Auschwitz, camp de concentration nazi
5.3. Les conditions de vie
Conditions d’habitation, hygiène et santé
La situation sanitaire
Le musulman
Les Kommandos
5.3.2. La situation sanitaire
Pendant seize mois, le docteur Lévy est affecté à l'infirmerie centrale des détenus, à 200 mètres des crématoires et des chambres à gaz. Il est donc le témoin impuissant de ce qui se passe à Birkenau, notamment la situation sanitaire. Son témoignage est éloquent :.
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Auschwitz-Birkenau : les « toilettes » |
« Les galoches à semelles de bois grossières, légèrement excavées, provoquaient chez presque tous des plaies et ulcérations des pieds et des jambes. Le mauvais état général aidant, les phlegmons des pieds et des jambes œdémateuses étaient une des grandes causes de mortalité, provoquée aussi par d'innombrables cas de tuberculose fraîche ou réveillée par les privations. Pneumonies et pleurésies se multipliaient. Au printemps 1944, il y avait un service spécial pour les pleurésies ; sur 1 200 malades, on comptait près de 100 pleurésies. Pendant l'hiver 1943-1944, une grave épidémie de typhus exanthématique fit de nombreuses victimes ; la fièvre typhoïde et la dysenterie sévissaient continuellement. À un certain moment, il y avait un Block entier de 300 à 400 diarrhéiques. En octobre 1943, l'infirmerie comptait une dizaine de petits Blocks de 100 malades et trois grands de 400 malades, soit une moyenne de 2 000 malades, avec un effectif de 50 médecins et de 120 infirmiers. La surveillance était exercée par un médecin allemand SS et un sergent infirmier SS. »
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Auschwitz-Birkenau: les lavabos |
« Combien de temps pouvait tenir un sursitaire de la mort ? À Birkenau, on comptait une survie de deux à trois mois au maximum pour un déporté travaillant dans un kommando. Au bout de ce temps, il était devenu squelettique. La fonte complète du tissu graisseux et partielle du tissu musculaire en avait fait un « musulman », selon l'expression du camp. La faim, le froid, l'humidité, les blessures et les maladies le tenaillaient cruellement. Il essayait de ménager ses maigres forces en restant assis le plus possible, et en tirant sa mince couverture sur sa tête fléchie en avant. Il ressemblait à un musulman en prières. Un coup de poing d'un SS ou d'un surveillant, un coup de gourdin sur la tête suffisaient à l'achever avant qu'il ait été happé par la prochaine sélection. »
