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Auschwitz, camp de concentration nazi

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7.1. Les rescapés

Vivre au camp
« Prominents » et bons kommandos
Le « Musulman »
Le travail
Les exécutions
Les sélections
Les expériences médicales

7.1.7. Les expériences médicales

7.1.7.1. Dagmar

« Je me rappelle la petite Dagmar. Elle était née à Auschwitz en 1944 de mère autrichienne et j'avais aidé à la mettre au monde. Elle est morte après que Mengele lui eut fait des injections dans les yeux pour essayer d'en changer la couleur. La petite Dagmar devait avoir des yeux bleus !... »
Ella Lingens. Auschwitz I

7.1.7.2. Josef Mengele

Le Dr Mengele Ă  Auschwitz
Le Dr Mengele Ă  Auschwitz

Parmi les figures SS qu'évoquent les récits des survivants d'Auschwitz, celle du Dr Joseph Mengele, médecin-chef du camp, a laissé sur la plupart une impression indélébile. En descendant des wagons, les déportés apercevaient cet « Ange de la Mort », surveillant le triage initial, une badine à la main ; ou bien, lors des « sélections partielles », il désignait les victimes d'un geste négligent de l'index, tout en sifflant un air de la « Tosca ».

Mais le Dr Mengele, docteur en médecine et docteur en philosophie, ne faisait pas que diriger les sélections :

« Dès l'arrivée des convois, des soldats parcourent les rangs devant les wagons, à la recherche de jumeaux et des nains. Les mères en espèrent un traitement de faveur et remettent sans hésitation leurs enfants jumeaux. Les jumeaux adultes savent qu'ils sont intéressants du point de vue scientifique ; dans l'espoir de conditions meilleures, ils se présentent volontairement (…).

Aussi meurent-ils dans une des baraques du camp d'Auschwitz, dans le quartier B1, et par la main du Dr Mengele. Il arrive ici une chose unique dans l'histoire des sciences médicales du monde entier. Deux frères jumeaux meurent ensemble et en même temps, et on a la possibilité de les soumettre à l'autopsie.

Où peut-on rencontrer dans des circonstances normales des frères jumeaux qui meurent au même endroit et en même temps ? Car les jumeaux eux aussi sont séparés par les circonstances de la vie. Ils vivent éloignés les uns des autres et n'ont pour habitude de mourir en même temps. L'un, par exemple, meurt à dix ans, l'autre à cinquante ans. Dans ces conditions, il n'est pas possible de faire la dissection comparative. Dans le camp d'Auschwitz, il y a plusieurs jumeaux, et autant de possibilités. C'est dans ce but que le Dr Mengele sépare déjà sur la rampe les jumeaux et les nains. C'est encore dans ce but qu'ils sont dirigés vers la droite dans la baraque ce deux qu'ont épargne. C'est toujours dans ce but qu'ils ont une bonne nourriture et qu'ils ont de bonnes conditions d'hygiène, afin qu'éventuellement ils ne se contaminent pas et ne meurent pas l'un avant l'autre. Ils doivent mourir ensemble, et en bonne santé.

Le kapo en chef du Sonderkommando vient me trouver et m'annonce qu'à la porte du crématoire un SS m'attend, accompagné d'un Kommando de transporteurs de cadavres. Je vais les trouver. Il leur est interdit d'entrer dans la cour. Des mains du SS je prends les documents concernant ces cadavres. Ce sont les dossiers de deux petits frères jumeaux. Le kommando, formé de femmes, dépose devant moi la civière recouverte. Je soulève la couverture. Elle cache deux jumeaux de deux ans. Je donne l'ordre à deux de mes hommes de transporter les cadavres et de les déposer sur la table de dissection.

J'ouvre le dossier et le feuillette. Des examens cliniques très poussés accompagnés de radiographies, de description et de dessins, reproduisent les manifestations scientifiques de la gémellité des deux petits êtres. Seules manquent les contestations d'anatomie pathologique. Leur exécution m'incombe…Ce sont eux qui doivent, par leur mort, percer le secret de la multiplication de la race.

Faire un pas en avant dans la recherche de la multiplication de la race supérieure désignée pour la domination est un « noble but ». Si l'on pouvait arriver à ce que dans l'avenir chaque mère allemande accouche autant que possible de jumeaux. C'est un projet insensé ! Ses promoteurs sont les théoriciens déments du IIIè Reich. La réalisation de ces expériences a été acceptée par le Dr Mengele, médecin-chef du camp de concentration d'Auschwitz.

