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L’Alsace gothique

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5.2. La cathédrale de Strasbourg

Le cadre historique
Histoire de la construction
Description

5.2.2. Histoire de la construction

5.2.2.1. Les anciens édifices

La construction de la cathédrale de Strasbourg, d’après Schuller. XIXè
La construction de la cathédrale de Strasbourg, d’après Schuller. XIXè

L'histoire de la cathédrale de Strasbourg remonte à la plus haute antiquité puisqu’on retrouve les premières traces d'un sanctuaire à cet emplacement à l'époque celtique. Lorsque Argentoratum devient une colonie romaine, le sanctuaire celtique est remplacé par un prétoire avec son sanctuaire consacré aux divinités romaines (Mars).

Vers 550 est sans doute édifié un temple chrétien dédié à la Vierge sous l'impulsion des rois mérovingiens et de l'évêque Arbogast. Cette église est remplacée au VIIIè par une construction plus importante, œuvres de l’évêque Remi (ou Remigius), qui dans son testament de 778, exprime le désir d'être enterré dans la nouvelle crypte qu'il vient de faire édifier. Grâce à des fouilles récentes, la cathédrale carolingienne a révélé ses grandes lignes : c’est une église à 3 nefs et à 3 absides. La crypte est doublée d'un couloir annulaire qui préfigure les déambulatoires romans. Il est possible que le fameux serment de Strasbourg ait été prononcé dans cet édifice. Plusieurs incendies (873, 1002 et surtout 1007) ruinent la construction, que l'évêque Ratald (mort en 874) a richement ornée de pierreries et d'objets en or.

Strasbourg : reconstitution de l’édifice ottonien
Strasbourg : reconstitution de l’édifice ottonien

Secondé par la faveur impériale, l'évêque Wernher entreprend la reconstruction de son église épiscopale sur les ruines de l’ancienne. Les fondations de cette quatrième cathédrale sont jetées en 1015 sur les ruines de la basilique carolingienne et les travaux avancent rapidement. Le gros oeuvre est sans doute achevé en 1028. Le nouvel édifice comporte une robuste façade, une vaste et haute nef et un grand transept saillant. La nef n'est pas voûtée mais charpentée et plusieurs incendies continuent à ravager le sanctuaire. A la suite du sinistre de 1176, l'évêque Henri de Hasenbourg décide d'élever une église voûtée, tout en réutilisant autant que possible les fondations et les murs de l’ancienne. Or, au même moment, la cathédrale de Bâle vient d'être achevée dans un style majestueux. L’épiscope tient à ériger un sanctuaire « dernier cri » capable d’en remontrer à son confrère helvète, et en 1190 débute, en style roman, le chantier qui va s’étendre sur plus de deux siècles.

La première représentation de la cathédrale achevée. Folio 217 du « Buch der Natur de Konrad von Megenberg », vers 1440-1450. réalisé par l’atelier de Diebold Lauber de Haguenau. Heidelberg, bibliothèque de l’Université
La première représentation de la cathédrale achevée. Folio 217 du « Buch der Natur de Konrad von Megenberg », vers 1440-1450. réalisé par l’atelier de Diebold Lauber de Haguenau. Heidelberg, bibliothèque de l’Université

Aujourd’hui, les diverses parties de cet imposant édifice témoignent de toutes les phases architecturales depuis les balbutiements de l'art roman jusqu'au gothique flamboyant du XVIe siècle. S’il n'existe aucune trace de l'église primitive mérovingienne du VIIe siècle, il reste, malgré cinq incendies consécutifs, des parties remontant à la construction exécutée de 1015 à 1028 sous l'épiscopat de Wernher (crypte et transept). La partie occidentale de la crypte, les chapelles Saint André et Saint Jean, le choeur et sa coupole ainsi que les bras du transept appartiennent à la période romane et de transition (1176 à 1245).

