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L’art en France entre 1800 et 1850
2. Histoire et culture française Histoire : 18001850 Culture Architecture Sculpture Peinture Arts de la couleur Gravure et photographie Objets d’art Mobilier et décor
2.3. Architecture2.3.1. Les théoriesMalgré la coupure de la Révolution, qui interrompt les grandes constructions, les théories restent celles du XVIIIè siècle et perpétuent les principes des Soufflot, Chalgrin, Boullée, Ledoux... Le dogme intangible de l'Antique est le même que dans le « style Louis XVI », et ce n'est ni l'Institut ni Napoléon qui s'y opposent. L'influence de l'Empereur joue en faveur du classicisme dans son goût de gloire et d'immortalité : il aime le fer et le granit, matériaux d'une solidité symbolique ; il veut des monuments grandioses et sobres, de vastes perspectives (il fait faire la façade du Palais-Bourbon, sur la Seine, pour qu'elle soit dans l'axe de la Madeleine, le « temple de la Gloire », dont il rêve et dont il choisit le projet entre deux batailles). Il écoute David, qu'il aime pour son sens de la simplicité dans l'ampleur de la vision. Peut-être a-t-il été sensible au symbolisme architectural du livre de Claude Nicolas Ledoux « l'Architecture considérée sous le rapport de l'art, des meurs et de la législation » (1804), très lu, et réédité en 1846. Important est le rôle de l'Ecole polytechnique, fondée en 1795, où Monge professe la stéréotomie, Delorme et Baltard l'architecture, et qui forme des ingénieurs créateurs de techniques nouvelles, tel Polonceau, auteur du pont du Carrousel (1834). Le « Précis des leçons données à l'Ecole polytechnique » (1802-1805), de J. N. L. Durand (1760-1834), élève de Boullée, a un grand retentissement en Allemagne et au Danemark et propose une architecture rationnelle : « La vraie beauté naît des dispositions heureuses. » L'Ecole est pour le fonctionnalisme, en opposition avec les Beaux Arts, où triomphe la doctrine de l'antique, qui conduit au pastiche : colonne Vendôme, 1806-1810, inspirée de la Trajane ; arc de triomphe du Carrousel, 1806, qui ouvre la cour d'honneur des Tuileries, imité de l'arc de Septime Sévère ; arc de triomphe de l'Étoile, 1806-1836 ; Madeleine, 1806-1842, copie assez lourde d'un temple romain ; Bourse, 1808, autre temple antique.
| Paris : le pont du Carrousel (1831-1834) par Polonceau |
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| Paris : la colonne Vendôme (1806-1810) |
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| Paris : l’arc de triomphe du Carrousel (1806) |
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| Paris : l’arc de triomphe du Carrousel (1806) |
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| Paris : l’arc de triomphe de l'Étoile (1806-1836). |
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| Paris : la Madeleine (1806-1842). La nef |
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| Paris : la Bourse (1808) ou Palais Brongniart |
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| Paris : la Bourse (1808) ou Palais Brongniart |
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Le fer, qui sera le matériau de la fin du siècle, réalise déjà en 1803 le pont des Arts, par Cessart et Delon, les combles du Salon carré, le pont suspendu sur le Rhône près de Tournon, en 1824, par l'ingénieur Marc Seguin ; en 1811 Bélanger refait en fer le toit de la Halle au blé ; mais c'est Labrouste, à la bibliothèque Sainte Geneviève (1843-1850) et Duquesney à la gare de l'Est (1847-1852) qui usent du fer, comme des autres matériaux, pour en tirer un parti esthétique autant qu'architectonique.
| Paris : le pont des Arts (1803), par Cessart et Delon |
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| Marc Seguin et ses frères : le premier pont de Tournon dit « l’ancêtre » (1825 |
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2.3.2. Les architectes
- La première génération des architectes antiquisante se rattache encore au XVIIIè siècle : Chalgrin, François Joseph Bélanger (1745-1818), un des décorateurs les plus inventifs qui contribue beaucoup à la création du style Empire ; Pierre Adrien Pâris (1745-1819), directeur de l'Académie de Rome après 1806 ; Jean Jacques Lequeu (1757-1827) ; B. Poyet (1742-1824) ; J. Legrand (1743-1808) ; Cellerier (1742-1814) et J. Molinos (1743-1831), auteurs d'un plan d'embellissement de Paris.
