Simone Martini
7. Retables et polyptyques
Le retable de saint Louis de Toulouse
Le retable de Cambridge
Le Polyptyque de Sainte Catherine (Polyptyque de Pise)
Le polyptyque d’Orvieto et œuvres en relation
Le polyptyque de Boston
La madone de Castiglione d’Orcia
La Madone de Lucignano d’Arbia
Le Crucifix de San Casciano
Le retable du bienheureux Agostino Novello
Le polyptyque de la Passion ou polyptyque Orsini
7.9. Le retable du bienheureux Agostino Novello
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Après avoir passé plusieurs années à Assise, Pise et Orvieto, retournant seulement à Sienne pour de très courtes périodes durant lesquelles il travaille au Palazzo Pubblico, Simone revient à Sienne vers 1324 pour une période plus longue. C'est au cours de ces années qu’il créé quelques unes de ses plus belles œuvres comme le retable du bienheureux Agostino Novello, la fresque de Guidoriccio da Fogliano et l'Annonciation des Offices.
L'histoire du bienheureux Agostino Novello est un bon exemple de cette forme de religiosité populaire qui a grandi dans les villes de la Toscane à la fin du XIIIè et au début du XIVè siècle. Les saints de l’Eglise officielle étaient alors considérés comme trop éloignés du peuple et de ses préoccupations quotidiennes pour satisfaire entièrement la ferveur religieuse qui se développait alors. Les gens aspiraient à plus d'exemples concrets de la sainteté, plus étroitement liée à la réalité quotidienne, un peu à l’instar de la vie de François d'Assise. Aussi, certains êtres exceptionnels, réputés pour leur comportement religieux et leurs œuvres charitables, exerçaient une énorme influence sur leurs contemporains et ont été canonisés comme saints ou bienheureux.
Agostino Novello fut l'un de ces personnages. Esprit cultivé et brillant (il a étudié le droit à l'Université de Bologne) il est le conseiller personnel du roi de Sicile Manfred (1258-1266), le fils de Frédéric II Hohenstaufen, et est laissé pour mort sur le champ de bataille de Bénévent en février 1266 lorsque Manfred et battu et tué par Charles d’Anjou venu conquérir la Sicile. Il en réchappe, décide de tout quitter et rejoint l'Ordre des Augustins, dont il devient prieur général vers 1290. Il renonce finalement à la vie communautaire et se retire dans un ermitage à San Leonardo al Lago, près de Sienne.
Après sa mort en odeur de sainteté en 1309, son culte se propage si rapidement que les Augustins tentent de le faire nommer patron de la ville, espérant y gagner en prestige et pouvoir. Mais en dépit de la grande vénération dont il faisait l’objet à Sienne, qui lui édifiera un l'impressionnant monument funéraire, il ne sera pas nommé patron de la ville.
Le retable de Simone Martini, qui se trouve dans la Pinacothèque de Sienne, se trouvait au départ dans l'église Saint-Augustin, probablement au-dessus de l’autel et du sarcophage en bois du bienheureux. La datation de ce retable est délicate : il a du être réalisé et achevé aux environs de 1324, date à laquelle ont eu lieu les cérémonies de la béatification du bienheureux Agostino, et à l’occasion desquelles la commune de Sienne a investi une énorme somme d'argent.
L'iconographie, est claire mais ardue à comprendre. La zone centrale, encadrée par un arc ogival trilobée, montre le bienheureux Agostino, dont la tête est cernée d’une auréole de saint, même s'il n’est pas canonisé. Le paysage boisé, les anciens ermites dans les médaillons et la conversation du bienheureux avec l'ange sont autant de références à la vie de l'ermite à San Leonardo al Lago. En revanche, son visage toujours dépeint comme celui d’un jeune homme, le livre rouge qu’il tient dans ses mains (peut-être les Constitutions de l'Ordre qu’il avait lui-même rédigées), ainsi que la description de tous les miracles accomplis par le saint à Sienne, tout suggère les fonctions pastorales et les engagements politiques qu’il exerçait dans la ville.
Les pouvoirs miraculeux du bienheureux Agostino sont décrits dans les scènes représentées sur les côtés de la zone centrale, encadrées par des arches trilobées, et racontant quatre miracles. L'idée de la sainteté d’Agostino, soulignée par ses apparitions soudaines au milieu d'ailes d’anges, était destiné à la captiver la piété et la sensibilité religieuse populaires. Les victimes des terribles accidents justifiant l’intervention miraculeuse sont pour la plupart des enfants.
Simone Martini : retable d’Agostino Novello. 1324. Tempera sur bois, 198 x 257 cm. Sienne, Pinacoteca Nazionale |
Les scènes sont organisées comme des ex-voto, chacune étant divisée en deux sections : l'accident, et le miracle, suivi d'une prière d’action de grâces. Les éléments architecturaux des scènes dépeignent des parties de la ville de Sienne et même un intérieur siennois : remparts et portes dans la scène de l’enfant attaqué par un loup, rues étroites de la ville dans la chute d'un enfant d’un balcon, campagne environnante de la ville dans l’accident du chevalier tombé dans un ravin, intérieur d’une demeure dans la scène de l’enfant tombé du berceau (également connue sous le nom de miracle Paganelli) : la ville de Sienne est en quelque sorte un protagoniste de l’œuvre...
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