Hitler ayant décidé de déclencher la guerre, un plan de quatre ans est lancé à l'automne 1936 par Göring, qui prévoit notamment de créer un camp de travail à Buchenwald, camp qui devra abriter 3.000 détenus. Ceux-ci devront utiliser l'argile locale pour fabriquer des briques. Cette décision s’inscrit dans la politique de la liquidation des petits camps régionaux au profit de grands ensembles regroupant zone d’internement, casernes et logements pour les SS et ateliers de production de la SS. Himmler demande donc au Gauleiter Sauckel la mise à disposition d’un terrain d’à peu près 60 hectares pour y détenir entre 3.000 et 8.000 personnes ainsi qu’un bataillon de 1.300 SS. Après de longues tractations, la municipalité cède un ancien domaine princier, l’Ettersberg, peu favorable à l’habitat.
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L'Ettersberg, près de Weimar : c'est là qu'est créé le camp de concentration de Buchenwald |
Le 19 juillet 1937 un kommando de reconnaissance de 149 « droits communs » arrive de Sachsenbourg et s’installe sur la colline de l’Ettersberg. Suivent le lendemain 70 autres « verts », venus de Sachsenbourg. Le 27 arrivent les premiers prisonniers politiques, le jour où Himmler baptise le camp « Buchenwald » (la municipalité nazie avait protesté contre l’attribution du nom « Ettersbeg » au camp…) Le 30 juillet arrivent 600 détenus du camp dissous de Lichtenberg. Le 6 août il y a 1.400 forçats sur les lieux, « verts », « rouges », et « violets ». On commence le défrichement de la colline, en épargnant un chêne dit « de Goethe » qui sera plus tard le centre du camp.
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Buchenwald : l’appel |
Peu à peu surgit une véritable « Ville-camp » avec ses édifices en dur, ses rues, ses usines... Une route reliant le camp à Weimar est construite : la construction de cette voie, la « Route du Sang », coûtera la vie à plus de 10.000 détenus. Fin 1937, il y a 2 912 détenus, tous Allemands : communistes, témoins de Jéhovah, droits communs, prisonniers de « Sicherheit » (sécurité). C’est Théodore Eicke, inspecteur général des camps depuis le 4 septembre 1936, qui supervise le camp et l’aligne sur le modèle de Dachau, qu’il a commandé de 1933 à 1936. Il nomme Karl Koch commandant du camp. Koch restera à ce poste jusqu’en 1941, et aura à ses côtés son épouse, Ilse, la « Chienne de Buchenwald », avant d’être accusé de corruption et de finir exécuté par les SS eux-mêmes…
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« Jedem das Seine », « A chacun son dû » : entrée du camp de Buchenwald avant la guerre |
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Buchenwald : fac-similé de la déclaration que les détenus « témoins de Jéhovah » devaient signer |
A cette époque, l’accent est avant tout mis sur la rééducation, car les plus dangereux opposants ont déjà été éliminés. Cela n’empêche par les SS de traiter les prisonniers avec mépris et dureté… Ainsi, dès leur arrivée, les « Häftlinge » doivent parcourir sous les coups des SS les 10 kilomètres séparant la gare de Weimar à la colline, au pas de course, en portant éventuellement les morts en cours de voyage. Cette pratique se prolonge jusqu’en 1943, lorsqu’entrera en service une gare à Buchenwald, construite pour les besoins de l’usine d’armement du camp et dont vont profiter les détenus…
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Buchenwald : 1937, arrivée d'un convoi de détenus |