| Paris : l’arc de triomphe de l'Étoile (1806-1836) par Chalgrin |
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| François Joseph Bélanger : la coupole de la Halle aux blés de Paris (1811) |
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- Les maîtres du style « Empire » qui oeuvrent en commun jusqu'en 1814, Pierre Fontaine (1762-1853) et Charles Percier (1764-1838) sont formés à Rome. Ils travaillent au Louvre (façade sur la Seine pour raccorder la Colonnade à la partie de Le Vau, escaliers de la Colonnade côté rue de Rivoli, partie entre le pavillon de Marsan et guichets du Carrousel, achèvement de la salle des Cariatides) et aux Tuileries (arc de triomphe du Carrousel), à Versailles, à Compiègne, à Saint-Cloud, à l'Elysée, à Chaillot (projet du palais du roi de Rome). Leur habitude du décor d'opéra leur vaut d'être les organisateurs des grandes fêtes impériales. Ils dirigent les bâtiments dans toutes les résidences impériales ou les villes conquises : Laeken en Belgique, Anvers, Mayence, Venise, Florence, Rome. Fontaine, architecte du duc d'Orléans, puis de Louis-Philippe, construit la galerie d'Orléans.
| Pierre Fontaine : projet d’un monument sépulcral pour les souverains d'un grand empire. 1795 |
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| Charles Percier : le Louvre, rue de Rivoli |
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| Charles Percier et Pierre Fontaine : l’arc de Triomphe du Carrousel à Paris. Le quadrige |
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- Ces deux féconds artistes, par leur goût de la mesure, leur culture, leur souplesse d'utilisation d'une grammaire décorative savante, sont les maîtres d'un style quelquefois un peu lourd, mais toujours de belles proportions et grand sans outrance. Ils n'ont ni le sectarisme des théoriciens Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy ni la rigidité de Jean Baptiste Rondelet (1743-1829), l'adversaire de la décoration. Antoine Vaudoyer (1756-1846, salle des séances de l'Institut et musée des Monuments français), Jean Baptiste Lepère (1761-1844), auteur, avec son gendre Hittorf de l'église Saint-Vincent-de-Paul sur plan basilical, Pierre Alexandre Vignon (1763-1828, la Madeleine), Etienne Hippolyte Godde (1781-1861), spécialiste des églises (Saint Pierre du Gros Caillou sur plan basilical), Lesueur, Gisors, Lecomte sont les principaux classiques.
| Antoine Vaudoyer : chapelle de l’Institut de France |
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| Jean Baptiste Lepère : l'église Saint-Vincent-de-Paul de Paris |
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| Paris : la Madeleine (1806-1842) |
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| Etienne Hippolyte Godde (1781-1861) : église Saint Pierre du Gros Caillou à Paris |
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- Les élèves de Percier, François Debret (1777-1850), classique de tradition palladienne, L.-Hippolyte Lebas (1782-1867), plus éclectique, auteur de Notre-Dame de Lorette (1836), J. de Joly, qui travaille au Palais Bourbon, L. Visconti (1791-1853), J. Huvé (1793-1852) qui achève la Madeleine de 1828 à 1843, Jacques Ignace Hittorf (1793-1867) surtout, le promoteur de la polychromie extérieure des monuments au nom de l'antique (gare du Nord, 1863, où s'unissent les ordres et l'art du fer), proposent un néoclassicisme très souple et gardent de leur maître le raffinement de l'ornement.
| Visconti (1791-1853) et Lefuel (1810-1881)Â : le Louvre |
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| Louis Hippolyte Lebas : notre Dame de Lorett |
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| Louis Hippolyte Lebas : notre Dame de Lorett |
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| Jacques Ignace Hittorf : la gare du Nord à Paris |
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- Plus modernes, souvent gênés par leur culture, sont les rationalistes, Jacques Félix Duban (1797-1870), qui travaille au Louvre et à l'École des beaux-arts, Gau (Sainte Clotilde, achevée en 1857), Joseph Louis Duc (Palais de justice), Pierre Charles Dusillon, précurseur du second Empire.
| Félix Duban : l’école des Beaux Arts de Paris : entrée quai Malplaquet |
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| Félix Duban : l’école des Beaux Arts de Paris |
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| Joseph Louis Duc : le Palais de Justice de Paris |
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| Joseph Louis Duc : le Palais de Justice de Paris |
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2.3.3. Les jardinsLe romantisme triomphe après la Révolution : la mode est à l'anglomanie, et les jardins des châteaux abandonnés sont remis en état « à l'anglaise ». Les théoriciens de l'Empire (J.-M. Motel, Valenciennes, qui prétend qu'il faut avoir vu la Suisse, les Pyrénées, l'Italie et autres pays romantiques pour faire un jardin, Curten, Laborde) prônent les jardins à l'anglaise avec peu de fabriques ; ceux de la Restauration (Jacques Lalos, Thouin, Vitet, Richau, Loudon) accentuent la nécessité du pittoresque, de la couleur, des ruines gothiques.
Articles connexes
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