Strasbourg, cathédrale: la crypte romane
Strasbourg, cathédrale: la crypte romane

Le matériau, le grès des Vosges utilisé pour la construction de l’édifice, lui donne sa couleur rouge caractéristique.

Art gothique : plan de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg avec les étapes de la construction
Art gothique : plan de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg avec les étapes de la construction

5.2.2.2. Les premiers pas du gothique : 1180-1225

Strasbourg, cathédrale: le célèbre pilier des anges, oeuvre de transition roman - gothique
Strasbourg, cathédrale: le célèbre pilier des anges, oeuvre de transition roman - gothique

En 1176, suite au dernier incendie débute l’édification du transept nord dans le style roman. Suit la construction du transept sud où est adopté la formule gothique alors à ses débuts, transept achevé vers 1200 avec superbe pilier du Jugement, dit « des Anges » créé par un atelier venu d’Ile de France. Ainsi les deux portails et les trois premiers piliers du transept sont encore en style roman, tandis que le quatrième, le pilier du Jugement, offre déjà des formes gothiques.

Strasbourg, cathédrale: le célèbre pilier des anges. Vue du transept sur le choeur
Strasbourg, cathédrale: le célèbre pilier des anges. Vue du transept sur le choeur

Au même moment est réalisée la chapelle Saint Jean-Baptiste. Cette chapelle est de type « halle » à trois triples travées reposant sur des piles rondes ou en quatre-feuilles, tout comme la salle capitulaire qui la surmonte, réduite à deux travées s'appuyant sur des colonnes. Malgré certaines réminiscences parisiennes ou beauceronnes, l'origine artistique du maître reste à déterminer.

Une école d’inspiration chartraine réalise ensuite vers 1225 le portail sud avec ses deux rosaces.

Strasbourg, cathédrale: le transept sud
Strasbourg, cathédrale: le transept sud
Strasbourg, cathédrale : le transept sud et les deux roses
Strasbourg, cathédrale : le transept sud et les deux roses

5.2.2.3. La nef

Vers 1235 débutent les travaux de la nef construite dans le même style « champenois »que la cathédrale de Reims. Du vieux vaisseau roman ne sont gardées que les fondations. La construction de la nef se fait en deux phases : une première de 1235 à 1245 et une seconde de 1253 (date à laquelle on recourt à la vente d’indulgences pour financer les travaux) à 1275.

Strasbourg, cathédrale Notre Dame : les étapes de la construction
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : les étapes de la construction

C'est entre 1240 et 1245, à l'initiative du nouvel évêque Henri de Stahleck (1244-1260), que le style « rayonnant » s'implante à Strasbourg. Le maître d'oeuvre de génie qui a projeté le grand vaisseau de Strasbourg est au courant de toutes les tendances et de toutes les initiatives des chantiers d'Ile-de-France ou de Champagne. Sa connaissance intime de l'architecture rayonnante lui permet de prévoir l'évolution et d'y participer. Pendant la seconde campagne, le nouveau maître d'oeuvres Rodolphe le Vieux modifie les projets de construction initiaux pour simplifier l'ensemble : il choisit de garder une part plus importante de l'édifice roman et y ajoute 4 travées légèrement plus étroites au lieu des 8 initialement prévues.

Strasbourg, cathédrale Notre Dame : la nef centrale
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : la nef centrale

