Ilse COHN | |
Assistance | Dr Conrad COHN |
Hannah KAMINSKI | |
Dr Walter LUSTIG |
Chapitre Précédent | Chapitre suivant >>> |