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Le camp de concentration de Oranienbourg - Sachsenhausen

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9. TĂ©moignages

Les Kommandos, par Sachso
La vie quotidienne, par Sachso
SĂ©vices et mort, par Sachso
Fusillades avant l’évacuation, par Sachso
Le procès Kaindl
Le massacre des P.G. Soviétiques, par R. Franqueville
Les repas, par A. le Bihan

9.1. Les Kommandos, par Sachso

Kommando Speer

« Accolé au kommando Klinker, dont les hommes travaillent et logent sur place dans un petit camp annexe, Speer est un vaste chantier de récupération de matériaux de toutes sortes, une gigantesque foire à la ferraille, qui doit contribuer à fournir au Reich des matières premières que la guerre rend de plus en plus rares. 2 000 détenus y travaillent pour le plus grand profit de l'un des dignitaires du IIIe Reich, Albert Speer, ministre de l'Armement. »

« Rien qu'au dépiautage de câbles téléphoniques et électriques hors d'usage, 300 détenus récupèrent en deux mois, selon des statistiques retrouvées pour septembre et octobre 1942, 476 tonnes de matériel : 112 tonnes de cuivre, 321 tonnes de plomb, 415 kilos de papier d'étain, 1 600 kilos de gutta-percha, etc. De l'Europe pillée, de l'Allemagne bombardée, péniches et wagons apportent au kommando Speer des débris d'avions, des tôles de bateaux, des carcasses de voitures, des monceaux de fils gainés dans des conduites de plomb, du matériel de guerre réformé, des moteurs, projecteurs, postes de radio, etc. D'autres péniches, d'autres wagons remportent les éléments décortiqués, triés, classés, vers des usines aux fins de retraitement et de transformation. C'est dire qu'à Speer les durs travaux de manutention dominent, et que la réputation du kommando est aussi mauvaise que celle de son voisin Klinker. Il y a cependant une différence entre les deux : si Klinker est devenu un petit camp avec ses Blocks et son organisation propre, Speer demeure un kommando extérieur dont les hommes rejoignent chaque soir le grand camp. Avec le trajet du matin, cela fait 6 kilomètres par jour au pas cadencé. Le soir, le retour est aggravé par une corvée particulière imposée aux détenus du kommando Speer. »

« Après la journée déjà pénible, nos peines ne prennent pas fin en quittant Speer. Au passage, devant la briqueterie de Klinker, à grands coups de « gummi » pour précipiter le mouvement, nous devons prendre une brique sous chaque bras. Cela peut apparaître comme n'étant pas excessif. Mais après une journée harassante, marcher pendant 3 kilomètres sans pouvoir s'aider du balancement naturel des bras devient vite très pénible. Malheur en plus à celui qui a la dysenterie ou envie d'uriner. Il faut se soulager en marchant, car il est interdit de s'arrêter et de poser ses briques. On ne peut s'en débarrasser qu'à l'arrivée. Près de 4 000 briques sont ainsi rapportées chaque soir : économie, pour les SS, d'un transport par camion. »

Kommando Klinker : Le Schwartzkommando

« La première travée est l'atelier d'usinage des grenades. Quatre chaînes sont prévues, mais deux seulement fonctionnent en 1944 avec de nombreuses machines, des tours Maserati, notamment, provenant du pillage des usines de l'Italie du Nord, après le 25 juillet 1943 et la chute de Mussolini. À droite ce sont les chambres de séchage des briques, sortes de longs couloirs de deux mètres de large et 2,5 mètres de haut, dans lesquels stationnent encore de rares wagonnets de briques crues. Au centre, un grand hall, avec un pont roulant, sert d'aire d'attente et de stockage. À gauche, les fours de cuisson des briques utilisés aussi pour la recuite des grenades sont alimentés deux par deux par un générateur de chaleur Deutz, espèce de haut fourneau vertical tournant lentement sur son axe. La surveillance du travail est assurée par des contremaîtres civils allemands, reconnaissables à leur brassard noir frappé des lettres gothiques blanches DEST. »