Cette nouvelle nef, proche à la fois de l'art champenois (Saint Nicaise de Reims, cathédrale de Troyes, cathédrale de Châlons-sur-Marne) et de l'art de l'Ile-de-France (abbatiale de Saint-Denis, Notre Dame de Paris), subjugue par sa structure rationnelle et sa beauté harmonieuse. Tempérée par le grès rose, la logique implacable du gothique épanoui chasse la muralité et propose une élévation lumineuse d'une élégance raffinée. Dans ses proportions, l'élévation à trois étages respecte le schéma classique « A B A » : le triforium ajouré demeure au milieu de la paroi, s'intercalant entre les grandes arcades richement moulurées et les fenêtres hautes à quatre lancettes qui occupent toute la largeur de la travée. Les piliers fasciculés à seize éléments accentuent la verticalité de l'ensemble alors que le triforium marque fortement les horizontales. Toutefois, la double baguette médiane de la fenêtre haute semble se prolonger par une subdivision du triforium, ce qui annonce manifestement la prochaine fusion de ces deux unités. La baie du collatéral reproduit le dessin de la fenêtre haute. Une arcature décorative et la coursière viennent enrichir et affiner l'espace du bas-côté. A l'extérieur, une imposante batterie d'arcs-boutants à large tête (cinq mètres) ajourée d'un quadrilobe assure la stabilité de l'édifice. Chaque arc boutant repose sur une colonnette posée en délit, un procédé qui apparaît pour la première fois à Saint Rémi de Reims. Mais la conception même de l'arc-boutant strasbourgeois doit beaucoup au système de contrebutement mis en place à Notre-Dame de Paris vers 1230.

Le grand vaisseau de Strasbourg, achevé en 1275, est l'un des plus accomplis de toute l'architecture rayonnante. Son influence sera considérable en Alsace, mais aussi Outre Rhin, à Fribourg-en-Brisgau, Wimpfen im Tal, Reutlingen ou Halberstadt.

Strasbourg, cathédrale: le bas côté nord
Strasbourg, cathédrale: le bas côté nord
Strasbourg, cathédrale : la rose de la nef
Strasbourg, cathédrale : la rose de la nef
Strasbourg, cathédrale: le bas côté sud
Strasbourg, cathédrale: le bas côté sud

5.2.2.4. La façade occidentale

5.2.2.4.1. Le « projet B »

Strasbourg, cathédrale : le plan A. Dessin, Musée de l’oeuvre Notre Dame
Strasbourg, cathédrale : le plan A. Dessin, Musée de l’oeuvre Notre Dame

En 1276, les fondations de la nouvelle façade sont solennellement bénies par l'évêque Conrad de Lichtenberg, et la première pierre de la tour Nord est posée en 1277 sur les plans du « projet A », l'un des plus anciens dessins d'architecture conservés en Occident, datant des environs de 1260 qui montre comme la nef et le jubé l'influence de Saint Nicaise de Reims. Ce projet est rapidement abandonné.

Strasbourg, cathédrale Notre Dame : projet primitif de la façade ou « Plan A 
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : projet primitif de la façade ou « Plan A 
Strasbourg, gravure de la cathédrale d’Isaac Brunn, 1615. La cathédrale sera jusqu’au siècle dernier le plus haut édifice de la chrétienté
Strasbourg, gravure de la cathédrale d’Isaac Brunn, 1615. La cathédrale sera jusqu’au siècle dernier le plus haut édifice de la chrétienté

Le « Projet B » s'inspire de la façade de la cathédrale de Troyes qui comporte 2 tours, 3 portails et un second étage avec une rose centrale. Ce « Projet B » où s'exprime l'un des plus authentiques génies gothiques, prouve que la métropole alsacienne n'est plus seulement une plaque tournante dans l'acheminement du nouveau style vers l'Est, mais aussi et surtout un foyer créateur de première importance. Par son ampleur, son opulence, ses formes nouvelles, le « projet B » dépasse nettement le gothique sage et rationnel du transept méridional de Notre Dame de Paris ou de Saint Urbain de Troyes, ses modèles les plus proches. Les flèches ajourées semblent ajoutées par une main moins experte, et l'extraordinaire rose, touffue et polyvalente, très différente de celle qui fut finalement réalisée, n'a guère d'équivalent dans le domaine royal.

