Alsace : l’art roman en Alsace
2.5. Objets d’art : ferronnerie et orfèvrerie
Introduction
Ferronnerie
Orfèvrerie
2.5.3. Orfèvrerie
Les rares travaux d'orfèvrerie conservés ne semblent pas devoir être attribués à des ateliers locaux. Toutefois les textes font connaître deux ateliers monastiques alsaciens de l'époque romane. Au XIè, celui de l'abbaye d'Ebersmunster, dirigé après 1040 par l'abbé Willo, orfèvre lui-même ; son activité se poursuit sous l'abbatiat d'Adelgaud, lequel y fait forger en 1077 la couronne de Rodolphe de Rheinfelden, le concurrent et adversaire de l'empereur Henri IV. Au XIIè, c’est l'atelier de Marmoutier, connu par deux textes : la chronique de Muri signale une grande châsse en bois recouverte d'ivoire à représentations sculptées qu'un certain Adalbert avait rapportée de Marmoutier, et une charte du fonds de Marbach mentionne que frère Balderat, dirigeant la cour domaniale de Marmoutier à Eguisheim, avait confectionné et offert à l'église paroissiale du lieu en 1150 une châsse contenant des reliques de saint Martin.
De tous les riches trésors des églises d'Alsace, n’ont été sauvés que de rares éléments :
2.5.3.1. Les châsses de Reiningue
Deux châsses du XIIè siècle proviennent du prieuré des chanoines réguliers de Saint Augustin d'Oelenberg, fondé par la mère de Léon IX, Helwige d'Eguisheim ; elles sont conservées aujourd'hui dans l'église de Reiningue (Haut-Rhin) :
Reiningue : La petite châsse |
- La grande châsse, dite de « Saint Roman », d'argent partiellement doré sur âme de bois, est une oeuvre remarquable, ornée d'arcatures sous lesquelles se détachent le Christ en majesté entre les apôtres et la Vierge entourée de saints ; rampants à médaillons et rinceaux, oeuvre signée du monogramme « G. W. ». Ces reliefs datent d’environ 1150-1160.
- La petite châsse, le « Petit reliquaire » avec arcatures plus simples, présente pareillement le Christ bénissant entouré de vierges sages et de vierges folles, et la Vierge avec des religieuses ; médaillons de même sur les rampants. Les reliefs n'ont pas la qualité de ceux du reliquaire de Saint Roman et pourraient être l’œuvre d'un orfèvre local. Ils sont d'une date plus récente.
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2.5.3.2. La croix d’Orbey
La croix processionnelle d'Orbey avec Christ et argent et émaux champlevés. Elle provient probablement de l'abbaye cistercienne de Pairis fondée en 1138. Il y a une certaine parenté avec les personnages de la Châsse de Saint Héribert de Deutz en Rhénanie ; on peut en conclure à un travail de l'école mosane, dont l'exécution se situerait entre 1155 et 1175.
2.5.3.3. Le buste reliquaire de saint Cyriaque
Le buste reliquaire de Saint Cyriaque d'Altorf : argent en partie doré sur âme de bois. La « notitia Altorfensis » prétend qu'il s'agit d'un cadeau du pape Léon IX. Mais le style s'oppose à une datation aussi ancienne. Il faut pencher pour une exécution de la fin du XIIè avec un remaniement dans la première moitié du XIIIè par un orfèvre sans doute Lorrain.
Altorf : buste reliquaire de saint Cyriaque |
2.5.3.4. Divers
Ce petit groupe ne comprend ni les devants d'autel, ni les croix reliquaires monumentales qui ont été assez nombreux en Alsace. Des tables recouvertes de plaques d'or et incrustées de gemmes et de pierres précieuses ornaient le maître autel des abbayes carolingiennes d'Erstein et d'Andlau. L'abbé Samuel de Wissembourg avait également fait don d'un antependium d'autel à son abbaye. Aucun des trois n'a survécu à la guerre de Trente ans.
Quant aux croix couvertes de plaques d'argent et de reliefs moulés au repoussé, celles de Strasbourg et de Niedermunster, renfermant des reliques insignes, attiraient les pèlerins. La première remontait peut être à l'époque carolingienne, le riche décor de scènes symboliques de la seconde fut l’œuvre de l'abbesse Edelinde en 1197.