|
Durham : la cathédrale, vue générale |
Au cours du second âge roman, on a étendu la voûte à tout l'édifice, ce en sacrifiant l'espace et la lumière et en risquant souvent la catastrophe, car plus une voûte est large, plus elle exerce de fortes poussées sur les murs et risque l’écroulement.
Dans le second quart du XIIè, les progrès techniques de la construction et de la science de l'appareillage permettent à des architectes de la région parisienne, aidés par des expériences tentées peu auparavant en Angleterre (Durham) et en Bourgogne, de construire des églises plus grandes, plus hautes et plus éclairées.
Pour cela ils utilisent un type de voûte connu depuis l'Antiquité mais qui n'avait pas été utilisé que pour ses qualités décoratives ou pour sa robustesse sur de petites surfaces (Arménie, Géorgie, Italie du Nord, cryptes du midi de la France). Cette voûte est une voûte d'arêtes, dont les arêtes sont renforcées d'arceaux noyés dans la maçonnerie à la rencontre des quatre voûtains.
|
Chartres : cathédrale Notre Dame, voûtes de la nef |
Cette voûte prend le nom de « croisée d'ogives » : elle est ainsi appelée car chaque quartier de la voûte semble être porté par ces arcs diagonaux ou ogives qui dissimulent et renforcent leurs arêtes : ainsi, les arcs ogivaux qui se croisent constituent un squelette indéformable, que l'on renforce encore par d'autres arcs…
|
Soissons : cathédrale saints Gervais et Protais. Voûte de la nef |
Comment se présente ce squelette de pierre ? Il est constitué d'abord, en avant et en arrière, par des arcs doubleaux, et sur les cotés par des arcs formerets engagés dans le mur, et enfin par les deux arcs ogivaux se croisant en leur milieu dans la clef de voûte. Ce premier ensemble de nervures canalise les poussées de la voûte vers les points isolés qu'il est facile de renforcer : les colonnes.
On peut donc amincir sans danger les murs entre ces points de renfort et y percer de larges fenêtres. A l'extérieur du mur on applique contre les colonnes un deuxième point de renfort : d'abord simple contrefort, comme dans les églises romanes, il devient fin XIIè « arc boutant ».
Telle est la voûte d'ogives la plus simple. Mais elle va se compliquer avec le temps :
- Dès le XIIIè apparaît la voûte sexpartite, car une troisième ogive, parallèle aux doubleaux passe par la clef de voûte. Comme cette ogive n'a pas besoin de supports aussi importants que ceux des doubleaux, son emploi a pour conséquence une alternance de supports forts et de supports faibles.
- Puis on renforce et on décore les voûtes de nervures supplémentaires, les liernes et les tiercerons qui allègent encore le poids de la voûte. Enfin, l'arc brisé remplace l'arc en plein cintre dans la voûte d'ogives : avec tous ces éléments réunis, on va concevoir et réaliser les édifices les plus audacieux.
- Ainsi naît un type d'églises très différent des précédents. Le rôle essentiel joué par les supports et les contreforts donne à l'édifice, au dedans comme au dehors, un élan vertical qui le fera souvent comparer à une futaie lumineuse. Le décor sculpté possède aussi des caractéristiques totalement nouvelles. Ce style va dominer l'Europe pendant tout le Moyen Âge, du milieu du XIIè au milieu du XVIè.
| Paris, Notre Dame : voûte de la nef centrale |
|
| Gloucester : cathédrale saint Pierre et sainte Trinité. La voûte du Chœur |
|
| Toulouse, l’église des Jacobins. La célèbre voûte en palmier |
|
| Salamanque, la cathédrale : nef et bas côté |
|
| Worcester : la cathédrale.Croisée |
|