Auschwitz, camp de concentration nazi
5.4. La « Sonderbehandlung »
Judenrampe et sélection
Le gazage
L’incinération
Le secret
La récupération de l’or dentaire
Comme Treblinka, Belzec ou Sobibor, Birkenau est une usine de mort industrielle, à la différence près qu’ici, de nombreux prisonniers ne sont pas immédiatement « traités » au gaz et incinérés, mais où nombre d’entre eux sont « stockés » dans les divers secteurs du camp en attendant leur tour… Aussi à Birkenau est mise en place une opération préalable à l’arrivée d’un convoi : le sélection sur la Judenrampe afin de séparer les « aptes au travail » de ceux qu’en expédie immédiatement dans la chambre à gaz…
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Auschwitz-Birkenau : la voie de chemin de fer et l'entrée du camp |
C’est à l'été de 1942 que les responsables de la Solution Finale (« Endlösung ») mettent au point les modalités du « traitement spécial » (« Sonderbehandlung ») qui attend les Juifs, Tziganes et autres victimes envoyés à Auschwitz.
5.4.2. Le gazage
Les gazages au Stammlager ne satisfont pas les SS, gênés par des problèmes d'aération et surtout de rentabilité. On décide d'aménager, en mars et juin 1942, deux fermes, et (nommées « Bunker » I et II), situées dans le bois de bouleaux au nord du camp.
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Auschwitz-Birkenau : avant « le bain »… tous ne savaient pas, mais tous étaient frappés |
Au printemps 1942, deux maisons paysannes sont transformées en chambres à gaz provisoires à côté du camp de Birkenau. Elles sont connues sous le nom de « Bunker I » la « rouge » (mars 1942) et « Bunker II » la « blanche » (juin 1942). Le « Bunker I », composé de deux salles hermétiques, est opérationnel de janvier 1942 à la fin de la guerre. Himmler en personne assistera d’ailleurs, en juillet 1942, à l'une de ces « actions spéciales ». Le « Bunker II », composé de quatre salles, devient superflu au printemps 1943, mais subsiste et reste en activité jusqu'à l'automne 1944, quand les autres chambres à gaz ne peuvent plus suivre le rythme accéléré des exterminations dû à l’arrivée massive des Juifs des ghettos et des Juifs de Hongrie. Les victimes gazées dans les deux bunkers se déshabillent dans des baraques en bois voisines. Après gazage, les corps sont évacués et brûlés à l'air libre. Entre janvier 1942 et mars 1943, 175 000 juifs y sont exterminés, dont 105 000 entre janvier et mars 1943.
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Auschwitz-Birkenau: le KÂ IV |
Mais les rendements restent insuffisants : pour éliminer et incinérer un nombre croissant de victimes, on construit alors le monstrueux complexe des « Krematorien » II, III, IV, V, à forte capacité, techniquement au point avec leurs « Leichenkeller » et leurs fours... C'est dans la nuit du 13 au 14 mars 1943 que des Juifs venant du ghetto de Cracovie proche sont gazés pour la première fois dans le « K II ». Croyant accéder à une salle de douches, les femmes et les enfants d'abord, puis les hommes, se déshabillent avant d'être enfermés dans une pièce hermétiquement close où sont déversées des boîtes de Zyklon B : l'acide cyanhydrique, absorbé par des granules de silice, se vaporise à la température de 27°C ; il faut cinq minutes pour tuer, dans d’atroces souffrances, des centaines de victimes…
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La surface totale de ces chambres à gaz est de 2 255 mètres carrés et leur capacité totale de 4 420 personnes. Dans les chambres à gaz « KII » et « KIII », le gazage est fait dans des salles souterraines, alors que les chambres à « KIV » et « KV » sont situées au même niveau que les crématoires, mais ceux-ci sont si mal conçus et leur usage si intensif qu'ils tombent fréquemment en panne et sont finalement abandonnés. Les corps sont alors brûlés à l'air libre, comme en 1943.
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Auschwitz-Birkenau: le KÂ III du temps de son fonctionnement |
