Alsace : la maison alsacienne
1.3. Diversité de la maison alsacienne
Le village alsacien
Les particularités régionales
1.3.1. Le village alsacien
Il en faut peu pour donner à la maison alsacienne traditionnelle un charme exceptionnel: alliance de bleu, du blanc rideau,du poutrage rustique chêne et d’une brassée de fleurs ou domine le sang du géranium... (La maison alsacienne) |
L’habitat alsacien est un habitat groupé, sauf en montagne. Le village se présente en général sous deux types : le village-rue (« Strossedorf ») et le village-tas (« Hüffedorf »). Le village - tas est la forme primitive du village. Il se groupe autour d’une place centrale, souvent plantée d’un tilleul séculaire et lieu de rencontre et d’échanges. En général une rivière où un ruisseau traverse le village, générant jadis un autre point de rencontre traditionnel, le lavoir (« D’Wasch »). Souvent un moulin se situe un peu à l’écart du village.
Autour du village, l’ensemble des terres et des forêts forme le territoire (« d’r Bahn », l’« Etter »), délimité par des bornes et jalonné de croix, calvaires, ou « bancs reposoirs »...
Une particularité fondamentale du village alsacien est que les maisons sont toujours indépendantes les unes des autres et ne partagent jamais de mur mitoyen, comme cela est le cas en Lorraine. Chaque maison est une entité particulière, mais qui s’agence harmonieusement à l’ensemble du village. Cette individualisation reste fondamentalement soumise à la solidarité des autres maisons et finit par faire du village alsacien une parfaite harmonie d’édifices, de places, ruelles, puits, fontaines, tout ce qui confère au village alsacien ce charme nulle part ailleurs égalé.
Au sein même du village existe une hiérarchie qui se manifeste par la maison : il y a la maison des fermiers propriétaires ou « Herrenbauer ». Ceux là possèdent une ou deux grandes fermes cossues, bien ordonnancées, souvent au centre du village. Ils travaillent leurs propres terres ainsi qu’une partie des terres communales, ont droit prioritaire de pâture pour leur bétail...
Autour de leurs fermes, à l’entrée du village, les maisons plus humbles et modestes des « journaliers », simples ouvriers agricoles qui n’ont que la force de leurs bras. Ils possèdent quelques modestes biens, lopins de terres, poules, cochons, mais souvent doivent emprunter au fermier le cheval pour les labours et les gros travaux, contre une partie de leur récolte. Souvent enfin, à l’écart du village, vivent les nécessiteux, familles indigentes, véritablement « au ban » du village, subsistant d’expédients et de charité publique
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