Le camp de concentration de Theresienstadt
8.3. Robert Desnos, par J. Novosseloff
Jean Novosseloff« Robert le Diable, …..
celui qui partit de Compiègne accomplir jusqu'au bout sa propre prophétie, là -bas où le destin de notre siècle saigne… ».Robert Desnos, l'un des poètes du « Surréalisme » et ami d'André Breton est très vite devenu, dès le milieu des années 30, touché par la guerre civile espagnole, antifasciste et militant contre l'antisémitisme ; l'ancien pacifiste qu'il était écrit en 1938 : " Je chante ce soir non ce que nous devons combattre Mais ce que nous devons défendre… ».
« Après la « Drôle de guerre » il rentre en résistance intellectuelle contre Vichy dirigé par le « Maréchal Ducono » et l'occupant. Avec Youki, sa femme, dans l'appartement de la rue Mazarine ils reçoivent tous ceux qui partagent leurs idées, Eluard, Picasso et bien d'autres et à qui ils font partager leur optimisme. Il rentre ensuite dans le réseau de renseignements « Agir ». Son poste au journal « Aujourd'hui », dirigé par un inconditionnel de la collaboration Georges Suarez, va lui permettre de fournir de nombreux renseignements aux responsables Anglais du réseau. Il rentrera aussi en relation avec le mouvement « Combat » et Jean Bruller, c'est à dire « Vercors » l'un des fondateurs des éditions de Minuit où il signera de son pseudonyme « Pierre Antier » un poème « Ce cœur qui haïssait la guerre » où il clame sa révolte contre Hitler et ses partisans et sa foi pour « Ces cœurs qui haïssaient la guerre… et battaient pour la Liberté ».
« Il est arrêté, par un « triste Mardi-gras » neigeux du 22 février 1944 et quelques jours plus tard transféré au camp d'internement de Royallieu près de Compiègne. André Bessière relate minutieusement la vie dans ce camp, anti-chambre de la déportation, où il fera connaissance avec le poète, « amusé par son excentricité vestimentaire et décontenancé par son humour », dont l'arrivée dans ces tristes lieux s'est vite répandue. Desnos y retrouvera quelques connaissances dont Maurice Bourdet du « Poste parisien ». Plein d'énergie et d'imagination « Robert le Diable » est de toute les distractions intellectuelles du camp, c'est le poète racontant « le Surréalisme », sa vie et dialoguant avec tous les détenus, s'attirant de Vincent Badie, l'un des 80 [députés] qui surent dire non à Pétain, cette phrase : « Mes félicitations pour ces heures d'oubli que vous nous dispensez si généreusement ».
« Le 27 avril 1944, à cent vingt par wagon, c'est le départ pour un « hallucinant voyage » vers Auschwitz-Birkenau, quatre mois à peine avant que « le Veilleur du Pont-au-Change n'accueille les armées libératrices ». Quatre jours plus tard c'est l'arrivée dans ce que l'auteur appelle « les écuries de la mort » ou étonnamment et courageusement Desnos devenu le matricule 185 443 s'essaye à communiquer à ses camarades son optimisme. Devant l'horreur de ce camp, à la vue de ces milliers de détenus faméliques, et des menaces d'exterminations proférées par les « Kapos », pour Desnos et les quelques compagnons qu'il retrouve comme Rémy Roure une seule idée : « survivre et vivre pour témoigner… »
« Le 14 Mai nouveau départ, cette fois si pour le camp Buchenwald où l'enfer est à peu de chose près identique, « où les journées s'écoulent moroses, interminables, parfois interrompues d'incidents… » avec la faim comme compagne. Au début juin Robert Desnos et André Bessière vont être affectés dans le même commando de travail à Flöha en Saxe dans une usine de production des fuselages d'avions. Peu manuel le poète « déambule » avec un balai dans les ateliers, privilégié avec les colis de nourriture que lui fait parvenir Youki qu'il partage, permettant une bonne mais provisoire survie. Allongés sur le même châlit, touchante la relation que fait l'auteur de ses dialogues avec le poète, de ses bons mots et de ce rituel où Robert Desnos donne à ses compagnons ses consultations « Clé des songes » qui annoncent toujours le bonheur futur et la liberté. Dans le quotidien de Flöha, fin 1944, où la faim, le froid, la fatigue et la violence, dominent, l'on voit Robert Desnos entraîner ses compagnons à « vivre sa vie d'artiste » avec une verve animatrice et un entrain étonnant. Avril 45, tandis que les Alliés resserrent leur étau sur l'Allemagne, la faim et les mauvais traitements ont affaibli le poète, tandis qu'une nouvelle tragédie va commencer pour tous les déportés qui vont être jetés, par leurs tortionnaires, sur les routes Allemandes, pour former « les derniers convois de la mort ».
« Après trois semaines d'une marche épuisante, le 7 mai, veille de la cessation des combats, le convoi où se traîne Desnos épuisé arrive au camp de Theresienstadt. Robert Desnos rongé par la fièvre va rentrer à l'hôpital militaire russe, où les médicaments font défaut, « sa flamme » l'abandonnera, au matin du 8 juin1945. Encore une fois, merci à André Bessière, pour les deux très forts témoignages qu'il nous donne dans ce livre : celui remarquable et peu connu des dernières années du poète et celui terrible de vérité de l'horreur des camps exauçant ainsi l'un des vœux « du passant de la rue Saint-Martin » : celui de témoigner ».
Secrétaire Général-adjoint de l’association " Mémoire et Espoirs de la Résistance "
Fondation de la Résistance
http://www.fondationresistance.com/actualites/nousavonslu13.htm
Compte-rendu du livre d’André Bessière « Destination Auschwitz avec Robert Desnos »
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