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Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace)

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4. Histoire artistique

Le Haut Moyen Age
Le XIIè : l’âge roman
L’époque gothique : XIII-XVè

4.2. Le XIIè : l’âge roman

Après un Xè siècle troublé l'Alsace connaît un renouveau intellectuel et artistique, qui ira s'amplifiant jusqu'à l'épanouissement du XIIIè. Cet essor de la civilisation demeure essentiellement l'œuvre des clercs. A partir du XIIè, l’histoire de l’art est donc bien mieux connue à Strasbourg et fournit des témoignages biens plus riches.

4.2.1. Architecture

Dans le domaine de l'architecture, l’œuvre majeure est la partie orientale de la cathédrale de Strasbourg qui perpétue le style un peu lourd des grandes fondations romanes des bords du Rhin. C’est d’abord l’achèvement de la partie occidentale de la crypte : deux files de colonnes très sobres aux chapiteaux cubiques mènent vers la nef. Après le terrible incendie de 1176, on entreprend d’abord la réfection de l’abside dans le plus pur style roman ; puis on remplace la tour-chœur par une coupole octogonale ; enfin on se lance dans la construction du bras du transept nord, compartimenté par un énorme pilier cylindrique et couvert de charpente…

Strasbourg, cathédrale Notre Dame : la crypte
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : la crypte
Strasbourg, cathédrale: le transept sud
Strasbourg, cathédrale: le transept sud
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : bras nord du transept : voûte sud-est (vers 1200-1210)
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : bras nord du transept : voûte sud-est (vers 1200-1210)

Les deux autres réalisations architecturales importantes du siècle dans la cité sont l’église Saint-Etienne et le rez-de-chaussée du clocher de Saint-Pierre-le-Jeune.

Strasbourg : église Saint Etienne : le chevet
Strasbourg : église Saint Etienne : le chevet

4.2.2. Sculpture

Les grandes œuvres de sculpture du XIIè proviennent principalement de l’atelier d’Eschau qui autour de 1130 produit les chapiteaux du cloître à Eschau, et à Strasbourg le sarcophage d'Adeloch, actuellement à Saint-Thomas : la taille se ressent de la connaissance des ivoires, auxquels elle emprunte le modelé arrondi et lisse, révélant des influences méridionales : portée par quatre lions couchés, la cuve est décorée d'une arcade occupée, sur les deux faces principales, par un Christ assisté d'un ange qui bénit l'évêque agenouillé (consécration de son ministère ou accueil à la vie éternelle ?) et par une figure allégorique (l'Eglise ou une Vertu) accompagnée de rinceaux et de palmes. Sur les petits côtés : le roi remet le gonfanon à l'évêque agenouillé que lui présente une femme quelque peu énigmatique. Le couvercle est postérieur.

Strasbourg, saint Thomas: le sarcophage d’Adeloch
Strasbourg, saint Thomas: le sarcophage d’Adeloch
Strasbourg, saint Thomas : détail du sarcophage d’Adeloch
Strasbourg, saint Thomas : détail du sarcophage d’Adeloch
Strasbourg, saint Thomas : détail du sarcophage d’Adeloch
Strasbourg, saint Thomas : détail du sarcophage d’Adeloch

4.2.3. Peinture

De la peinture ne reste pratiquement rien, hormis les dessins du chef-d’œuvre qu’est de l'Hortus Deliciarum. A la charnière entre le XIIè et le XIIIè siècle, l'Hortus, disparu dans l'incendie de la Bibliothèque municipale de Strasbourg en 1870, est une vaste compilation élaborée par les abbesses Relinde et Herrade de Landsberg, morte en 1195, pour l'instruction et l'édification des nobles moniales du couvent de Hohenburg.

L’échelle céleste. Hortus Deliciarum, après 1150. Folio 125v, d’après le calque réalisé par M.C. Engelhardt avant la destruction du manuscrit
L’échelle céleste. Hortus Deliciarum, après 1150. Folio 125v, d’après le calque réalisé par M.C. Engelhardt avant la destruction du manuscrit
La personnification de l’Eglise telle que la représente l’Hortus Deliciarum
La personnification de l’Eglise telle que la représente l’Hortus Deliciarum

Le milieu stylistique de cette somme est manifestement strasbourgeois, et le manuscrit fut vraisemblablement réalisé dans un scriptorium strasbourgeois. Cette œuvre considérable suppose une tradition d'enluminure fortement enracinée dans la ville. Il y a en effet une parenté évidente entre les dessins de l’Hortus et les cartons des maîtres verriers auxquels, à la fin du XII° siècle, l'Evêque passera commande pour sa cathédrale. Dans certaines verrières de la cathédrale, notamment au transept nord, les auteurs des cartons des vitraux sont sans doute issus du même atelier que les peintres enlumineurs de l'Hortus : longues figures aux draperies souples, très byzantines, imagerie attentive aux choses de la nature, de la vie des hommes et aux desseins de Dieu ; de même, les deux roses de l'Ancien et du Nouveau Testament du croisillon sud du transept de la cathédrale interprètent littéralement les roses de l'Hortus. Il n'est pas jusqu'aux enluminures, très courtoises, très élégantes, de Tristan et d’Isolde de Gottfried de Strasbourg qui, dans un mouvement tendant à l'expressivité baroque, se réclament de cette continuité (vers 1240).

