Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace)
2. Le Moyen Age : la ville épiscopale : 1002-1334
La ville sous l’épiscopat de Wernher
Strasbourg et la querelle des investitures
La montée en puissance du chapitre cathédral : 1131-1262
La lutte de la bourgeoisie contre l’évêque
2.1. La ville sous l’épiscopat de Wernher
En 1001 Otton III nomme sur le trône épiscopal Wernher ou Werinhaire, fondateur avec son frère, de l'illustre dynastie des Habsbourg, famille qui, après son accession à la dignité impériale, devait avoir des contacts fréquents avec la ville. L’empereur meurt l’année suivante : lui succède son cousin Henri II de Bavière (1002-1024). Election contestée, notamment par le duc de Souabe et d’Alsace Hermann II. Henri II, soutenu par la majorité des princes germaniques, dont Wernher, son ami d’enfance, finit par l’emporter, mais le duc de Souabe prend Strasbourg d’assaut et incendie la cathédrale ottonienne le 4 avril 1002, dimanche de Pâques. « La tourbe exécrée des Alamans, toujours prompts au pillage, dit le chroniqueur Tietmar, pénétra dans l'église majeure de la Sainte-Mère de Dieu et... incendia la maison du Seigneur ». Il s'agit de la première basilique, mariale, située à l'intérieur des murs, signalée par Ermold le Noir. Hermann est finalement mis à raison et se voit obligé de céder à l’évêque la riche abbaye de Saint Etienne et ses dépendances de part et d’autre du Rhin… Wernher reconstruit une première fois la cathédrale, mais en juin 1007, un nouvel incendie la ravage.
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En 1015, grâce aux libéralités de l’empereur, l’évêque Wernher de Habsbourg lance le chantier de la nouvelle cathédrale de Strasbourg sur la base de l’ancien édifice carolingien dévasté. La nouvelle église sera construite en pierre et ce sera le plus grand chantier de la vallée du Rhin avec celui de la cathédrale de Spire. Il va donner un véritable essor à la ville qui est encore agrandie, triple sa population, mais ne compte guère que 4 à 5 000 âmes, réparties en 9 paroisses, dont le chiffre ne variera plus jusqu'à la Réforme. Saint Thomas a été fondée comme seconde paroisse, Sainte Aurélie troisième ; suivent Saint Pierre-le-Jeune, Saint Pierre-le-Vieux, Saint Etienne, Saint André, Saint Martin, la dernière en date étant Saint Nicolas dont l'église sera bâtie en 1182. La ville est bien tenue par le clergé qui y administre églises et couvents, soutient puis finira par concurrencer l’évêque au sein du « chapitre » de 24 chanoines.
Strasbourg : la façade de la basilique de Wernher selon Kautsch |
A la mort de m’empereur Henri II, Wernher participe à l’élection de son successeur Conrad II (1024-1039) qui lui maintient sa confiance, vient souvent en visite à Strasbourg et envoie l’évêque en mission diplomatique à Constantinople, mission au cours de laquelle Wernher décède. Conrad nomme alors son oncle, Guillaume de Carinthie (1029-1047) au siège épiscopal. Avec Guillaume et son successeur, l’évêque Hermann (1047-1065), ancien chanoine de Spire, ce sont des proches de la maison impériale et des partisans de la réforme clunisienne alors en cours qui président aux destinées de l’évêché de Strasbourg, alors au faîte de sa puissance domaniale et politique, et en pleine harmonie avec les comtes du Nordgau, à peine moins riches qu’eux en biens fonciers et en sources de revenus. C’est donc à une ville en plein essor que rend visite en 1049 le pape alsacien Léon IX d’Eguisheim, qui accorde de nombreuses indulgences pour la poursuite des travaux du chantier cathédral.
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