Strasbourg, cathédrale Notre Dame : évolution de la façade
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : évolution de la façade

5.2.2.4.2. Les travaux de maître Erwin

Strasbourg, cathédrale : la façade occidentale
Strasbourg, cathédrale : la façade occidentale

Commencée en 1277 conformément au « projet B », la façade est assez avancée en 1284 lorsque maître Erwin dit « De Steinbach », nommé par le Magistrat, prend ses fonctions. Il achève le premier niveau et établit de nouveaux plans, le maître d'oeuvre précédant ayant commis plusieurs erreurs. Le « projet C » prévoit un deuxième niveau nettement plus bas et le remplacement de la rose initiale par une « ronde verrière » beaucoup plus classique, s'inspirant des roses latérales de Notre Dame de Paris. Cette rose à seize pétales, sans couronne intérieure, participe cette fois-ci au dédoublement de la paroi et s'inscrit dans un cadre carré aux écoinçons ajourés. Parmi toutes les roses qui s'épanouissent en Europe à la fin du XIIIè ou au début du XIVè siècle, celle de Strasbourg demeure l'une des plus accomplies par sa pureté.

Strasbourg, cathédrale: façade
Strasbourg, cathédrale: façade

Le « projet D », vers 1285, également attribué à Erwin, marque une nouvelle étape dans l'évolution du chantier. Il montre le narthex avec la rose et les étages latéraux à leur niveau actuel, c'est-à-dire dépassant nettement la rose. Le décor aveugle du narthex, véritable façade intérieure, somptueuse et filigranée, rivalise avec les revers de façade de Meaux. La rose est découpée dans la paroi, sans écoinçons ajourés, et s'élève au-dessus d'un triforium ajouré pratiquement invisible de l'extérieur. Cette « non correspondance » entre la façade et son revers a été rendue possible par le dédoublement de la paroi et accentue le maniérisme inhérent au procédé.

Strasbourg, cathédrale: Façade occidentale et maison Kammerzell
Strasbourg, cathédrale: Façade occidentale et maison Kammerzell
Strasbourg, cathédrale: Façade occidentale vue de la rue mercière. A gauche, l’ancienne pharmacien du Cerf, bâtiment Renaissance de 1567
Strasbourg, cathédrale: Façade occidentale vue de la rue mercière. A gauche, l’ancienne pharmacien du Cerf, bâtiment Renaissance de 1567

Ralentis par un incendie en 1298, les travaux se poursuivent et en 1318, à la mort de maître Erwin, le deuxième niveau est partiellement achevé, (fonte de la grande cloche en 1316). Son fils Jean continue le chantier jusqu’en 1339. L'examen du narthex révèle plusieurs campagnes qui se situent dans les premières décennies du XIVè. L'élévation latérale de la travée centrale est particulièrement instructive : entre l'arcade aux multiples moulures et la fenêtre haute à quatre lancettes qui correspond au deuxième niveau de la façade prend place un triforium gracile à gables élancés dont la hauteur atteint dix mètres. Cette hauteur inusitée n'est pas due à un choix esthétique délibéré, mais à la nécessité de rattraper la différence de hauteur entre la grande nef (32m) et le narthex (38m).

On retrouve donc de légères modifications dans les différents étages de la façade, le premier comportant les portails, le second la rosace et le troisième les troncs de clochers.

La façade occidentale et la maison Kammerzell
La façade occidentale et la maison Kammerzell
Strasbourg; cathédrale: Portail sud du transept: Erwin de Steinbach, détail
Strasbourg; cathédrale: Portail sud du transept: Erwin de Steinbach, détail

5.2.2.4.3. Les travaux de maître Gerlach

Strasbourg, cathédrale : la façade occidentale
Strasbourg, cathédrale : la façade occidentale

Gerlach continue les travaux de la façade : Entre 1355 et 1365 il édifie le troisième étage des clochers dont l'architecture n'est pas étrangère à celle de la chapelle Sainte-Catherine. Chaque face est percée d'un triplet, mais seule la lancette médiane rappelle discrètement le dédoublement de la paroi. A l'intérieur, de belles voûtes en étoile à ogives d'angle préparent le passage à l'octogone.