Esther et Mardochée. Le repas. Hortus Deliciarum
Esther et Mardochée. Le repas. Hortus Deliciarum
Au registre supérieur, le Christ en majesté. Au registre médian ; le duc Etichon confie à sa fille Odile le Monastère « Hohenburge » qu’il vient de fonder
Au registre supérieur, le Christ en majesté. Au registre médian ; le duc Etichon confie à sa fille Odile le Monastère « Hohenburge » qu’il vient de fonder
L’Hortus Deliciarum : le baptême du Christ
L’Hortus Deliciarum : le baptême du Christ

4.2.4. Vitrail

En dépit de la fragilité du matériau et de l'histoire fort mouvementée du pays, l'Alsace est un lieu privilégié pour l'étude et pour la délectation du vitrail. Mais il est bien évident que, pour des temps aussi reculés que le sont les XIè et XIIè siècles, seul un épaulement réciproque de l'illustration de manuscrit et du vitrail permet une approche plus certaine du milieu artistique.

Strasbourg, cathédrale : vitrail du croisillon nord représentant le cycle de la généalogie du Christ. 1230-1240
Strasbourg, cathédrale : vitrail du croisillon nord représentant le cycle de la généalogie du Christ. 1230-1240

Les panneaux romans datent de la dernière campagne romane du XIIè siècle, après 1190 : il s’agit des médaillons du Jugement de Salomon, des anges et de la Vierge orante, d'un arbre de Jessé, du chœur et du transept des saints confesseurs et des saints militaires de l'ancienne nef et surtout de la célèbre « galerie des empereurs et rois du Saint Empire romain germanique » du bas coté nord. Le maître d’œuvre est certainement maître Gerlach, aidé par le ou les illustrateurs de l'« Evangélistaire Saint Pierre », qui s’inspirent du milieu byzantin très influent dans les régions du Haut-Danube et du lac de Constance (la Reichenau et de l'orfèvrerie mosane : parti des fonds concentriques, tracé des rinceaux comme orfrois et comme encadrements. Leur style et leur sens de représentation, leurs pratiques compositionnelles auront une part non négligeable dans les aménagements des vitraux du siècle suivant à la cathédrale.

Strasbourg, la cathédrale : vitraux de la galerie des 19 rois germaniques du collatéral nord, datant du XIIIè, mais avec des reprises de panneaux de style roman du XIIè. De gauche à droite : Frédéric I Barberousse, Henri II de Bamberg, (seules leurs tètes sont gothiques, les corps étant romans), Pépin le Bref et Louis le Débonnaire (tous deux de facture gothique)
Strasbourg, la cathédrale : vitraux de la galerie des 19 rois germaniques du collatéral nord, datant du XIIIè, mais avec des reprises de panneaux de style roman du XIIè. De gauche à droite : Frédéric I Barberousse, Henri II de Bamberg, (seules leurs tètes sont gothiques, les corps étant romans), Pépin le Bref et Louis le Débonnaire (tous deux de facture gothique)
Strasbourg, un des plus beaux vitraux de la cathédrale : transféré dans le musée de l’œuvre Notre Dame, il représente sans doute Charlemagne et date de 1200. A sa gauche, Roland portant le glaive
Strasbourg, un des plus beaux vitraux de la cathédrale : transféré dans le musée de l’œuvre Notre Dame, il représente sans doute Charlemagne et date de 1200. A sa gauche, Roland portant le glaive

4.2.5. Littérature

Le plus grand poète alsacien de cette époque est sans conteste Gottfried de Strasbourg, auteur du « Tristan », l'œuvre la plus remarquable que l'Alsace ait jamais produite. La vie de l’auteur est inconnue ; tout au plus le titre de « Maître » qui lui est souvent appliqué, permet-il de penser que ce fut un bourgeois de Strasbourg, mort vers 1210. Son poème compte près de 20 000 vers, et est inachevé. Gotfried dit lui-même qu'il effectua de longues recherches dans des ouvrages français et latins, et qu'il découvrit la « vraie relation » dans le poème de Thomas de Bretagne. L'élégance de ses vers, parsemés de mots et de locutions françaises, son talent de conteur, son art de la progression dramatique sont admirables. Son génie se remarque surtout par deux traits, qui le séparent des Minnesänger :

Gottfried de Strasbourg lisant ses vers devant un auditoire de princes. Manuscrit de la « Manessische Liederhandschrift », XIVè, pl.104. Bibliothèque universitaire de Heidelberg
Gottfried de Strasbourg lisant ses vers devant un auditoire de princes. Manuscrit de la « Manessische Liederhandschrift », XIVè, pl.104. Bibliothèque universitaire de Heidelberg
  • Gottfried fait appel à la nature pour rendre plus sensible et amplifier la passion des deux amants, par l’évocation des fleurs, des arbres, de la rosée, du chant des oiseaux, du murmure de la forêt, du vent et des sources.
  • Surtout il substitue à l'amour courtois et conventionnel la passion irrésistible, implacable, si folle que seule peut l'expliquer l'absorption d'un philtre magique. « Tristan, comme un captif, cherche à se délivrer. Il voudrait diriger son esprit d'un autre côté et changer de désir ; mais il est toujours retenu dans les mêmes liens et, lorsqu'il interroge son cÅ“ur, il n'y trouve que deux choses, l'amour et Iseut, inséparables ».

C'est cet accent de profondeur et de vérité qui a maintenu jusqu'à nos jours la résonance de l'œuvre de Gottfried. Le poème est tant admiré qu’Ulric de Türheim et Henri de Freiberg l’achèveront entre 1230 et 1290, mais sans le bonheur de leur maître.



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