Parmi les malfaiteurs et les assassins, le type le plus dangereux est le médecin criminel, surtout quand il est muni de pouvoirs tels que ceux détenus par le Dr Mengele. Il envoie à la mort ceux que les théories raciales désignent comme des êtres inférieurs et nuisibles à l'humanité. Ce même médecin criminel reste durant des heures à côté de moi parmi les microscopes, les études et les éprouvettes, ou bien debout des heures entières près de la table de dissection avec une blouse maculée de sang, les mains ensanglantées, examinant et recherchant comme un possédé. Le but immédiat est la multiplication de la race allemande, le but final restant la production d'Allemands purs, en nombre suffisant pour remplacer les peuples tchèques, hongrois, polonais, condamnés à être détruits sur le territoire déclaré espace vital du IIIà Reich et momentanément habité par ces peuples.

Je finis la dissection des petits jumeaux et je rédige le procès-verbal réglementaire de dissection. J'ai bien fait mon travail et il me semble que mon chef est content de moi. Il lit un peu difficilement mon écriture en lettres capitales. C'est en Amérique que je me suis habité à cette façon d'écrire ; je lui fais remarquer que, s'il veut des procès-verbaux propres et nets, il me faudrait une machine à écrire, car je me suis habitué à cela chez moi. Il s'enquiert de la marque de machine dont j'ai l'habitude. « Olympia Elit », lui dis-je. « Très bien ; je vais vous envoyer une machine. Vous la recevrez demain. Je veux du travail propre, car d'ici il sera transmis à l'Institut de recherches biologiques raciales de Berlin-Dahlem ». J'apprends ainsi que les recherches qui s'effectuent ici sont contrôlées par les plus hautes sommités médicales dans l'un des instituts scientifiques les mieux équipés du monde.

Le lendemain, un soldat SS m'apporte une machine à écrire Olympia. Je reçois encore des cadavres de jumeaux. On m'en apporte quatre paires du camp tzigane. Ce sont des jumeaux de moins de dix ans… »

7.1.7.3. Victor Brack

Une autre série de recherches effectuées à Auschwitz complétait celles du Dr Mengele. Multiplier le nombre d'Allemands, soit ; mais en même temps, d'autres expérimentateurs SS s'efforçaient de mettre au point les techniques nécessaires pour enrayer la reproduction des « races inférieures ». L'impulsion semble avoir été donnée avant l'attaque contre l'URSS par le Dr Victor Brack, un membre de la chancellerie personnelle du Führer, celui-là même qui avait été chargé du programme d'euthanasie :

« Les expériences faites [dans le domaine des expériences de castration par rayon X] sont terminées : les résultats qui suivent ont pu être obtenus. Ils sont sûrs et scientifiques.

Aux personnes qui doivent être définitivement stérilisées, il faut appliquer des traitements aux rayons X si intenses que la castration, avec toutes ses conséquences, en résulte. En effet, les fortes doses de rayons X détruisent la sécrétion interne de l'ovaire comme des testicules. Des quantités plus faibles ne feraient que suspendre temporairement la puissance sexuelle. Parmi les conséquences, il importe de relever la cessation des règles, des phénomènes climatériques, des modifications dans le système pileux et dans le métabolisme, etc. ; autant de phénomènes qui présentent des inconvénients réels.

Le dosage peut être atteint de diverses manières, et le traitement peut s'effectuer sans que le sujet s'en aperçoive. Pour les hommes, le foyer d'irradiation doit posséder une puissance de 500 à 600 radons, pour les femmes, une puissance de 300 à 350 radons. En principe, et avec un maximum d'intensité et un minimum d'épaisseur du filtre, un temps d'exposition de deux minutes pour les hommes et de trois minutes pour les femmes devrait suffire, surtout si le sujet est peu éloigné du centre d'irradiation. Ce procédé présente pourtant un inconvénient : il est impossible de protéger à l'aide d'écrans en plomb les autres parties du corps à l'insu du sujet. Faute d'une telle protection, des brûlures dans les tissus somatiques avoisinants sont provoquées, ce qui constitue la maladie des rayons X. Ces brûlures seront plus ou moins fortes pendant les jours ou les semaines qui suivront le traitement, selon l'intensité de l'irradiation et la sensibilité de l'individu.