Gerlach réalise aussi la magnifique chapelle sainte Catherine vers 1340. Ornée et structurée comme une châsse, elle séduit par sa verticalité et le raffinement de ses remplages géométriques. L'apport personnel de maître Gerlach reste considérable, notamment dans la conception des voûtes et dans la modénature. Les voûtes étoilées primitives à clefs pendantes, remplacées au XVIe siècle par les voûtes curvilignes actuelles, rivalisaient avec celles de Bebenhausen ou celle de la chapelle Barbazana à Pampelune. L'exemple strasbourgeois portera ses fruits à la cathédrale de Prague (chapelle Saint Venceslas et sacristie).

Strasbourg, cathédrale : la grande rose de la façade
Strasbourg, cathédrale : la grande rose de la façade

Peu avant 1365, on renonce à la construction des flèches. L’enthousiasme de la construction finale des tours s'évanouit. La crainte de séismes (en 1356, Bâle avait été détruite), les difficultés financières et les pertes humaines causées par la grande peste de 1349 expliquent la renonciation aux flèches. Un nouveau projet prévoit la galerie des Apôtres au-dessus de la rose et un beffroi percé d'élégantes baies tripartites et coiffé d'un couronnement à gables. En 1365 les constructeurs atteignent le niveau de la plate-forme actuelle, conférant à la façade la silhouette de Notre-Dame de Paris. En 1371 maître Conrad succède à Gerlach et réalise la galerie au dessus de la rose.

Strasbourg, cathédrale : la galerie des apôtres de la façade
Strasbourg, cathédrale : la galerie des apôtres de la façade
Strasbourg, cathédrale : la galerie des apôtres de la façade, détail
Strasbourg, cathédrale : la galerie des apôtres de la façade, détail
Strasbourg, cathédrale: façade occidentale vue de haut
Strasbourg, cathédrale: façade occidentale vue de haut

5.2.2.5. La flèche

Strasbourg, cathédrale : la face arrière du massif occidental et le flanc sud de l’édifice
Strasbourg, cathédrale : la face arrière du massif occidental et le flanc sud de l’édifice

A la mort de Conrad, son successeur, Michel de Fribourg (1383-1388) est chargé de l'exécution du beffroi. Il modifie une ultime fois le projet (vers 1383) pour aboutir à une « Façade falaise » de type germanique en comblant le vide entre les deux tours par un énorme remplage, sorte de tour centrale. Mais ce bloc façade, achevé par Claus von Lohre (1388-1399) ne satisfait pas le magistrat qui fait appel en 1399 à Ulrich d'Ensingen qui vient de commencer la gigantesque tour d'Ulm. Le maître d'oeuvre souabe présente un projet de haute tour comportant un octogone cantonné de quatre tourelles d'escalier, surmonté d'un petit étage servant de base à une flèche ajourée aux arêtiers gracieusement incurvés. Son projet à flèche incurvée n'est que partiellement réalisé. A sa mort, en 1419, seuls l'octogone et son petit étage sont terminés.

Le nouveau maître d'oeuvre, Jean Hültz de Cologne (1419-1449) modifie une ultime fois les plans. Il surélève les tourelles d'escalier jusqu'au départ de la flèche qu'il érige selon ses propres conceptions : une flèche aux arêtiers chargés de tourelles, oeuvre d'une rare virtuosité qui exprime au surplus cette nouvelle recherche d'un style plus anguleux et plus compact. C'est en 1439, date mémorable, que s'achève la flèche vertigineuse, une sorte de gratte-ciel avant la lettre. A ce stade (d'ailleurs définitif), le Magistrat est très satisfait du travail, car il considère la haute tour non seulement comme le couronnement de la cathédrale, mais aussi comme une sorte de beffroi symbolisant la puissance et la grandeur de la ville.

