Ravensbrück, camp de concentration nazi
7. Témoignages
Conditions de vie
Le Kommando vidange
Le couloir des fusillées
Gazages : le commandant parle
Uckermark
Le matin au camp
Les appels
Froid et intempéries
La nourriture
L’hygiène
Le travail
Les petites Tziganes
Les « lapines »
Les nouveaux nés
La résistance
Les punitions
7.13. Les « lapines »
Amicale de Ravensbrück et ADIR : Les Françaises à Ravensbrück, Gallimard, 1965.« En août 1942, une liste d'une vingtaine de noms est appelée. Les prisonnières sont emmenées. D'habitude ce genre de désignation correspond à une exécution. Mais cette fois, pas de bruit de coups de feu. Les femmes, de jeunes étudiantes polonaises de quinze à vingt-cinq ans, ont été emmenées au Revier et opérées de force. Jusqu'à l'automne 1943, des groupes de huit à dix Polonaises furent ainsi utilisés comme cobayes. Le dernier groupe se révolta et l'intervention eut lieu au cachot. »
« Les 75 « lapins » subirent des opérations similaires sur ordre du médecin SS Gebhardt. Il prélevait sur ces jambes saines des parcelles importantes de muscles, de nerfs, d'os, brisant, taillant, brutalement, du genou à la cheville. Souvent il procédait, dans les plaies ainsi créées, à des injections de cultures de bacilles divers, recréant des conditions d'infection semblables à celles qui se produisent en cas d'accident. Les opérés restaient au Revier des mois, dans le coma les premiers jours, puis retrouvant conscience pour trouver la douleur physique intolérable et la révolte. Pendant ces longs mois, elles étaient l'objet de la curiosité des médecins SS qui venaient regarder et manipuler les plaies infectées, ouvertes jusqu'à l'os, sans tenir compte de leurs souffrances. Six d'entre elles sont mortes après l'opération. »
« Un jour, bien que leurs plaies fussent loin d'être refermées, on les renvoya à leur Block. Elles n'intéressaient plus. Elles étaient installées au Block 32, Block des NN, et à ce titre considérées comme des condamnées à mort. Cinq d'entre elles furent fusillées au début de septembre 1943, pendant l'appel du soir. Les SS ont essayé de liquider les autres au début de février 1945, mais elles furent cachées et sauvées grâce à la solidarité de toutes. »