… « Nous respirons un air chargé de poussière de charbon, imprégné d'acide, qui ne tarde pas à mettre les poumons dans un état lamentable. Aucun tablier protecteur, pas de gants. Au bout d'une semaine, la peau des doigts est complètement brûlée par l'acide qui s'échappe des batteries. La moindre écorchure s'infecte et devient furoncle ou phlegmon. Nos effets s'en vont en lambeaux et la crasse noire qui nous défigure ne part légèrement qu'avec du sable. Après trois mois, je suis méconnaissable. »

Kommando Heinkel

« Ici, l'usine et le camp ne font qu'un. Les barbelés électrifiés, les miradors ceinturent un vaste espace boisé où alternent les Blocks de déportés et les halls de fabrication du constructeur d'avions Ernst Heinkel. La mortalité est très grande parmi les Français. L'hiver 1942-1943, très rigoureux, et les longues stations sur la place d'appel battue par un vent glacial, les rations insuffisantes de rutabagas, de pommes de terre et de pain noir, les fatigues du travail forcé, la répression dans les halls et dans les Blocks déciment les rangs. Quand, en mai 1943, une grande partie de la seconde vague des déportés venant de Compiègne arrive à son tour à Heinkel, la moitié de ceux qui sont là depuis février a été exterminée. »

… « Sur un état des détenus au camp de travail Heinkel dressé par les Allemands eux-mêmes le 13 février 1945, on ne relève les noms que de 979 Français. Mais en février 1943, ils sont déjà plus d'un millier, si bien qu'avec les pertes très lourdes du début, les apports et les départs qui se sont succédé en deux ans, on peut estimer à quelque 3 000 le nombre total des Français passés à Heinkel »

Kommando Falkensee de Staaken

« Ce Block est terrible et nous y vivons comme des bêtes, avec pour chef un criminel allemand condamné pour meurtre. Nous couchons à même le sol de béton, sur de minces sacs remplis de copeaux. La couverture, pleine d'excréments séchés, est écœurante. Le soir au coucher et surtout le matin au réveil, il faut marcher les uns sur les autres. La nuit, on étouffe; il n'y a ni fenêtre, ni aération. »

Le kommando de travail.

« Rythme journalier marqué par l'immuable retour de ces temps forts que sont le réveil, les appels, le travail, les retours au Block. Le tout sur une trame d'angoisse et de sourde terreur, sur un fond de cris, d'ordres, de contrordres et d'aboiements dominant plaintes et gémissements et faisant chavirer la raison. »

« Le réveil à 3h 30 l'été et 4h 30 l'hiver, signalé par le tintement de la cloche, c'est d'abord, chaque matin, la prise de conscience brutale de la réalité du camp et le début d'une longue et douloureuse journée qui porte ses menaces dès la première minute. Le préposé au dortoir entre en hurlant, tire les couvertures et manie la trique avec vigueur. Vite, vite, debout, fais ton lit au carré, sans un pli. Dix fois, vingt fois, au gré de ton tortionnaire il faudra recommencer. Vite, vite, torse nu, ta serviette sous le bras, précipite-toi au lavabo. À la porte t'attend un autre préposé, toujours avec la trique. Vite, vite, essaie de faire une vague toilette, la tête sous le robinet; à la sortie, on t'attend, courbe l'échine sous les coups qui pleuvent ; vite, vite, remets tes loques, enfile tes claquettes. Vite, vite prends ta place au réfectoire, avale ton jus de gland, cet ersatz nommé café. Dévore ta portion de pain noir, nauséabond et chargé d'eau. Surtout, ne le perds pas un instant du regard, sinon il va disparaître, se volatiliser. Et c'est très long et très dur une journée sans pain. »

Amicale d’Orianenburg – Sachsenhausen Sachso, Paris, Minuit 1982.
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