Strasbourg, cathédrale : contreforts, arcs-boutants et pinacles du flanc sud
Strasbourg, cathédrale : contreforts, arcs-boutants et pinacles du flanc sud

Cette tour de 142 mètres de haut fait de Strasbourg la ville ayant l'édifice le plus haut du monde ! Elle gardera « ce record du monde » jusqu'en 1847 où la flèche de l'église Saint-Nicolas de Hambourg (144 m de hauteur) fut achevée. (Beauvais ou Londres avaient des flèches plus hautes, mais elles se sont écroulées)

Par plusieurs fois, on tente de rajouter une seconde tour à la façade strasbourgeoise, mais le projet n’aboutira jamais : le sol n'est pas très stable et le colossal édifice repose déjà sur un « lac » dont d'énormes poutres de chêne des Pyrénées supportent l'ensemble : une seconde tour aurait donc pu faire définitivement pencher ou choir l'édifice entier. Une tentative notoire est entreprise vers 1530 avec la construction d'une tourelle provisoire, mais elle échoue à cause d'une grande tempête en 1533. Cet échec vient renforcer l'idée de garder l'édifice tel quel.

5.2.2.6. Derniers travaux

Strasbourg, cathédrale: sculptures du portail nord, dit de Saint Thomas
Strasbourg, cathédrale: sculptures du portail nord, dit de Saint Thomas

Après une longue période consacrée à des travaux d'entretien et d'embellissement (fonts baptismaux et chaire notamment), la cathédrale de Strasbourg connaît un ultime épanouissement de grande architecture. Entre 1495 et 1505, Jacques de Landshut complète le croisillon nord par la chapelle Saint-Laurent aux voûtes curvilignes dont le frêle portail à baldaquin est célèbre. La richesse exubérante de cet ensemble fait la séduction de ce flamboyant venu d'Outre Rhin.

La belle chaire, en pierre sculptée, est érigée en 1485 en l'honneur de Geiler de Kaysersberg.

En 1495 la sacristie actuelle est construite et en 1521 on achève la chapelle saint Laurent, oeuvre remarquable, bien que moins spectaculaire, due au talent de Hans Hammer (1515-1521) : le rythme souverain de ses quatre travées, la beauté placide de ses larges baies à remplages et accolades, le galbe de sa voûte réticulée ponctuée de clés sculptées en font un spécimen accompli du flamboyant apaisé qui prépare la voie à la Renaissance.

Strasbourg, cathédrale: la tour de croisée, du XIXè
Strasbourg, cathédrale: la tour de croisée, du XIXè

La galerie ceinturant l’église à l’extérieur sur les bas-côtés Nord et Sud est ajoutée au XVIIIè et la tour de croisée néo-romane en 1874.

Strasbourg, cathédrale : le flanc sud et la galerie du XVIIè
Strasbourg, cathédrale : le flanc sud et la galerie du XVIIè

Lors de la Révolution, 230 statues sont détruites ; l’administrateur réussit à en cacher 67. La flèche ne doit son salut qu’à un forgeron, Sultzer qui propose de la coiffer d’un immense bonnet phrygien.

En août 1870, 13 obus allemands endommagent la flèche et d’autres incendient le toit.

Début du XXé l’édifice, construit sur des piliers de chêne supportant les fondations menaçait de s’écrouler lorsque la nappe phréatique se mit à baisser suite aux travaux d’assèchement de la ville. Aussi l’architecte Johann Knauth réalise entre 1907 et 1926 des travaux herculéens consistant à injecter sous l’énorme pilier supportant la tour et la flèche d’énormes quantités de béton, réussissant à stabiliser l’ensemble du bâtiment.

Strasbourg, cathédrale : la tour de croisée, du XIXè
Strasbourg, cathédrale : la tour de croisée, du XIXè

En août 1944 les bombardements américains abîment la tour centrale et le bas-côté nord.

Aujourd’hui, c’est la pollution qui ronge inexorablement le grès rose de l’édifice...


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