Dans la pratique, un moyen se présente : ce serait par exemple de convoquer les personnes à traiter devant un guichet et de leur faire remplir des formulaires ou de leur poser des questions, pour les retenir ainsi deux ou trois minutes. Le fonctionnaire assis derrière le guichet pour régler l'appareil, en tournant une manette faisant fonctionner les deux tubes en même temps (l'irradiation doit être bilatérale). C'est ainsi qu'un dispositif comportant deux tubes parviendrait à stériliser 150 à 200 personnes par jour, et avec une vingtaine de ces dispositifs, 3000 à 4000 personnes par jour. A ma connaissance, on ne prévoit pas de déportations comportant un nombre plus élevé de personnes par jour.

Les frais d'un tel dispositif s'élèveraient approximativement à une somme comprise entre 20000 et 30000 marks par système de deux tubes. Il convient cependant d'y ajouter les frais de transformations d'un immeuble, étant donné qu'il faudrait prévoir des installations de sécurité assez importantes pour les fonctionnaires de service.

En résumé, je puis dire que grâce à ce procédé, la technique et l'étude des rayons X permettent, à l'heure actuelle, d'entreprendre sans hésiter, une stérilisation en masse. Il semble cependant impossible de soumettre les intéressés à ce traitement sans qu'ils puissent tôt ou tard constater avec certitude qu'ils ont été stérilisés ou châtrés au moyen des rayons X. »

7.1.7.4. Carl Clauberg

Horst Schumann (à droite) en compagnie du Dr Clauberg (droite): ils sacrifièrent au moins 2 000 « cobayes » humains
Horst Schumann (à droite) en compagnie du Dr Clauberg (droite): ils sacrifièrent au moins 2 000 « cobayes » humains

Ces expériences sont poursuivies à Auschwitz par le médecin-aviateur Dr Horst Schumann. En 1944, un adjoint de Viktor Brack avise Himmler de leur échec. En effet la castration masculine par Rayon X nécessite, d'après Schumann, une dépense qui n'en vaut pas la peine, et que la castration opératoire est plus sûre et plus rapide que la castration par rayons X. Mais en ce qui concerne les femmes, le gynécologue Dr Clauberg assurait avoir obtenu des résultats bien meilleurs, qu'il expose dans cette lettre :

«  (…) Je suis entré en possession d'un appareil à Rayon X d'une perfection suffisante pour mes recherches spéciales que depuis le mois de février. Malgré la brièveté d'un espace de temps de quatre mois seulement, je suis actuellement en mesure, Reichsführer, de vous faire connaître ce qui suit :

La méthode inventée par moi pour stériliser, sans opération, l'organisme féminin, est pratiquement au point. Elle se pratique à l'aide dune seule injection à l'entrée de l'utérus, et peut être appliquée lors de l'examen gynécologique courant, connu de tout médecin. Si je dis que la méthode est pratiquement au point, cela veut dire :

  • qu'il reste Ă  Ă©laborer certains perfectionnements 
  • qu'elle peut ĂŞtre d'ores et dĂ©jĂ  utilisĂ©e Ă  la place des opĂ©rations lors de nos stĂ©rilisations eugĂ©niques courantes, et ĂŞtre substituĂ© Ă  ces dernières.

    En ce qui concerne la question que vous m'avez posée il y a près d'une année, à savoir quel serait le laps de temps nécessaire pour stériliser un millier de femmes de cette façon, je puis approximativement y répondre aujourd'hui.

    Si mes recherches continuent à se poursuivre comme elles l'ont fait jusqu'ici - et il n'y a aucune raison de supposer que cela ne soit pas le cas - alors le moment n'est pas éloigné, où je pourrai dire : « Un médecin exercé, disposant d'une installation correspondante et d'une dizaine d'aides (le nombre d'aides étant fonction de l'accélération désirée) pourra stériliser plusieurs centaines, voire 1 000 femmes par jour. »

    En ce qui concerne l'autre domaine de mes recherches (politique de population positive), je vous demande l'autorisation de vous en parler à une époque ultérieure, car il me faut un certain temps pour pouvoir annoncer des choses essentielles. »

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